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Décès du cinéaste burkinabè Moustapha DAO‏
Fin d'une carrière consacrée au cinéma pour la jeunesse
critique
rédigé par Clément Tapsoba
publié le 25/06/2010
Clément Tapsoba, Président de l'Association des critiques de cinéma du Burkina (ASCRIC-B)
Clément Tapsoba, Président de l'Association des critiques de cinéma du Burkina (ASCRIC-B)
Moustapha Dao
Moustapha Dao

C'est avec beaucoup de tristesse que nous vous avons appris le décès à l'âge de 55 ans du cinéaste burkinabè, Moustapha DAO le lundi 21juin dernier à Paris des suites de maladie. Il sera inhumé ce vendredi à Paris.

Né en 1955 à Koudougou (100 km de Ouagadougou) Moustapha Dao(parenté au cinéaste Dao Abdoulaye : "Une femme pas comme les autres) était l'un des rares cinéastes burkinabè voire africain à avoir consacré sa carrière à la réalisation de films pour enfants en créant un genre particulier de conte cinématographique "mêlant le sens de l'art oral africain à un goût de merveilleux où d'étranges créatures se fondent à la réalité des paysages africains".

Son premier film réalisé en 1987, "à nous la rue", un court métrage, met essentiellement en scène des enfants d'un quartier populaire de Ouagadougou. Un film d'une grande sensibilité qui a été unanimement salué par la critique. C'est avec son second court métrage "Le Neveu du peintre" (1989), qu'il s'investit dans l'adaptation des contes africains à travers l'histoire du jeune Ali dont les nuits sont troublées par les personnages des contes de sa grand-mère. Avec "L'Enfant et le caïman" (1991), il propose un conte moral africain à propos du non respect de la parole donnée à travers l'histoire de la rencontre d'un enfant et d'un caïman au bord de l'eau. Dans le traitement, il met en scène des personnages réels interprétés par des enfants de la rue et use judicieusement de la technique du cinéma d'animation. Avec son quatrième et malheureusement son dernier court métrage "L'œuf" (1995) coproduit par son compatriote Idrissa Ouedraogo, il adapte un conte traditionnel burkinabè en mettant en scène des enfants déguisés. Depuis ce film, Dao Moustapha n'avait pu mettre en boite ses nombreux projets d'adaptation des contes africains et s'était établi à Paris ou il exerçait dans l'exploitation cinématographique.

Personnage affable et plein d'humour, Dao Moustapha avait foi en la portée pédagogique et universelle de son genre cinématographique car disait-il "Les contes africains issus de la tradition orale sont nourrissants pour tout le monde "(1)

Ancien étudiant en lettres modernes de l'université de Ouagadougou et de l'institut africain de l'éducation cinématographique (INAFEC), Dao Moustapha a entamé sa carrière dans le cinéma d'abord comme perchman et par la suite comme ingénieur de son à CINAFRIC(société privé de production créée à Ouagadougou dans les années 80). Avec seulement quatre courts métrage réalisés entre 1987 et 1995 il compte assurément parmi ceux qui comme Djibril Diop Mambéty ont fait avancer l'écriture cinématographique africaine.ses œuvres devraient inspirer les jeunes cinéastes qui bénéficient des possibilités qu'offrent les nouvelles technologies pour exploiter le conte cinématographique.

L'association des critiques de cinéma du Burkina (ASCRIC-B) présentent ses condoléances à la famille de Moustapha Dao et à tous les acteurs du cinéma burkinabè et africain.

Clément TAPSOBA
Critique de cinéma
Président de l'ASCRIC
Burkina Faso

Filmographie :
A nous la rue - 1989 - 15'
Le neveu du peintre - 1989 - 29'
L'enfant et le caïman - 1991 - 17'
L'oeuf - 1995 - 21'

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