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Avant-première du film Le cerveau noir de Djingarey Maiga
Le cinéaste nigérien est au Palais des congrès de Niamey
critique
rédigé par Youssoufa Halidou Harouna
publié le 11/07/2016
Youssoufa Halidou Harouna (Africiné Magazine)
Youssoufa Halidou Harouna (Africiné Magazine)
Le réalisateur nigérien Djingarey Maiga
Le réalisateur nigérien Djingarey Maiga
Scène du film
Scène du film

Le cerveau noir, huitième long métrage du doyen du cinéma nigérien, Djingarey Maiga projeté au palais des congrès, ce vendredi 08 juillet 2016, à 20h 30 mn.



Avec plus de cinquante ans de carrière dans le cinéma, Djingarey Maiga est l'un des pionniers du cinéma nigérien et parmi les plus prolifiques sur le continent africain. Il vient de marquer sa génération avec son tout dernier film Le cerveau noir.
Ce film en couleur d'une durée de 122'mn soulève plusieurs thématiques touchant la société africaine en général et celle nigérienne en particulier. Parmi ces thématiques, nous pouvons noter la gestion du pouvoir étatique dans les régimes d'exception qui se manifestent par les abus et l'amateurisme des militaires en place. On peut le voir ici, à l'instar de la séquence où le Commandant Guézibo vient colporter à son Général l'organisation d'une mutinerie par le Lieutenant Zeini. Ce dernier met en avant son intégrité face à ceux qui veulent préparer un coup d'Etat. Ici l'amateurisme du Général est mis en avant, pour dénoncer la confiance aveugle de certaines autorités incompétentes.

On y retrouve les thématiques chères au réalisateur : la famille, la religion, la justice, la santé et le village dans sa solidarité. Elles reviennent dans la fameuse séries noire qui impose le style de Djingarey Maiga au national comme à l'international. En effet, depuis la fin des années 70, il accole le mot "noir" au titre de ses films : Nuage Noire (1979), Aube Noire (1983), Quatrième nuit noire (2009), Au plus loin dans le noir (2014) et Le cerveau noir (2016). Dans ce nouveau film, il souligne l'importance de réguler de la justice sociale, préserver les droits des plus faibles et encourager l'intégrité de certaines personnes détentrices du pouvoir sur terre, afin de tendre vers l'humanité.

Djingarey Maiga est certainement le plus productif des créateurs nigériens et il figure parmi les africains si on s'en tient au nombre de ses films qui dépassent la douzaine. Ses productions ont un aspect rabelaisien, c'est-à-dire il écrit gros pour être vu de loin, donc par le maximum de personnes estime Moustapha Diop, cinéaste nigérien, et c'est le cas du film Le cerveau noir. Ses films sont populaires voire populistes. Le milieu ciblé est très réceptif à ce qu'il fait, aussi simpliste soit-il, il apprécie, et c'est peut être ca le plus important. D'aucuns diront que les films de Djingarey Maiga ne sont pas professionnels [voir le livre de Pierre Barrot sur le cinéma de Nollywood où il aborde aussi le cinéma de Maiga, Ndlr]. Voulons-nous un cinéma qui plait à sa nation, qui éduque son continent, à travers ses réalités, ou bien voulons-nous des films dont les critères de commercialisation sont dictés par d'autres ? Pour le journaliste et critique de cinéma nigérien Albert Chaibou, "sur le plan des thématiques qu'il aborde, les gens sont attachés à ses films parce qu'ils dénoncent un certain nombre de choses qui se passent dans la société, les travers de la société. C'est avec un regard très critique qu'il fait ses films". Djingarey Maiga est un cinéaste du peuple, il raconte la vie quotidienne des gens avec qui il vit et qui sont de toute l'Afrique Noire. Et en cinéma le public est le seul maître au bout de la chaîne de dire ce qu'il aime ou ce qu'il n'aime pas. Les films de Djingarey Maiga ont de la matière, pour la recherche scientifique [Kadidjatou Mounkaila y a consacré son mémoire de master, en 2015, à l'Université de Niamey, Ndlr].
Scénariste, acteur, cadreur, preneur de son, monteur et cinéaste, Djingarey Maiga a marqué le cinéma africain par son style et son endurance. Pourquoi pas une reconnaissance internationale par la FEPACI et le FESPACO qui sont des structures panafricaines qui œuvrent pour la promotion du cinéma africain à travers ses acteurs ?

Youssoufa HALIDOU HAROUNA, Critique de cinéma

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