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L'indomptable feu du printemps
Visions de cinéma au Lesotho
analyse
rédigé par Michel Amarger
publié le 26/07/2021
Michel Amarger est rédacteur à Africiné Magazine
Michel Amarger est rédacteur à Africiné Magazine
Lemohang Jeremiah MOSESE, réalisateur lésothan
Lemohang Jeremiah MOSESE, réalisateur lésothan
Scène du film
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Scène du film
Lemohang Jeremiah Mosese, réalisateur (Lesotho)
Lemohang Jeremiah Mosese, réalisateur (Lesotho)
"For Those Whose God Is Dead", 2013
"For Those Whose God Is Dead", 2013

LM Fiction de Lemohang Jeremiah Mosese, Lesotho, Afrique du Sud, Italie, 2020
Sortie France : 28 juillet 2021

Des auteurs vivent le cinéma comme un terrain d'expérimentations aventureuses, de poésies visuelles. C'est pour ça qu'on a remarqué Lemohang Jeremiah Mosese dès ses courts-métrages puis For Those Whose God Is Dead, 2013, et son film performance, Mother, I Am Suffocating. This Is My Last Film About You, présenté à la Berlinale 2019. Servi par une image noir et blanc saisissante, il épouse le long cheminement d'un personnage portant un lourd fardeau, énonçant la fragilité et la force de l'âme africaine. On y entrevoit des paysages majestueux du Lesotho, petit pays enclavé dans l'Afrique du Sud. Un retour aux sources pour Lemohang Jeremiah Mosese, né au Lesotho, exilé en Afrique du Sud, établi à Berlin.
Le cinéaste qui a intégré la Realness African Screenwriters Residency, pépinière de talents sud-africains, a pu développer son goût de l'expérimentation. Il y rencontre les producteurs qui l'aident à continuer ses vues. "Je viens de l'école du cinéma underground", explique l'artiste. "Il est très rare d'avoir un producteur qui non seulement comprend, mais aussi apprécie ce genre de cinéma." Ainsi il amplifie l'approche de son film précédent, faux documentaire mais vrai essai poétique, pour signer L'indomptable feu du printemps dont le titre original, This Is Not a Burial, It's a Resurrection, est plus explicite.



L'histoire s'attache à la figure de Mantoa, doyenne d'un petit village du Lesotho, dévastée par la mort de son dernier fils, mineur en Afrique du Sud. Elle veut vénérer sa tombe mais la construction d'un barrage qui implique de submerger le village et la vallée, indigne la vieille dame. Mantoa refuse qu'on déplace les villageois. Elle veut défendre les terres mais surtout l'héritage spirituel de sa communauté. Elle entraîne les esprits à s'affirmer en acquérant une stature de légende tandis que les ouvriers du barrage progressent.
Le film puise son inspiration dans les paysages des hauts plateaux reculés, dont la vallée est menacée par les retenues d'eau qui servent à l'exporter vers l'Afrique du Sud, en causant l'exode des habitants. "Nous nous sommes battus avec les dieux de la nature pour pouvoir tourner", raconte le cinéaste, secondé par une équipe, du matériel, des véhicules, venus d'Afrique du Sud. En s'accrochant aux reliefs, Lemohang Jeremiah Mosese poursuit un autre objectif : "Pour moi, le paysage le plus poétique est celui de l'humain, de notre lutte constante pour nous réconcilier avec nos identités charnelles."

Le périple du tournage, accompli à pied, à cheval, lorsque les chemins deviennent boueux et impraticables, nécessite une attention particulière à Mary Twala Mhlongo, l'actrice principale, âgée de 80 ans. A ses côtés, certains acteurs principaux, recrutés dans les télévisions d'Afrique du Sud, doivent réduire leur jeu pour figurer simplement des personnages comme le recommande le réalisateur. Il emploie aussi des novices, repérés dans les villages du Lesotho, pour restituer le mode de vie des habitants, leurs rites où le christianisme prend une bonne place.
Lemohang Jeremiah Mosese élargit son champ de vision en cultivant une démarche personnelle. "Je suis habitué à travailler seul", confie t'il en pensant à ses films précédents. "Avec L'indomptable feu du printemps, j'ai pu travailler avec une équipe professionnelle." Il amplifie la beauté des images, dues au chef opérateur Pierre de Villiers, par les compositions musicales de Yu Miyashita mais assure en solo, le montage du film. "La technique et le langage sont des choses qu'il faut utiliser sans nécessairement s'y soumettre", déclare l'artiste du Lesotho.



Il livre ainsi une réflexion poétique sur la transformation de l'environnement, les menaces qui pèsent sur l'écologie et les cultures traditionnelles, l'avancée d'un "progrès" inexorable. Le tout dans une ambiance métaphorique qui peut charmer ou déconcerter. "En tant que réalisateur africain qui s'est mis en quête d'explorer de nouvelles formes de cinéma, j'espère que le public entrera dans ce film sans idées préconçues", souhaite Lemohang Jeremiah Mosese.
"L'indomptable feu du printemps est une méditation sur le nouveau et l'ancien, la naissance et la mort. Une révérence ecclésiastique à la terre." Empruntant le regard de son héroïne pour scruter l'obscurantisme, le défier, le réalisateur du Lesotho compose un récit aux échos universels, en précisant : "C'est une histoire sur la résilience propre à la nature humaine." Ce qui justifie son titre originel : This Is Not au Burial, It's a Resurrection.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / RFI / Médias France)
pour Africiné Magazine

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