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L'Oeil du cyclone, de Sékou Traoré
La Belle et la Brute
critique
rédigé par Saïdou Alceny Barry
publié le 14/03/2015
Alcény S. Barry (revue Africiné)
Alcény S. Barry (revue Africiné)
Sékou Traoré, réalisateur burkinabè
Sékou Traoré, réalisateur burkinabè
Scène du film
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Revue Africiné, Le Leader Mondial (Cinémas africains & Diaspora)
Revue Africiné, Le Leader Mondial (Cinémas africains & Diaspora)

Ce premier long métrage de fiction du réalisateur burkinabè Sékou Traoré est en compétition pour l'Etalon du Yennenga 2015. Ce film, à travers le procès d'un rebelle, offre un moment de cinéma plein de rebondissements.
Après une intervention de l'armée régulière, un rebelle est capturé et amené dans la capitale pour être jugé. Jeune fille de la bourgeoisie locale et avocate, Emma est commise d'office dans ce procès que l'on croyait expéditif. Elle va en faire un procès politique où les coupables ne sont pas ceux que l'on croit.
Ce film est servi par une bonne photographie de Pascal Baillargeau. Et Luis Marquès a bâti un bon scénario pas chiche en rebondissements. D'ailleurs la fin est tellement inattendue (pour les romantiques !) qu'elle laisse la plupart des spectateurs pantois. Mais chut ! nous n'allons pas jouer les spoilers…



Mouna N'Diaye (créditée sous le nom de Maïmouna N'Diaye) joue une avocate déterminée qui ira jusqu'au bout, contre tous et même contre son client pour faire éclater la vérité. Et elle est bien laide, la vérité. Elle éclabousse beaucoup de beaux linges et elle-même n'en sortira pas indemne. Maïmouna N'Diaye est magistrale dans son rôle. Elle fait passer un large panel d'émotions, avec une économie des moyens. Fargass Assandé joue le prisonnier et s'en sort honorablement. Parfois, il parle un argot très imagé, le nouchi ivoirien comme le personnage Birama d'Ahmadou Kourouma et en d'autres moments, un français bien châtié. Le choix d'un registre unique aurait rendu son personnage plus cohérent.

Le lien ambigu qui s'établit entre la pucelle du barreau et cette machine à tuer rappelle un peu Le Silence des agneaux et le jeu de manipulation entre Hannibal Lecter et Clarice.

Ce film a mis sept années à se faire. Aussi sort-il au moment où les enfants soldats sont un peu oubliés, chassés des actualités par les Barbus de Timbuktu… pardon de Tombouctou et du Nord Nigéria. Un retard de calendrier qui fait que le contexte ne lui est pas favorable d'emblée. Pourtant il pose un problème irrésolu  : la désactivation des bombes humaines que sont les ex-enfants soldats.
L'œil du cyclone est une agréable surprise, un sorte d'accident dans le paysage cinématographique burkinabè actuel parce que sa qualité tranche avec ce que ce cinéma-là nous a servi ces dernières années. C'est-à-dire des films rafistolés, théâtraux et claudicants. Disons que ce film porte un peu de cette théâtralité, à travers la cafeteri-agora d'où le peuple suit le procès. Est-il l'hirondelle qui annonce le nouveau printemps du cinéma burkinabè ou un juste une petite fleur tombé sur un rocher  ?
Quoi qu'il en soit, Maïmouna N'Diaye peut lorgner le prix d'interprétation féminin avec un Œil de Cyclope.


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Saïdou Alcény BARRY, Burkina Faso

Article écrit dans le cadre de l'opération spéciale Fespaco 2015 du magazine Africiné, sous l'égide de l'ASCRIC (affiliée à la Fédération Africaine de la Critique Cinéma, FACC), en collaboration avec plusieurs quotidiens burkinabès.

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