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Interview Évodie NGUEYELI, Directrice artistique du Festival International de Films de Femmes MIS ME BINGA
"Les femmes se privent du droit de prendre la parole"
critique
rédigé par Sitou Ayité
publié le 13/09/2010
Sitou Ayité
Sitou Ayité
Évodie NGUEYELI, Directrice artistique du Festival International de Films de Femmes MIS ME BINGA
Évodie NGUEYELI, Directrice artistique du Festival International de Films de Femmes MIS ME BINGA
Affiche du Festival MIS ME BINGA
Affiche du Festival MIS ME BINGA

Comment vous présenteriez vous ?

Je suis une jeune camerounaise qui se nomme NGUEYELI N. Evodie, je suis responsable de la direction artistique du tout premier Festival International de Films de Femmes de la sous région Afrique centrale MIS ME BINGA.

Comment est née l'idée d'initier un tel festival ?

Le festival naît du constat selon lequel au Cameroun les femmes aiment mieux se contenter de la scène et quand bien même elles se retrouvent derrière les projecteurs, elles affectionnent particulièrement les métiers de maquilleuse, script, décoratrice. Pourtant, le cinéma a grandement été marqué par une femme, en la personne de Sita Bella de son vrai nom Thérèse MBELLA MBIDA qui fut la première femme pilote, la première femme journaliste et la première femme réalisatrice au Cameroun et même l'une des premiers africains à explorer le cinéma en Europe. Bref, les femmes se privent du droit de prendre la parole, de prendre les rênes et de dire comment elles voient le monde. Autrement dit, le poste de réalisatrice ne les tente pas vraiment. C'est ainsi que sur 50 films réalisés au Cameroun, 40 sont faits par les hommes et seulement 10 par les femmes.
Le comble est de constater également que lorsque ces dernières se décident à prendre le chemin de la réalisation, leurs œuvres font mouche. C'est le cas par exemple de Oswald LEWAT avec ses films : "Un amour pendant la guerre", "Une affaire de nègres" dans lesquels elle nous donne son point de vue, sa vision de la société sur un certain nombre de sujets hautement sensibles. Il y a aussi Hélène EBAH avec "Les blessures inguérissables" dont l'esthétique est vraiment exceptionnelle et particulière. Sans oublier encore Joséphine NDAGNOU qui, avec son film "Paris à tout prix", a fait le plein, pendant des semaines, de notre feue salle de cinéma ABBIA et des amphithéâtres de l'université de Yaoundé II.
Au vu de ces constats, il nous a paru plus que judicieux de mettre sur pied un festival de films de femmes qui pourrait encourager les dames à faire des films, qui serait un espace de visibilité, de promotion de leurs œuvres et aussi de formation via l'atelier " QUAND L'IDEE DEVIENT UN FILM ".
Nous espérons que l'édition prochaine qui se tiendra du 08 au 12 mars 2011, nous aurons davantage de films camerounais et AFRICAINS car pour l'édition précédente sur quatre vingt cinq films reçus nous avons eu à peine une vingtaine qui venait de l'Afrique, ce qui n'est pas assez. Nous y travaillons et nous espérons que vous mettrez la main à la patte en informant les réalisatrices de votre région, d'ailleurs tu le fais déjà et pour ça nous te remercions grandement.

Que veut dire "Me Binga" ?

En fait c'est MIS ME BINGA, ce nom est tiré d'une langue vernaculaire camerounaise : l'éwondo. MIS désigne les yeux et ME BINGA veut dire "de femmes" ; donc MIS ME BINGA signifie LES YEUX DE FEMMES. Et selon l'orientation que l'on a voulu donner, il veut dire : LE REGARD DE FEMMES, car nous aimerions que les femmes prennent la parole et expriment leur vision de la société.

Est-ce que ce festival est une manière de promouvoir l'émancipation de la femme ?

Pas vraiment, en fait nous promouvons le génie féminin, nous donnons l'occasion aux femmes d'avoir une plate-forme qui mette en exergue leurs films, les encourage à en produire davantage, d'exprimer et de partager leur vision du monde.

Selon vous, comment la femme regarde-t-elle le monde ?

Je ne peux pas vous dire comment la femme regarde le monde, car il existe des milliers et de million de femmes sur terre et chacune d'elles a une sensibilité particulière. Donc on ne parlera pas d'une vision, mais des visions qui varient d'une personne à une autre.

Pensez vous que la femme africaine a une place imposante dans le cinéma de nos jours ?

Si l'on parle de place importante, dans le sens où elle a son mot à dire, je pense que très peu ont ce statut. Car, comme je l'ai dit plus haut, les femmes produisent peu au Cameroun et en Afrique en général, il n'y a que le Burkina Faso qui est une exception, car les femmes y produisent plus que les hommes. Pour que la femme ait une place imposante dans le cinéma il faut qu'elle produise d'abord et je pense que nous avons encore du chemin à faire.

Quelles sont les conditions d'admission à ce festival ?

Elles ne sont pas énormes, pour y participer, il suffit de faire un film (datant au maximum de 2007), de remplir une fiche d'inscription que vous obtiendrez en écrivant à l'adresse mismebinga@gmail.com ou n.wandji@mismebinga.com

Avez-vous un appel à lancer ?

Oui, bien sûr. Nous avons lancé un appel à film depuis le mois de juin et il s'étend jusqu'au 30 novembre à minuit. L'équipe du MIS ME BINGA espère recevoir beaucoup de films et un autre film de toi, si tu en as encore (comme tu es productrice, en plus d'être critique de cinéma). Et surtout elle te remercie sincèrement du travail que tu abats pour que les films de femmes " soient en haut " comme on dit ici chez nous, c'est-à-dire valorisés.
Encore MERCI et à l'année prochaine pour une nouvelle édition du MIS ME BINGA qui s'annonce riche en couleur et pleine d'innovations [à suivre sur Africiné plus détails sur son déroulement, en visitant la page du Festival 2011, en lien plus bas. Ndlr].

Sitou Ayité

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