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Interview de Gérard Le Chêne, Pdg du Festival de cinéma Vues d'Afrique
"Le cinéma francophone est probablement le premier après celui des Etats-Unis"
critique
rédigé par Hector Tovidokou
publié le 15/01/2011
Hector Tovidokou
Hector Tovidokou
Gérard Le Chêne, Pdg du Festival Vues d'Afrique, à Quintessence 2011, Bénin
Gérard Le Chêne, Pdg du Festival Vues d'Afrique, à Quintessence 2011, Bénin
Quintessence 2011, Ouidah
Quintessence 2011, Ouidah

Dans le cadre du Festival Quintessence 2011, nous nous sommes rapprochés du Président du jury de la catégorie Documentaire, Gérard Le Chêne, Président directeur général (Pdg) du Festival de cinéma Vues d'Afrique à Montréal, au Québec (Canada). Il nous a parlé des difficultés que rencontrent tous les festivals en particulier le sien, et du cinéma francophone par rapport à l'anglophone.

Présentez-nous votre Festival et dites-nous dans quel cadre êtes-vous à Cotonou ?

C'est un festival de cinéma. C'est né pour montrer que le cinéma africain existait et s'est beaucoup développé. Il a souvent lieu en fin avril de chaque année. Au cours de ceci, on fait des projections de films, des colloques, des débats et on présente à l'inverse des films Québécois en Afrique. On a des activités toute l'année, dans les écoles, au cours des expositions, toutes sortes d'activités.
Les relations qu'on a avec l'Afrique ont commencé premièrement il y a quelques années avec le Burkin Faso avec qui on fait un jumelage pour une coopération. Puis avec d'autres festivals comme Quintessence. Vous pouvez le constater avec plusieurs films Québécois sélectionnés parmi un certain nombre qu'on avait proposé. Il y a donc beaucoup de coopérations.
On fait notre marché de films au Fespaco dans la catégorie section internationale dans laquelle il y a des films du monde entier avec une thématique africaine et des séries intéressantes.

Est-ce votre première participation à Quintessence ?

J'étais à Quintessence il y a deux ans. Avant tout, je suis cinéaste et j'ai des films dans plusieurs pays africains. Je m'intéresse également aux films qui se réalisent dans le continent.

Quelle comparaison faites-vous des différentes éditions de Quintessence ?

Il y a un intérêt qui va grandissant. Le nombre de participants et de films grandissent à chaque édition ainsi que le soin qui est mis à la projection. J'espère que les projets de Jean Odoutan pourront se concrétiser avec le temps avec les salles couvertes. Il est sur une voie prometteuse et on espère une amélioration des conditions de projections.

Établissez-vous une similitude des difficultés entre votre Festival de cinéma Vues d'Afrique et les autres sur le continent africain ?

Elles sont les mêmes partout. Elles sont d'ordre financier, parce qu'un Festival coûte très cher. Et comme vous le savez, l'Occident est dans une période de crise économique et il y a des coupures partout. Donc le premier secteur qui subit ce coup est la culture. On la considère superflue et donc les gouvernements et institutions gouvernementales ont tendance à d'abord sucrer les financements de ce secteur. Alors, c'est sûr que tous les festivals et organisations culturelles ont des difficultés en ce moment.

Quels genres de films privilégiez-vous dans votre Festival ?

Nous sélectionnons tous les genres notamment les films internationaux, africains.
Nous avons une section fiction, documentaire, 100% africains comme des séries.

Quels sont les critères de sélection ?

C'est des critères élémentaires. Le film doit avoir une bonne qualité technique, agréable à regarder. Cela ne veut pas dire qu'on sélectionne le film le plus abouti. Il faut un contenu intéressant avec une excellente qualité technique. Donc il y a un double critère qui est : la qualité technique et l'intérêt du contenu qui est prioritaire.

Certainement l'Afrique n'a pas les mêmes réalités financières avec l'Occident, s'agissant de financement pour l'organisation de festival de cinéma. Considérant votre Festival, à combien de pourcentage êtes-vous financé par le gouvernement canadien ?

Nous avons du soutien public. Ça peut être le gouvernement municipal, québécois, ou canadien. Nous avons de financements privés dans lesquels il y a l'auto financement qui est la vente des produits dérivés et de petites aides de quelques sociétés privées. Nous avons environ 40% de financement public. Là encore, il vient de la ville de Montréal, du Conseil des arts ou encore du gouvernement du Québec qui a plusieurs ministères : la culture, les relations internationales, de l'immigration. Il y a le Conseil des arts et des lettres du Québec qui nous aide en particulier, et les activités extérieures que l'on fait comme le festival du cinéma Québécois. Le gouvernement Canadien actuel est un gouvernement conservateur qui n'aime pas beaucoup la culture jusqu'à exprimer son aide. Il a réorienté sa priorité de l'Afrique vers l'Amérique Latine. Cela soulève beaucoup de protestation au Québec. C'est difficile du coté fédéral, parce que beaucoup de financements ont disparu.

Vous qui êtes ancré dans le cinéma francophone, que pensez-vous du cinéma anglophone ?

Le cinéma anglophone se résume surtout aux films américains. C'est des gens qui ont de grosses industries et des mécanismes qui leur permettent d'avoir des financements, de faire une grande médiatisation et énorme campagne publicitaire juste après la sortie. Donc, ce sont de très gros budgets.
Le cinéma américain est une partie d'opérations qu'on peut appeler militaires, avec beaucoup de gens qui travaillent comme des généraux, des colonels, des capitaines, avec une médiatisation offensive. Cela permet au cinéma américain de s'imposer surtout par son contenu qui est souvent de l'action, de la violence, de la rapidité, le sexe, ce que le public aime.
D'un côté, il y a son caractère commercial. C'est fait comme une recette de cuisine. Des qualités, c'est sûr il en a ; toutefois, il y a aussi des difficultés.

À part le cinéma américain, le reste de la production anglophone n'est pas plus intéressant que le cinéma francophone. Le cinéma francophone est probablement le premier après les Etats-Unis.
S'il y a un pays africain qui a une volonté dans ce domaine, c'est le Maroc. Il y a une volonté politique avec une véritable industrie cinématographique. Beaucoup de films occidentaux et américains sont tournés dans ce pays parce qu'il y a le paysage, les infrastructures, les hôtels, avec de compétentes ressources humaines dans le métier. Cela fait tourner économiquement le pays.

Parlez-nous de vos projets pour le cinéma ?

Comme tous les festivals, c'est se solidifier et avoir des ressources pour que les conditions d'organisation et de fréquentation soient agréables avec de meilleurs équipements. C'est faire que le public soit pleinement satisfait pour revenir une prochaine fois. C'est d'intensifier des cadres, développer des coproductions.
Un autre secteur qu'on développe, c'est la formation des jeunes, en particulier ceux des quartiers périphériques, pour renouveler le cinéma de demain. C'est dans ce même cadre que je rencontre les jeunes d'ici pour identifier ceux qui veulent faire carrière dans le cinéma.

Propos recueillis par
Hector TOVIDOKOU

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