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JCC 2014 : Journées Cinématographiques de Carthage, désormais chaque année
Il vaut mieux tard que jamais !
critique
rédigé par Ahmed Bouhrem
publié le 18/11/2014
Ahmed Bouhrem (Africiné Magazine)
Ahmed Bouhrem (Africiné Magazine)

Dans quelques jours sera donné le coup d'envoi de la 25ème édition des JCC et la décision de faire de cette manifestation biennale un festival annuel tombe à point nommé. Depuis sa création en 1966, le festival a beaucoup perdu de son lustre, les sessions se succèdent et se ressemblent malheureusement. Le festival se répète et stagne sur tous les plans ou presque. Il demeure incapable de passer à un palier supérieur. Des festivals ont été créés et d'autres évoluent : Dubaï, le Caire, Marrakech ou Ougadougou. Quant aux JCC, elles demeurent les mêmes. Depuis quelques éditions déjà, le festival n'attire plus beaucoup de réalisateurs confirmés et rares sont les films inédits dans la compétition officielle. Les JCC ont pris un véritable coup de vieux. Une réflexion sur le rôle que peut jouer le festival par rapport au cinéma local, africain et arabe est plus que nécessaire, le monde ayant changé depuis les années soixante !

Lorsque les JCC ont vu le jour, notre pays était incapable d'organiser une manifestation pareille tous les ans ; ni les finances ni la logistique ne le permettaient à l'époque. Mais depuis, la situation s'est améliorée, heureusement d'ailleurs. Un peu partout, dans nos villes et même celles les plus reculées, avec des moyens dérisoires des associations ont créé des manifestations cinématographiques annuelles. Et si ces festivals ont résisté aux difficultés de toutes sortes et font partie désormais du paysage culturel de notre pays, le ministère de la culture pourra, lui aussi, relever le défi. Avec le concours de tous les acteurs du paysage cinématographique (professionnels, syndicats, associations, critiques et journalistes), les autorités gouvernementales peuvent faire des JCC un rendez-vous annuel fidèle à sa vocation arabo-africaine et ouvert aux cinématographies du monde.

Une autre raison pourrait convaincre les plus réticents : le nombre de films produits en Tunisie depuis quelques années, toutes catégories confondues (longs et courts métrages, fictions et documentaires), dépasse la trentaine. Dans sa troisième édition cette année, la rencontre des réalisateurs tunisiens tenue au mois de février est devenue déjà un festival national. Faire des JCC un rendez-vous annuel est tout bénéfice pour le cinéma tunisien. Il permettra de stimuler une production en nette progression, et nos cinéastes auront ainsi l'occasion chaque année de se mesurer à leurs pairs africains et arabes. Cela permettrait également aux critiques, aux journalistes et au grand public d'être au fait de l'actualité cinématographique internationale.
Est-il nécessaire de rappeler qu'il est inadmissible d'attendre deux ans pour voir les films primés à Cannes, à Venise ou à Berlin, pour ne citer que les festivals les plus célèbres ? A titre indicatif, sur les dizaines de films sortis aux Etats-Unis et en France, la saison écoulée, deux seulement sont passés dans nos salles : Gravity d'Alfonso Cuaron et The Monument Men de George Clooney. Heureusement, les films piratés sont disponibles, sinon on serait en déphasage total avec ce qui se passe dans le monde du cinéma.

Faire des JCC un festival annuel participera également à rénover les quelques salles de cinéma. Certaines ne sont plus dignes d'un festival international. L'annualité incitera les autorités à faire le ménage dans une capitale devenue une espèce de souk insalubre où pullulent les gargotes. Dans certaines rues, là où précisément se concentrent les quelques salles de cinéma, l'insalubrité a atteint un tel point qu'il ne manque au casting que les grenouilles ou les libellules. La promotion de notre pays, en tant que destination touristique, passe par ce genre de manifestations culturelles internationales.
Ce qui est sûr c'est que cette décision du ministère créera une nouvelle dynamique dans le paysage cinématographique de notre pays, mais demeure tributaire de la situation économique de notre pays qui a souffert le martyre depuis 2011 et qui s'apprête à entrer dans une phase de restructuration dans tous les secteurs.

Ahmed BOUHREM
ATPCC, Tunis

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