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Ouverture du festival africain d'Asie et d'Amérique latine de Milan 2010
Saint Fidèle, priez pour nous !
critique
rédigé par Thierno Ibrahima Dia
publié le 16/03/2010
Thierno I. Dia
Thierno I. Dia
Gabourey Sidibé en septembre 2009, au Festival de Toronto
Gabourey Sidibé en septembre 2009, au Festival de Toronto
Lee Daniels
Lee Daniels

Precious, de Lee Daniels, est le film d'ouverture.
Ramata (Alain-Léandre Baker) était programmé au Centre Culturel Français de Milan, en même temps que le film étasunien.

Regarder Milan regarder

Sur la scène de l'Auditorium San Fedele, Manuel Ferreira se lance dans un one man show, en italien. C'est le regard croisé d'un Argentin de Milan, à moins que cela soit un Milanais d'Argentine, sur la perception de l'étranger qui n'est étrange que parce qu'on ne veut voir combien il est magique. Le public se tord de rires à chaque réplique de l'acteur qui invite à regarder Milan regarder le monde.
Cette performance de vingt minutes de la Compagnie Alma Rosé est tirée de la nouvelle production Il Canto per la città de Manuel Ferreira et d'Elena Lolli. L'humoriste termine par une courte et profonde déclaration : "le mot étranger est, dans cette salle et avec vous, magique ; dehors il est connoté négativement. Je suis heureux et fier d'ouvrir ce festival de cinéma africain d'Asie et d'Amérique latine de Milan 2010".
Voici lancée de belle manière la 20ème édition.

André Siani, un des responsables du COE (association organisatrice du festival), fait une introduction générale avant de passer la parole aux deux directrices artistiques de l'évènement.
Annamaria Gallone et Alessandra Speciale offrent alors un aperçu général, tout en interpellant l'audience, au nombre de laquelle les autorités locales présentes, sur les difficultés aigues de l'édition 2010. Une baisse drastique a porté hypothèque : 40% de budget siphonné par la frilosité (politique). L'ingéniosité de l'équipe, l'extraordinaire nuée de bénévoles et le dévouement de tout un chacun ont néanmoins permis d'offrir de garder une qualité dans l'organisation. Certains signes ne trompent pas pourtant : le nombre de restaurants conventionnés ne sont plus que deux, comme les hôtels accueillant la trentaine d'invités dont la majorité n'est retenue que pour trois jours de présence. Malgré tout le correspondant d'Africiné a reçu un soutien important pour être présent à Milan et vous permettre chers internautes de suivre ce festival important qui, rassurez-vous, ne rogne nullement sur la convivialité ainsi que sur le professionnalisme.
Il s'agit de prier les pouvoirs publics de la ville et de la province de Lombardie ou alors San Fedele (Saint Fidèle, en italien) pour que dans 20 ans encore au moins Milan continue de regarder le monde.

Une autre gifle, s'il vous plaît

Une jeune femme traverse la salle d'un pas pressé, un mouchoir sur les yeux. La lumière revient doucement dans l'Auditorium San Fedele. Dans la rangée de fauteuils derrière, deux jeunes femmes, Chiara et Marina, ont le regard embué. Plusieurs mines sont tirées comme un jour sans amour.
Le générique continue de défiler dans une flambée d'applaudissements de la salle toute entière. L'admirable l'hommage des cinéphiles au film n'arrive pas à éclipser l'émotion qui continue à sourdre. Un ange nommé Precious n'en finit pas de voler à travers la salle de San Fedele. Elle survole son monde, malgré ses formes généreuses, "très généreuses", remarque Daniela Ricci, (directrice des Rencontres Cinématographiques Africaines de Savona, près de Gênes).

Il faut dire que Precious est un sacré film. Un film comme cela on en redemande.
À force de distribuer des baffes aux autres personnages du film, Claireece Precious Jones (jouée par la métisse Gabourey Sidibé) finit par en faire pleuvoir sur le cœur des spectateurs. À 16 ans, elle se retrouve enceinte pour la seconde fois des œuvres de son père, ce qui augmente la jalousie de sa mère - folle de rage - à son endroit.
Pourtant elle n'a rien demandé. Alors, Precious ne veut plus subir et choisit le chemin de l'école Each One Teach One ("Chacun apprend à chacun") où la pluie bleue lui donne de nouvelles couleurs qui lui ouvrent la porte de sa cage sanglante.
Precious fait penser à Bad Boy Bubby (Rolf de Heer, 1994, Australie) où le simplet Bubby n'en finit pas de subir l'inceste de sa mère et choisit de s'en évader.
Lee Daniels n'a pas volé sa place dans le gotha des cinéastes de talent. Ses acteurs (Gabourey Sidibé, Mo'Nique) sont primés et nominés jusqu'aux récents Oscars : ils sont tous juste, jusqu'à Mariah Carey toute en sobriété dans son rôle d'assistante sociale. Le film est coproduit par Oprah Winfrey.

Thierno I. Dia
Envoyé spécial, à Milan.

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