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Journées Cinématographiques de Carthage JCC 2010
Portrait : Alassane Diago, réalisateur
critique
rédigé par Fatou Kiné Sène
publié le 26/10/2010
Fatou Kiné Sène
Fatou Kiné Sène
Alassane Diago, à Namur, Belgique
Alassane Diago, à Namur, Belgique
Les Larmes de l'émigration
Les Larmes de l'émigration
Les Larmes de l'émigration
Les Larmes de l'émigration
Les Larmes de l'émigration
Les Larmes de l'émigration
Alassane Djago, Tarifa, Espagne
Alassane Djago, Tarifa, Espagne
Affiche JCC 2010
Affiche JCC 2010
Le réalisateur Alassane Djago discutant avec le public de la salle 4ème Art (Tunis) après la projection de son film. Au premier rang, le cinéaste burkinabè Gaston Kaboré (veste sombre).
Le réalisateur Alassane Djago discutant avec le public de la salle 4ème Art (Tunis) après la projection de son film. Au premier rang, le cinéaste burkinabè Gaston Kaboré (veste sombre).
Alassane Djago
Alassane Djago
Alassane Djago interviewé par Baba Diop, critique sénégalais
Alassane Djago interviewé par Baba Diop, critique sénégalais

Alassane Djago, 25 ans, prix Griot d'Ebène au festival de Tarifa en Espagne, prix du public au festival de Namur, rêve de rendre célèbre par l'image Agnam Lidoubé, son village niché au fond du Fouta au Nord du Sénégal.

Lui, c'est Alassane Djago. Il représente le Sénégal à la 23 session des Journées cinématographiques de Carthage (Jcc) ouvertes samedi à Tunis. À première vue, dans une salle où se côtoient beaucoup de nationalités, on le prend pour un ressortissant de l'Afrique centrale. Sa courte taille et son teint mat, ses dreadlocks y sont pour quelque chose. Il en est conscient. Et ça le fait rire. "On me prend toujours pour un étranger, je ne sais pas pourquoi ?", se demande-t-il. Il est Congolais, Camerounais ou parfois Gabonais ou Tchadien. "Je suis de nationalité sénégalaise même si mon nom sonne mauritanien, c'est normal mes grands parents en sont originaires", fait-il savoir.

Né en 1985 à Agnam Lidoubé, un village perdu à Matam dans le Fouta au Nord du Sénégal, il s'est signalé dès son premier film Les Larmes de l'émigration en remportant le prix du Griot d'Ébène. Il a été consacré meilleur documentaire au Festival africain de Tarifa en Espagne en mai dernier. "C'est une vraie récompense après des années de travail", se réjouit le cinéaste rencontré en juin à Saint-Louis aux rencontres Africadoc. Il a obtenu aussi le prix du public de la ville de Namur au festival de Namur au début du mois d'octobre. Les distinctions le font rêver et le poussent à aller plus loin. Le film Les Larmes de l'émigration est sélectionné à la 23ème session des Journées cinématographiques de Carthage dans la section documentaire du 23 au 31 octobre 2010.

Le film est une réflexion intime sur un problème universel. C'est l'histoire de la mère du réalisateur qui attend son mari parti en Europe il y a plus de 20 ans. Le récit maternel est confronté à celui de la sœur qui attend, elle aussi, son mari parti il y a cinq ans et celle de sa nièce qui ne connaît pas son père.
"C'est une histoire personnelle avant tout", explique le réalisateur. Il rapproche trois générations. "C'est une vie qui se répète dans le temps et dans l'espace", dit-il. Mais le documentaire dépasse le cercle familial. Il touche toute la communauté du Nord du Sénégal victime de l'émigration.
Pour son auteur, il va au-delà dans tous les pays africains qui subissent l'émigration de leurs fils, notamment, la Mauritanie, le Mali.

Alassane Djago veut sortir son terroir de l'anonymat. "Je veux que mon village soit le lieu incontournable du cinéma, qu'on y projette des films, qu'il soit connu partout", rêve-t-il. Pour lui, c'est une nécessité, car cette partie nord-est du Sénégal est abandonnée. Il est convaincu que le monde se bat à coups d'images. "Le peuple le plus représenté est celui qui a le plus d'images", soutient-il.
Après un documentaire sur les Réfugiés Mauritaniens, il s'intéresse aux femmes de Lidoubé dans son troisième film. C'est la suite de son premier documentaire. Il montre la vie extérieure des habitantes de ce village et le combat qu'elles mènent pour survivre au quotidien. Le réalisateur accompagne les femmes de Lidoubé dans leur quête de liberté face à des hommes réticents sur le financement de leurs projets économiques. "La parité sera-t-elle appliquée dans ce terroir où hommes et femmes occupent des places inégaux", s'interroge Alassane Djago.

Djago suit les conseils d'un maître du cinéma en faisant un retour dans son terroir. Il a bénéficié d'un stage de réalisation après une formation en 2007 au Média centre de Dakar. C'était avec le documentariste africain, Samba Félix Ndiaye, décédé le 6 novembre 2009. "Il nous disait pour faire du cinéma, intéresse toi à toi, parle de toi, à qui tu es, parle de ton histoire, comment tu vois le monde ? Qu'as-tu envie de raconter ? Quand tu as un projet, il faut le porter, le supporter pendant longtemps, donne du temps à ton projet, etc.", indique l'auteur du documentaire Les Larmes de l'émigration. À son avis, c'est la plus noble leçon de cinéma.

Fatou K. SENE

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