Le FESPACO a rendu hommage au documentariste sénégalais avec la projection de son film, Questions à la terre natale.

Samba es-tu vraiment parti ? Pour paraphraser ton compatriote Birago DIOP tu n'es pas parti, tu es dans l'eau qui coule, dans le vent qui souffle… En un mot, tu es avec nous pour cette 22ème édition du FESPACO. Tu étais avec les professionnels du cinéma lors de la traditionnelle cérémonie de libation. Disons, ton esprit est toujours là…

Cette 22ème édition te rend spécialement un hommage à travers la projection de ton film Questions à la terre natale, un documentaire de 52 mn que tu as réalisé à Dakar en 2008. C'est le seul de tes films que j'ai eu l'occasion de voir. Tu sais que les productions cinématographiques africaines ne sont toujours pas accessibles aux Africains.

Pourtant, à travers mes recherches, j'ai constaté que tu as plusieurs films documentaires à ton actif. Le premier, tu l'as réalisé en 1976. Le dernier est celui que je viens de voir. Un film, que j'ai apprécié par la clarté des images et la qualité du son. Les professionnels et ceux qui te connaissent me diront peut-être que cela n'est pas nouveau de ta part.

Questions à la terre natale pose la problématique du développement en Afrique. Plusieurs paradigmes de développement ont été proposés et adoptés par les Africains. Aucun de ces modèles de développement n'a sorti l'Afrique de son sous-développement. Le film explique les raisons de l'échec de toutes ces politiques.

Cependant, je me suis demandé à la fin du film si tu l'avais fait pour nous qui n'avons pas fait de hautes études. Samba, pour être simple, j'ai trouvé que ton discours est très intellectuel.
En pouvait-il en être autrement à en juger de par le choix des acteurs.
Tu n'as donné la parole qu'à des spécialistes : un économiste, un sociologue, un généticien pour ne citer que ceux-là. La plupart ont décrié l'inadaptation des systèmes de développement proposés aux Africains.

Pour toi, peut-on parler de démocratie en Afrique si les populations votent sous des consignes ? Résultat : les présidents élus manquent de légitimité. Tu l'as bien exposé par des images où le cinéphile voit plus de gardes du corps que d'admirateurs autour du Président. Pendant ce temps, au marché, on rencontre plus de vendeurs que d'acheteurs.

Et on se demande si la solidarité est toujours une valeur lorsque tu filmes en plongée des hommes qui sont en train de partager un plat. L'Afrique est écartelée entre ce qu'elle est et ce qu'elle ambitionne être.

Aboubacar CISSÉ
ASCRIC-BURKINA

Paru le Lundi 28 février 2011, Bulletin Africiné n°12 - Ouagadougou (Burkina Faso), FESPACO 2011 - n°1, p. 3.