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Sélection Fespaco 2015
Quatre chevaliers camerounais dans la course
critique
rédigé par Pélagie Ng'onana
publié le 05/03/2015
Affiche 2015
Affiche 2015
Pélagie Ng'onana (revue Africiné)
Pélagie Ng'onana (revue Africiné)
Françoise Ellong, réalisatrice de Waka (Sélection Fespaco 2015, Hors Compétition)
Françoise Ellong, réalisatrice de Waka (Sélection Fespaco 2015, Hors Compétition)
Agbor Obed Agbor, réalisateur de Damaru
Agbor Obed Agbor, réalisateur de Damaru
Scène de Lex Nostra
Scène de Lex Nostra
Gérard Nguélé, réalisateur de la série Lex Nostra
Gérard Nguélé, réalisateur de la série Lex Nostra

Le 7ème art local attend des distinctions dans les catégories courts métrages de fiction, documentaires et séries télévisées.

Timidement peut-être, à son rythme surtout, le cinéma camerounais fait toujours parler de lui au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). On commence à s'habituer à ne plus voir une édition du Fespaco sans qu'un film camerounais ne figure dans la programmation. Et bien qu'éloigné de l'Etalon de Yennenga (depuis le sacre de Muna Moto de Jean-Pierre Dikonguè Pipa en 1976), le pays de Sita Bella a souvent flirté avec les nominations au Fespaco. La plus récente étant le Poulain d'argent (2ème prix documentaire) décroché l'édition dernière par Calypso Rose, the lionness of the jungle, documentaire de Pascale Obolo.

Trailer W.A.K.A, Françoise Ellong from Africiné www.africine.org on Vimeo.



Pour ce 24ème épisode, le Cameroun y va avec quatre nominations dans trois catégories. Parmi les 22 sélectionnés de la section Court métrage fiction, se compte Damaru de Agbor Obed Agbor. Le jeune Camerounais porte à l'écran le combat d'une jeune sourde-muette pour l'accès à l'éducation. Damaru, incarnée par Christa Eka Assam, travaille avec l'aide d'un instituteur du village à passer l'examen qui lui permettra d'accéder à une institution spécialisée pour des élèves sourds-muets. Ne bénéficiant pas toujours d'une intégration totale pour ce qui est de l'accès à l'éducation, le courage et l'abnégation de Damaru rappelle à la société que cette catégorie d'enfants est souvent dotée d'une d'intelligence remarquable. Porté par une thématique poignante racontée avec émotion, le film bénéficie surtout d'une interprétation impeccable de la protagoniste.
A travers cette histoire, le réalisateur veut attirer l'attention des décideurs sur le manque d'investissements destinés à l'éducation des personnes souffrant d'un tel handicap. "Il n'existe presque pas d'écoles publiques pour ces enfants dans notre pays et c'est une grande faiblesse, parce qu'ils ont autant de potentiel que les autres enfants. Ce film m'a été inspiré par une de mes cousines qui a le même handicap et on lui a fait faire le tour des marabouts pour remédier au problème, mais ça n'a rien donné", raconte Agbor Obed. Parce qu'elle est une fille, le combat de Damaru est double. Les jeunes hommes trouvent en elle une proie facile. Et puis, l'éducation de la jeune fille, qui plus est handicapée, où devrait-elle mener ? C'est donc un véritable chemin de croix mêlant mépris, moqueries et…viol, que parcourt Damaru. Tourné au Sud-ouest Cameroun, le film - qui est diffusé dans des festivals - a déjà à son actif deux distinctions (meilleur court métrage et meilleure actrice).

Elle a obtenu en 2010 le Prix Spécial du Jury au Festival International de Dubaï pour son documentaire Koundi et le Jeudi National réalisé en 2010. Elle, c'est Ariane Astrid Atodji. Mais c'est avec son documentaire, La souffrance est une école de sagesse (2014) que la réalisatrice camerounaise est nominée au Fespaco. Une production très personnelle pour la jeune femme qui fait le chemin inverse du parcours de son père, parti précipitamment du Bénin pour le Cameroun il y a 36 ans. Abandonnant femme et enfant. Face à aucune explication, la réalisatrice amène le spectateur, pendant 56 minutes, à la recherche de la vérité. Un tournage difficile, empreinte de vives émotions, puisque Ariane doit faire face aux révélations, aux découvertes … aux réalités de son histoire. Celle de son père. On ne peut pas dire que l'approche du sujet n'est pas un atout pour la réalisatrice de En terre inconnue, 2013 et Thérèse comment tu t'en sors ?, 2010.

La catégorie Série télévisée compte pour sa part deux ambassadeurs. Ebenezer Kepombia concourt avec La belle-mère et Gérard Nguele avec Lex Nostra. Le premier est plus connu sous son nom de comédien Mintoumba. Après Les déballeurs, Foyer polygamique, Ennemis intimes, il réalise, scénarise et produit sa quatrième série La belle mère, en 2014. Laquelle est diffusée sur Canal 2 international, chaîne de télévision privée depuis l'année dernière. Le réalisateur y interprète le rôle d'un officier de police (Ondoua) chargé de mener l'enquête sur les crimes crapuleux commandités par le patron d'une secte. La belle-mère est une œuvre qui présente les multiples facettes de la société camerounaise contemporaine. Notamment l'ingérence des belles-mères dans la vie de couple de leurs progénitures, la condition sociale des handicapés, la haute hypocrisie et trahison etc. Le casting est en majeure partie constitué de comédiens cheminant avec le réalisateur depuis sa première série Les déballeurs, qui le révèle au public.

Le réalisateur de Lex Nostra ("Notre loi", en latin) vient de boucler sa postproduction. Gérard Nguelé a pris le risque de s'immiscer dans cet univers opaque qu'est la justice, principalement le droit de la famille. Les épisodes se succèdent au rythme des procès orchestrés par le cabinet Mani Ewondo. Le réalisateur et producteur camerounais dit s'être mis à la réalisation de cette série pour imprimer la marque d'une exigence qu'il voudrait voir dans certaines productions.
Lex Nostra veut traiter "des injustices de la justice" ; en attirant l'attention du public sur les avancées faites sur les lois auparavant défavorisantes pour certaines catégories sociales telles que les femmes. La plupart des procès de la série sont calqués sur des histoires qui ont bien eu lieu, question de démontrer par exemple que dans notre société, un acte de viol ou d'adultère peut être convenablement puni.

Produit par Tropic Films, Lex Nostra bénéficie également de l'aide à la production de l'OIF. La série reflète une exigence technique qui donne un résultat impressionnant. L'image et toutes ses composantes est certainement l'atout majeur de Lex Nostra. Œuvre de Didier Mercier assisté de Arnold Ndal. Que dire du son magnifiquement synchronisé ? Et puisqu'il faut ajouter dans ce bouquet la bonne brochette de comédiens montante, pétrie de talent, c'est définitivement un moment agréable que l'on passe en compagnie des épisodes de Lex Nostra.
Carine Tchewong, Alain Bomo Bomo, Blanche Bana, Carine Vidal Momeni ou encore Alice Ngo Ndjel donnent la réplique à Gérard Essomba ou encore Martin Poulibé. Le réalisateur compte aussi sur un scénario surprenant, développé par un langage dynamique qui séduira certainement le jury.

Deux autres productions made in Cameroun sont programmées hors compétition : Waka de Françoise Ellong dans le panorama long métrage et Vitr'in de Régis Talla dans le panorama court métrage.

Pélagie Ng'onana

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