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Décès de SOTIGUI KOUYATÉ
"Le plus grand acteur africain" a joué sa dernière scène
critique
rédigé par Gilles-Arsène Tchedji
publié le 21/04/2010
Gilles TCHEDJI
Gilles TCHEDJI
Sotigui Kouyaté ©Alessandro Brasile
Sotigui Kouyaté ©Alessandro Brasile
Sotigui Kouyaté ©DR
Sotigui Kouyaté ©DR
Sotigui Kouyaté ©DR
Sotigui Kouyaté ©DR

Sotigui Kouyaté, dramaturge et comédien burkinabè, le plus souvent identifié par son physique élancé de Sahélien, et ses dreadlocks n'est plus de ce monde. Décédé samedi dernier à l'âge de 74 ans à Paris, des suites d'une maladie pulmonaire, il aura marqué le théâtre et le cinéma des années 1960 à nos jours. Sa dépouille est attendue dans les prochains jours à Ouagadougou (Burkina Faso), où sa famille prévoit de l'inhumer.

Né à Bamako (Mali) en 1936, il était un comédien phare de Peter Brook.
Guinéen d'origine, Malien de naissance et Burkinabè d'adoption, le comédien Sotigui Kouyaté appartient à une grande famille de griots. Ces maîtres de la parole sont à la fois, historiens, généalogistes, maîtres de cérémonie, conseillers, médiateurs, conteurs, chanteurs et musiciens. Il a, dit-on, transmis ses talents de compositeur, de danseur, d'acteur, de conteur et de père à ses propres enfants et à une multitude "d'enfants spirituels", dispersés à travers le monde et dont il est le guide.
Aujourd'hui, il n'est plus. Cet acteur de cinéma très respecté mondialement a tiré sa révérence samedi dernier en France, des suites d'une longue maladie pulmonaire.

Sotigui Kouyaté, installé depuis quelques années à Paris, y a joué sa dernière scène de vie. Nul ne verra encore de visu et sur des planches son physique élancé de Sahélien et ses dreadlocks. Il n'apparaîtra jamais non plus devant une caméra. Il a tiré sa révérence.

Aussi, si certains l'ont découvert par le théâtre, beaucoup l'ont connu à travers le cinéma, où il était devenu une icône. Cependant au théâtre, on ne risque pas de l'oublier. "Il apportait sur les planches une grâce, un charme, du charisme. Il était impressionnant", témoignent de nombreux anonymes sur les blogs annonçant son décès.
Au théâtre, Sotigui Kouyaté s'illustra avec le Mahabharata, il joua Prospero dans La Tempête (avec Romane Bohringer et Clovis Cornillac qui débutaient), ainsi que Antigone, Hamlet, L'Homme qui prenait sa femme pour un chapeau.

À l'annonce de son décès, Filippe Sawadego, le ministre de la Culture du Burkina Faso, n'a pas manqué de magnifier combien Sotigui Kouyaté avait participé à la notoriété de son pays, et de l'Afrique. "C'était un homme plus humain que les autres", a-t-il notamment déclaré.

Au Cinéma, l'illustre disparu se distingue grâce à Black Micmac (1986) de Thomas Gilou. Dans London River (2009) de Rachid Bouchareb, il avait incarné un personnage qui lui ressemblait à merveille qui lui rapporte l'Ours d'argent du meilleur acteur à Berlin. Au deuxième Festival culturel panafricain d'Alger (juillet 2009), il a été honoré aussi en même temps qu'une quinzaine d'autres hommes de théâtre du continent. Il avait alors fait le déplacement de la capitale algérienne où il a reçu sa distinction des mains du ministre algérien de la Culture, Khalida Toumi.

Lors de la 21e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco, février-mars 2009), Sotigui Kouyaté a été également élevé au rang d'officier de l'Ordre de mérite des arts, des lettres et de la communication avec agrafe "cinéma".

Des distinctions qui justifient du reste, le mérite de cet homme pluridimensionnel, qui, de 1960 à nos jours, a marqué l'histoire du théâtre et du cinéma africains.

Il avait "un regard profond qui illuminait son visage osseux et une voix tendre, une voix de chuchotis qui donnait du moelleux à sa longue et maigre silhouette" écrit Armelle Heliot (Le Figaro, 19/04/2010).

Ces dernières années, avec ses cheveux longs retenus en tresse, un feutre sur la tête, il avait trouvé l'idéale silhouette qui disait sa bonté, sa gravité, sa malice aussi, son humour et son attention absolue aux autres et au monde. Selon les membres de sa famille, informe fasozine.com, un site burkinabè, le déroulement de ses funérailles se tiendra à Ouagadougou, où le corps du comédien sera très prochainement transféré. Cependant, "l'on ne connaît pas encore la date exacte des obsèques compte tenu de la perturbation du trafic aérien en Europe", informe depuis Ouagadougou, une source proche de la famille.

Gilles Arsène TCHEDJI

Une version de cet article a paru dans LE QUOTIDIEN (Dakar) du Lundi 19 avril 2010

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