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Hope land, Grand Prix Kodjo Ebouclé Clap Ivoire 2015
La Côte d'Ivoire en terre promise. Une professionnalisation et un soutien requis
critique
rédigé par Abdou Rahmane Mbengue
publié le 20/09/2015
Abdou Rahmane Mbengue (Magazine Africiné)
Abdou Rahmane Mbengue (Magazine Africiné)
Ange BIA, réalisateur ivoirien
Ange BIA, réalisateur ivoirien

Hope land de Ange Michel Bia a remporté le grand prix Kodjo Ébouclé du Clap Ivoire 2015. Ce n'est pas le film le plus abouti parmi la vingtaine en compétition, mais il réconcilie les Ivoiriens avec eux-mêmes.
C'est une fiction très patriotique qui peint la Côte d'Ivoire en terre d'espoirs et d'opportunités. Elle raconte une success story. L'histoire de Dave : jeune rwandais qui a fui les atrocités de la guerre civile dans son pays. Après une longue et harassante marche, il découvre la cité abidjanaise. C'est au pied de ses immeubles qu'il chante, le soir, après une journée de labeurs, remplie de petits boulots. Jusqu'au jour où un généreux producteur, séduit par son talent, le sort de l'ombre. Dave est sur la rampe du succès…. Le rêve ivoirien se réalise. L'argent, la gloire, le bonheur conjugal.



Hope land est un film positif gorgé de musique dansante. L'acteur ne joue presque pas. Le scénario est ultra lisse. L'esthétique rappelle plus un vidéo clip. Et une voix off vient couronner un hymne aux accents résolument laudatifs. Malgré tout, le film a carrément séduit le public, en majorité jeune, de la salle Majestic Ivoire. Et à l'annonce du jury (unanime), ce fut une explosion de joie dans la salle. Hope land est sans doute un film qui apaise cette Côte d'Ivoire, post-crise, en quête de cohésion sociale - devenue un leitmotiv dans le pays, à un mois de la présidentielle. "Cinéma et Cohésion sociale" était d'ailleurs le thème de cette 15 ème Clap Ivoire.

Le grand prix Kodjo Ebouclé est doté d'une enveloppe de 5 millions francs Cfa. Le lauréat Ange Michel Bia dit avoir "réalisé ce film en hommage à sa terre patrie, la Côte d'Ivoire et à toutes les nations qui favorisent l'intégration sociale et culturelle."
Organisé du 1er au 5 septembre 2015, à Abidjan, Clap Ivoire est un festival de courts métrages destinés aux jeunes réalisateurs des pays de l'Union économique Ouest africaine (Uemoa) et de la CEDEAO

Jury : Et les professionnels dans tout ça ?

Ils sont nombreux à réclamer la mise en place d'un jury professionnel pour Clap Ivoire. Le choix du jury pour le meilleur film documentaire, attribué à Kouamé Ngoran pour son film Perdre la vue, ce n'est pas perdre la vie, remet sur la table cette vielle doléance. Le film porte sur un non-voyant amateur de jeux de dames. "C'est une compilation de témoignages ; les faux raccords sautent aux yeux, tout comme les micros et les câbles", commente un participant. Le jury du Clap Ivoire est composé d'officiels, de représentants de l'Uemoa et du principal sponsor de la manifestation. Aucun corps des métiers du cinéma n'est représenté dans le jury de Clap ivoire. Pourtant le festival décerne des prix qui demandent une bonne connaissance des techniques du 7e art. "Il faut des professionnels pour juger de la qualité des films ; c'est un festival de jeunes réalisateurs, qui ont besoin d'un retour critique sur leurs productions", explique un journaliste.

Participation - La Cedeao n'est pas cinéphile

Le cinéma ne réussit pas à faire tomber les barrières linguistiques de l'Afrique de l'Ouest. Le Nigéria était le pays invité d'honneur à Clap Ivoire 2015, mais il a brillé par son absence. La Gambie est en réalité le seul pays non francophone à avoir participé à la manifestation. Et ses deux réalisateurs sélectionnés n'ont pas effectué le déplacement à Abidjan…

L'ambition est de faire de Clap Ivoire un moyen d'intégration sous régionale, mais "la Cedeao reste sourde aux sollicitations des organisateurs", explique un officiel invité. L'Uemoa est la seule institution sous-régionale qui soutient le festival. Une dizaine de pays ont pris part à la manifestation organisée du 1er au 5 septembre 2015, à Abidjan.

Abdou Rahmane MBENGUE

Correspondance spéciale, une collaboration entre le Magazine Africiné avec l'Association Sénégalaise de la Critique Cinématographique (ASCC) et le journal Le quotidien (Dakar), avec le soutien de la Direction de la Cinématographie du Sénégal et du festival Clap Ivoire.

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