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Le collier et la perle, de Mamadou Sellou Diallo
Quel avenir pour ma fille ?
critique
rédigé par Fatou Kiné Sène
publié le 03/03/2010
Kiné Sène
Kiné Sène
Mamadou Sellou Diallo
Mamadou Sellou Diallo
Amma, les aveugles de Dakar, 2006
Amma, les aveugles de Dakar, 2006
Le Collier et la perle - Lettre d'un père à sa fille, 2008
Le Collier et la perle - Lettre d'un père à sa fille, 2008
Le Collier et la perle - Lettre d'un père à sa fille, 2008
Le Collier et la perle - Lettre d'un père à sa fille, 2008
Saidou Z. Ouédraogo ("Grand Z") dans La Tumultueuse vie d'un déflaté, de Camille Plagnet, 2009
Saidou Z. Ouédraogo ("Grand Z") dans La Tumultueuse vie d'un déflaté, de Camille Plagnet, 2009
Waliden, enfant d'autrui, d'Awa Traoré, Mali, 2008
Waliden, enfant d'autrui, d'Awa Traoré, Mali, 2008
Waliden, enfant d'autrui, 2008
Waliden, enfant d'autrui, 2008

Le film Le collier et la perle de Mamadou Sellou Diallo sorti en 2008 (52 minutes) exprime l'inquiétude du réalisateur face aux souffrances des femmes. En s'adressant à sa fille, il déroule le fil conducteur.

Dans son documentaire intitulé Le collier et la perle, le cinéaste Mamadou Sellou Diallo met à nu la souffrance de la femme. Le message est passé par sa fille. Car, tout le film est conduit par cette angoisse ressentie. Entre un père et sa fille, le dialogue est établi déjà par l'intermédiaire de la maman. Il pose sa main sur le ventre d'une femme anonyme. Le visage n'est pas visible. L'attention de la caméra est tournée sur le gros ventre. Les questionnements s'enchaînent. Pourquoi le ventre est-il aussi gros ? Comment la femme ressent les douleurs. L'anxiété grandit à l'approche de la naissance du bébé…

La douleur ne s'arrête pas là. La caméra fixe les vergetures et la cicatrice de la césarienne après un accouchement difficile. Le corps est soumis aux traitements traditionnels pour rayonner à nouveau. La maman se livre au rituel du bain avec des plantes médicinales et du beurre de karité. Le nouveau né n'est pas en reste. Son corps est aussi induit sous la souffrance pour la préparer à sa future vie de femme. Pour le cinéaste, la peine des femmes n'a pas d'âge. La caméra évolue et fixe les rides sur le visage de la grand-mère. Elle aussi a vécu les affres de la vie. Elle prépare le collier et les perles que sa petite fille portera autour du cou. Ces objets vont la préserver du mauvais sort.

Même avec ces garanties, la crainte du père reste intacte. Le réalisateur l'exprime par sa proximité avec les personnages filmés. Mamadou Sellou Diallo filme de prêt les corps, les visages. Il s'implique dans le film en dorlotant sur son dos sa fille. Dans la cour d'une guérisseuse traditionnelle, soignant les enfants malades du diarrhée ou de vomissement et les femmes ayant des problèmes avec leurs seins, le spectacle est indescriptible. C'est un va-et-vient incessant pour adoucir la douleur. Plus de cent femmes et enfants y sont consultés par jour.

Un autre tableau sombre est peint par les coupures de presse. La société où vit sa fille ne fait aucun cadeau aux femmes. Les journaux font état de viols, massacres, violences de tout genre.

Le collier et la perle, 2008, 52 minutes, est traversé par une certaine fragilité. Le début est anonyme, car les visages des femmes ne sont pas visibles à l'écran. Là, le cinéaste s'adresse à toutes les femmes. L'attention du réalisateur est portée sur le corps de la femme avant l'accouchement et lors des massages traditionnels. La seconde partie s'intéresse à l'enfant, son évolution dans la vie. C'est à visage découvert. Il s'agit de la femme et de la fille du cinéaste. Et en dernière partie, un avenir sombre se dessine. C'est un film réalisé sur le temps, vu les différentes étapes de la vie du bébé.

Le documentaire, projeté lors du festival Lumière d'Afrique samedi à l'institut français de Dakar, est très poétique dans son écriture. Le réalisateur montre sa sensibilité et exprime son amour à sa femme et à sa fille. Il essaie de comprendre ce que vivent les femmes, partagées toute leur vie entre les plaisirs de la sexualité et la souffrance du corps.
Dans la manière de filmer ses sujets, cette proximité opérée, le réalisateur s'inscrit dans une continuité.
Mamadou Sellou Diallo a encore des choses à dire sur la femme. Son prochain film sera intitulé La Gardienne des étoiles. Le cinéaste a déjà réalisé un documentaire sur les enfants avec M'Bébé ou la métamorphose d'un reliquaire sorti en 2009. En 2008, il produit Nos ambassadeurs. En 2006, il avait réalisé Amma, les aveugles de Dakar (documentaire). Il enseigne le cinéma documentaire à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis.

Fatou K. SENE

Le collier et la perle, un documentaire de Mamadou Sellou Diallo, 2008, 52 minutes.

PALMARES DU FESTIVAL LUMIERE D'AFRIQUE
Le prix du public

La Tumultueuse vie d'un déflaté du Burkinabé Camille Plagnet, 2009, 59 minutes.
Il a été projeté en remplacement du film Dans Le miroir du fleuve de Pascale Kouassigan.

Deuxième prix
Waliden, enfant d'autrui de la Malienne Awa Traoré

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