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Festival d'Abu Dhabi 2010
500.000 dollars sur la table
critique
rédigé par Azzedine Mabrouki
publié le 27/10/2010

Abu Dhabi a retrouvé son festival du film (14-23 octobre) dans le cadre du somptueux The Emirates Palace, inimaginable bâtisse, insolite et ultra luxueuse à la fois qui donne au cinéphile l'impression de pénétrer dans un décor de méga production hollywoodienne à la Cécil B. de Mille. C'est donc un lieu de cinéma par excellence.

Dans la géographie festivalière, Abu Dhabi a mis l'Américain Peter Scarlet au poste de commande, lequel "Executive" vient de New York et du festival de Tribeca. Pour tenir le coup face aux autres festivals concurrents de la région du Golfe, Abu Dhabi a renforcé son programme avec 70 films de 28 pays. Pas encore une ONU cinématographique mais tel n'est pas l'objectif essentiel ici. Ce qui compte, c'est de montrer un cinéma inédit et de qualité, identique à ce que Abu Dhabi cherche à encourager dans le cadre de son Fonds Sanad qui témoigne des gros investissements d'Abu Dhabi dans le domaine de l'art et la culture.

Le fonds Sanad (aide, en arabe)

Le Fonds Sanad compte chaque année fournir une contribution importante à la production du cinéma dans tous les pays arabes, y compris l'Algérie.
C'est un pari colossal de 500.000 dollars offerts à partager entre les projets sélectionnés par Sanad. C'est un grand moment du festival d'Abu Dhabi de voir, dans la pompe princière de The Emirates Palace, défiler les réalisateurs arabes lauréats dans un grand souffle de soulagement et de joie.

Les (nombreux) bons projets
Les bons projets primés par Sanad se succèdent en effet les uns après les autres, parmi lesquels des films déjà faits ou en cours de production. Et d'abord ceux de deux cinéastes algériens : Tariq Téguia pour son nouveau film Ibn Battuta et Karim Traidia pour Chroniques de mon village sur sa propre enfance pendant la guerre de libération.
Aujourd'hui hors-champ, mais pendant des années la star sex-symbol de Damas, Igraâ (ou Ighra') est dans Séduction le film documentaire d'Omar Amiralay. Igraâ, de son temps, a fait pâlir de jalousie toutes les stars égyptiennes réunies.

Un autre grand cinéaste syrien, Mohamed Mallas, termine le troisième opus de sa trilogie : Si la lumière avait un oeil pour voir, portrait historique de la Syrie dans la seconde moitié du XX° siècle. La très douée réalisatrice tunisoise Raja Amari, qui a fait Satin Rouge, le film le plus moderne du cinéma tunisien, le plus beau aussi, tourne à Paris une coproduction Sanad-Nomadis Images (Dora Bouchoucha) : Corps étranger, l'histoire de Samia, belle et sans papiers, employée dans une famille française dont elle va provoquer d'imprévisibles et dramatiques changements dans les relations.

À Abu Dhabi, d'autres lauréats de Sanad sautillent de joie à l'idée que leurs tracas de production ou de post-production sont derrière eux. En particulier le Marocain Faouzi Bensaidi qui tourne Mort à vendre, le Palestinien Sobhi Al Zobeidi, proche de Rachid Masharawi, qui fait Via Dolorosa sur l'univers des prisons. Sauf que la prison israélienne est devenue après les accords d'Oslo une prison palestinienne. C'est l'histoire cruelle d'une femme qui va visiter son mari prisonnier des Israéliens et qui retourne quelques temps plus tard, dans le même sinistre endroit, voir son fils détenu par ses frères palestiniens.

Mort à vendre (Death for Sale) - موت للبيع from Africiné www.africine.org on Vimeo.



Dans Les Derniers Jours de la Cité, le cinéaste égyptien Tamer Al Saïd compte entrainer le spectateur, selon ses propres mots, dans :"la violence, l'extrémisme et l'horreur du Caire" (les Verts s'en souviennent encore).
Tandis que OK, Enough, Goodbye du duo libanais Ghanieh Attia et Daniel Garcia a pour sujet la mémoire, les aventures et les mésaventures de Tripoli, la seconde ville du Liban.

Ainsi, mis à part le fait de voir débarquer des films du monde récents, ceux de Abbas Kiarostami, Patricio Guzman, François Ozon et beaucoup d'autres inédits, Abu Dhabi est l'exemple rarissime dans le monde arabe d'un festival qui fait concrètement décoller des productions arabes, des projets méritants qui vivotaient encore sans le moindre espoir pour les auteurs, lesquels soudain tombent ici sur une fondation princière prête à "casquer" 500.000 dollars sans douleur et sans regret pour leurs beaux yeux et surtout leur talent.

Les lauréats
Les films retenus sont Ok, Enough, Goodbye (Rania Attieh et Daniel Garcia, Liban), In The Last Days of The City (Tamer El Said, Egypte, Royaume Uni) et Death for Sale /Mort à vendre (Faouzi Bensaidi, Maroc, Belgique, France)

Azzedine Mabrouki

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