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Après 50 ans d'indépendance, le cinéma béninois à l'état embryonnaire
critique
rédigé par Rodéric Dèdègnonhou
publié le 06/08/2010

L'industrie culturelle est l'un des maillons précieux du développement d'une nation. Même si des cinéastes béninois ont révolutionné ce secteur dans les années 1970, il n'en demeure pas moins vrai que l'industrie cinématographique nationale peine à se hisser au palmarès de la scène internationale.

Secteur bouillonnant de la culture, le cinéma béninois a connu ses moments glorieux vers les années 1970 où des précurseurs ont joué des partitions remarquables. Au nombre de ceux-ci, figurent Pascal Abikanlou qui a réalisé le long-métrage "Sous le signe du vaudou" en 1973 et Richard de Medeiros avec "Le nouveau venu" en 1976. Un autre réalisateur, c'est François Sourou Okioh dans le film "Ironu" en 1985. Ces cinéastes ont animé les différentes salles de cinéma du Bénin et de la sous-région à travers les diverses projections de leurs oeuvres fabuleuses.
Ainsi, durant ces années, le cinéma béninois a pris un tournant décisif dans l'histoire du Bénin et ces cinéastes ont été sollicités par des professionnels africains et occidentaux.

Mais, cette lueur d'espoir s'est vite éteinte face aux difficultés économiques et sociopolitiques du Bénin après quelques années seulement. En cause, la non-élaboration d'une politique adéquate, durable et capable d'impulser un dynamisme au secteur. La responsabilité de cet état comateux du cinéma béninois incombe aux acteurs du domaine et au gouvernement, qui n'ont pas su aplanir les divergences pour sortir de l'ornière le 7ème art béninois.

Réalisateur, producteur et acteur de cinéma, Jean-Paul Amoussou, alias Oncle Bazar, constate avec amertume que le cinéma béninois souffre aujourd'hui des productions de mauvaise qualité. Car nombre d'acteurs ne connaissent pas les "B-A BA", du 7ème art.
Pour Apollinaire Aïvodji, président de l'association des cinéastes du Bénin (Acb), la production cinématographique du Bénin est faible car le gouvernement n'a pas su définir une politique appropriée. Il faut savoir que, dans certains pays où les dirigeants connaissent l'importance de l'industrie cinématographique, ce secteur est mieux positionné, poursuit-t-il.
Le cinéma dit-il, aide à relever les problèmes sociaux, culturels et du développement d'un pays.

L'Acb, une arme pour donner de la vigueur au cinéma béninois

Dans le cadre de la célébration des 50 ans d'indépendance du Bénin, les professionnels du cinéma ont tenu une rencontre au Centre culturel français de Cotonou le 14 Juin dernier, en vue de faire le bilan du cinéma. C'était à l'initiative de l'Association des cinéastes et professionnels de l'audio-visuel du Bénin, avec des structures telles que Gangan production, Socar production, avec l'appui de la Direction de la cinématographie. Selon Apollinaire Aïvodji, ladite journée a permis à la nouvelle génération du cinéma béninois de découvrir les vétérans du cinéma au Bénin. Il s'agit des personnalités de l'Office national de radiotélévision du Bénin (Ortb) et de la structure de production à l'Office béninois du cinéma (Obéci).

Ces anciens ont fait des témoignages sur la politique culturelle du Bénin, notamment du cinéma. La séance a été marquée par des échanges d'expériences, des propositions concrètes pour donner de vigueur au cinéma béninois et même des suggestions pour réorganiser le secteur.
Cette journée intervient pour relancer le secteur du cinéma béninois. À l'issue des travaux, plusieurs recommandations ont été prises.

Il s'agit entre autres, de veiller à la formation de toutes les composantes du cinéma béninois afin de produire des oeuvres de qualité, pour une meilleure distribution sur la scène cinématographique internationale. Il a été aussi retenu de créer une fédération des associations de professionnels de l'image en vue de former un lobby pour que le code du cinéma au Bénin soit voté par les députés. La création d'un répertoire des cinéastes et professionnels de l'audiovisuel du Bénin et une grille tarifaire afin de lutter contre la concurrence informelle, est un autre aspect qui a été dégagé.
Par ailleurs, il a été demandé que les professionnels créent leurs sociétés de production. Ce qui leur permettra de faciliter le travail et d'être officiellement, reconnus par l'État. Également, l'inscription de l'activité audiovisuelle à la chambre de commerce et d'industrie du Bénin est demandée.

Il s'agit enfin, de négocier avec le gouvernement, afin que le fonds destiné au financement des productions cinématographiques soit revu à la hausse a précisé Apollinaire Aïvodji.

Des efforts en dépit de l'immobilisme

Malgré ce constat sombre du cinéma béninois, deux acteurs majeurs font la fierté du Bénin dans le monde entier, en ce qui concerne le secteur. Il s'agit de Sylvestre Amoussou et Djimon Hounsou.
Ces deux "dignes" fils du Bénin continuent de révolutionner la platine cinématographique sur la scène internationale.

En effet, le cinéaste béninois Sylvestre Amoussou a tourné une nouvelle oeuvre, en septembre dernier au bercail. Il s'agit de "Un pas en avant, les dessous de la corruption" après son premier film sur l'immigration inversée, "Africa Paradis". À travers sa dernière réalisation, Sylvestre Amoussou a essayé de décrypter une histoire basée sur le détournement des aides humanitaires et de démocratie. Selon l'auteur, "Un pas en avant" traite d'un sujet universel, celui de la corruption et de l'aide humanitaire mondiale."Les pays industrialisés font du détournement de ressources et la vente d'armes, un moindre mal. Pourtant, cela a une incidence directe sur la population", a-t-il estimé.

Quant à Djimon Houssou, son physique et ses origines africaines font de lui l'acteur parfait pour les rôles de"costaud" ou d'autochtone meilleur et plus intelligent que ne le font croire les autres. Dans sa filmographie, on retrouve ses rôles de combattant, donnant la réplique à Russell Crowe, dans "Gladiator" (2000), de détective dans "Le Boulet" (2002), de soldat soudanais dans "Frères du désert", de motard dans "Biker boyz" (2003) et de chef tribal dans "Lara Croft Tomb Raider".
Jim Sheridan lui permet toutefois de varier son jeu d'acteur en lui confiant le rôle d'un mystérieux artiste peintre, voisin d'une famille irlandaise fraîchement débarquée à New York, dans "In America" (2004).
Plusieurs réalisations continuent d'hisser cet acteur multifacettes grâce aux rôles qui lui sont proposés.

Rodéric Dèdègnonhou

Article paru à Cotonou, le 03 août 2010 (www.abp.gouv.bj)

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