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Djo Tunda Wa Munga : "Il faut vouloir exister"
critique
rédigé par Jean-Marie Mollo Olinga
publié le 25/03/2010
Jean-Marie Mollo Olinga
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Dieudo Hamadi
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After the Mine
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Symphony Kinshasa
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Patrick Ken Kalala
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Katembo Kiripi
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Djo Munga
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Divita Wa Lusala
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Venu présenter à la Berlinale 2010 les quatre courts métrages qu'il a co-produits, le cinéaste congolais estime que l'Afrique ne produit pas assez de films.

Pourquoi ces documentaires qui viennent, comme l'a fait remarquer un spectateur, renforcer le regard négatif que les Occidentaux portent sur l'Afrique ?

La différence entre le regard des Occidentaux et ces quatre films est que les cinéastes se regardent eux-mêmes sans complaisance, sans culpabilité. C'est la réalité, c'est l'Afrique. Comment se positionne-t-on par rapport à cette réalité ? Au Congo, l'effet c'est que les gouvernants ne pourront plus dire qu'ils ne savaient pas.

À quel public s'adressent ces films ?

Je recadre le contexte : ces films sont issus d'un programme de formation développé à Kinshasa, où des jeunes ont appris le langage du cinéma. Par la suite, ils m'ont présenté leurs projets; j'ai ressenti un énorme désir de faire quelque chose. J'ai voulu leur donner une réponse collective et non individuelle. Dans ce cursus de neuf mois, ils ont fait ces films, sans penser au public. Ils ont raconté ce qu'ils avaient envie de raconter dans le cadre des documentaires. Ces quatre films n'ont pas de public, on n'a jamais visé d'être ici. Les jeunes, en faisant leurs films, ont trouvé leur voix (avec "x"), à l'intérieur, sans se soucier de rien. C'est la raison pour laquelle, à mon avis, ils ont été sélectionnés à la Berlinale.

Comment expliquez-vous l'absence des films d'Afrique en compétition officielle à cette Berlinale ?

Je voudrais d'abord répondre à la question de savoir ce que cela me fait que nous soyons sélectionnés à la Berlinale. En soixante ans, c'est la première fois que le Congo est représenté à la Berlinale. C'est une fierté, une très grande fierté. C'est une très grande reconnaissance de notre travail.
Maintenant, je voudrais, pour répondre à votre question, me demander : est-ce que nous produisons assez de films en Afrique? Il existe très peu de productions en Afrique. Il faut vouloir exister. Et ce n'est pas seulement dans le domaine du cinéma. Dans tous les autres domaines, l'Afrique produit très peu, comparée aux Asiatiques et même aux Mexicains, Cubains, etc.

Cette absence n'est-elle pas due au manque d'expertise des sélectionneurs qui ne connaissent pas les cinémas d'Afrique ?

On est au 21ème siècle, il faut qu'on se confronte aux autres. Le langage du cinéma étant universel, on ne peut plus se confiner dans le ghetto et réclamer de surcroît d'y être. Si on a très peu de films dans les festivals, c'est notre problème.

Propos recueillis à Berlin par Jean-Marie Mollo Olinga

(Article paru dans le quotidien Le Jour - www.lejourquotidien.net - du 18 février 2010)

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