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Décès de Sotigui Kouyaté, comédien
Clap de fin pour le sage griot d'Afrique
critique
rédigé par Fatou Kiné Sène
publié le 21/04/2010
Fatou Kiné Sène
Fatou Kiné Sène
Sotigui Kouyaté ©Alessandro Brasile
Sotigui Kouyaté ©Alessandro Brasile
Sotigui Kouyaté ©DR
Sotigui Kouyaté ©DR
Sotigui Kouyaté ©DR
Sotigui Kouyaté ©DR

L'acteur burkinabé Sotigui Kouyaté est mort samedi à Paris des suites d'une maladie pulmonaire. Le comédien "fétiche" du Britannique Peter Brook, a fait l'affiche de plusieurs films africains, européens.

Le comédien burkinabé, Sotigui Kouyaté, est décédé samedi 17 avril 2010, à l'hôpital Georges Pompidou de Paris des suites d'une maladie pulmonaire à l'âge de 74 ans. Il était l'un des grands acteurs du 7e art ainsi que du théâtre africain et français.

Malgré sa santé fragile, Sotigui Kouyaté parcourait les plateaux de cinéma et sa passion pour cet art l'a mené partout. Acteur d'une grande sagesse, il a incarné plusieurs rôles depuis les années 1970. À ses débuts au cinéma, Sotigui Kouyaté est apparu dans FVVA (Femme, villa, voiture, argent) en 1972 et Toula ou le génie des eaux (1973) deux films du Nigérien Moustapha Alassane.
Il tient le hait de l'affiche du film Little Senegal (sorti en 2001) du Franco-Algérien, Rachid Bouchareb. Le long métrage raconte l'histoire d'un Dakarois parti aux Usa, à Little Senegal, un quartier d'émigrés africains à New York, pour retrouver les traces de ses ancêtres.
Sa complicité avec le réalisateur Bouchareb se poursuit avec London River, produit en 2008. Il reçoit ainsi l'Ours d'argent du meilleur acteur pour ce film au Festival de Berlin en 2009.

Il a joué les premiers rôles dans des longs métrages réalisés par son fils, Dani Kouyaté dont Keita, l'héritage du griot (1994) et Sia, le rêve du Python (2001).

Cette carrière cinématographique bien remplie lui a valu de nombreuses distinctions. En 2008, Sotigui Kouyaté a reçu un Tanit pour l'ensemble de sa carrière, aux Journées cinématographiques de Carthage. Le Festival panafricain de cinéma et de télévision de Ouagadougou (Fespaco) l'a honoré en 2009 en l'élevant au rang d'officier dans l'ordre du mérite, des arts, des lettres et de la communication. Le deuxième Festival panafricain d'Alger (Panaf) en juillet 2009 a célébré aussi son grand talent d'acteur contemporain africain.

Sotigui Kouyaté avait invité les hommes d'affaires africains à investir dans le 7e art pour créer cette industrie cinématographique sur le continent. Le comédien se définissait d'abord comme un griot plutôt qu'un acteur.

Né le 19 juillet 1936 à Bamako au Mali, Sotigui Kouyaté était citoyen de tous les pays d'Afrique. Dans une interview qu'il nous avait accordée (cf. notre entretien [n°8320]) en marge des Rencontres cinématographiques de Gorée (du 15 au 18 novembre 2007), il disait : "Mes parents sont des Maliens émigrés au Burkina. Je suis né à Bamako. J'ai grandi au Burkina. J'ai des origines au Sénégal avec des frères qui vivent ici. Je suis citoyen de tous les pays d'Afrique. Je suis simplement Africain."

Sotigui Kouyaté n'a pas débuté par l'écran. Il était le comédien fétiche du dramaturge Peter Brook. Le metteur en scène britannique lui confie un premier rôle au théâtre dans Mahabharata, puis La Tempête, ainsi que L'Homme qui prenait sa femme pour un chapeau, Antigone, Hamlet, etc.
Autodidacte, il a créé sa propre compagnie de théâtre populaire en 1966.
Avant de s'orienter vers la comédie, Sotigui Kouyaté était d'abord un grand professionnel du ballon rond. Il était capitaine de l'équipe de football de la Haute Volta. Il a aussi enseigné avant de se retrouver sur les scènes.
Pour rendre hommage au cinéaste sénégalais, Ousmane Sembène, il avait dit en décembre 2007 à Gorée : "On ne peut passer sous silence la perte douloureuse de notre cher Ousmane Sembène, qui certes, est mort, mais il restera graver dans nos mémoires, pour toutes ses luttes engagées à la recherche de cette identité africaine". Cette même phrase pourrait, aujourd'hui, être répétée pour Sotigui Kouyaté.
Repose en paix, grand sage !

Fatou K. SENE

Article paru dans WALFADJIRI (Dakar) du Lundi 19 avril 2010

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