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Solaire Made In Africa, de Malam Saguirou
Un film hommage au 1er agrégé d'Afrique Noire en physique.
critique
rédigé par Youssoufa Halidou Harouna
publié le 26/05/2017
Youssoufa Halidou Harouna (Africiné Magazine)
Youssoufa Halidou Harouna (Africiné Magazine)
Malam Saguirou, réalisateur nigérien
Malam Saguirou, réalisateur nigérien
Poster Cinémas d'Afrique 2017
Poster Cinémas d'Afrique 2017


Solaire Made in Africa de Malam Saguirou, film documentaire de 67' dévoile les faces cachées de la France contre l'indépendance énergétique du Niger.
Le 07 avril marque la journée de l'énergie solaire au Niger, une date qui coïncide cette année avec la projection de presse du film Solaire Made In Africa du réalisateur Malam Saguirou au Centre Culturel Franco-Nigérien, Jean Rouch à Niamey. Un film qui met en lumière l'œuvre du Nigérien Abdou MOUMOUNI DIOFFO, 1er agrégé d'Afrique Noire en physique en 1956, Professeur des universités et inventeur d'un moteur solaire.
Le documentaire rassemble les témoignages de la famille (Aïssata Moumouni), des villageois et des collaborateurs d'Abdou Moumouni Dioffo. Parmi ces derniers, il y a le Pr Albert Wright (Niger, Ingénieur Héliotechnicien à la retraite et ancien Directeur Général de l'Office de l'Energie Solaire du Niger, ONERSOL), le scientifique français Jean-Pierre Girardier (82 ans aujourd'hui, docteur en physique de l'université de Dakar dès 1963, pionnier du solaire thermodynamique en Afrique, créateur en 1973 de la Société française d'études thermiques et de l'énergie solaire, Sofretès), Issoufou Djermakoye, le sultan de Dosso (Niger) et le Pr Abdoussalam Ba (Niger), directeur du Centre national d'énergie solaire (CNES). Ce dernier, physicien de renom formé à l'Université de Niamey et à l'Université de Pennsylvanie aux Etats-Unis, est né en 1939 ; dans des propos sans équivoque, il rend coupable la France dans l'inexploitation de l'énergie thermodynamique au Niger, pour des intérêts français. Le film nous amène à découvrir les stratégies françaises développées pour anéantir l'émergence de ses ex colonies.

Comparativement aux autres films nigériens alarmistes du quotidien des Nigériens, Solaire Made in Africa de Malam Saguirou, nous donne à voir un autre Niger. Ici, à travers Abdou Moumouni Dioffo, le documentaire montre qu'un fils du pays a apporté au monde une connaissance et un savoir-faire dans les sciences dites exactes dans les années 60-70. C'était un pays qui prenait sa destinée en main, avec les moyens à sa portée. Les Nigériens fiers de s'accaparer et de consommer les produits de ses fils à l'instar de la séquence du film, où pendant les festivités de la fondation Abdou Moumouni Dioffo, dans lequel le méchoui était préparé par le four solaire fabriqué par des jeunes lycéens.

Malam Saguirou a produit un film éducatif et historique sur le génie créateur d'un nigérien hors norme. Dès les premières images, à travers des femmes rurales, le décor est planté. En si peu de temps, l'on sait qui fut Abdou Moumouni Dioffo avant sa mort au profit des populations rurales. La séquence de la poésie des élèves du lycée Korombé témoigne de cette utilité. Ils déclament que :
Dès le lendemain des indépendances en Afrique,
il s'engage sur les terres soviétiques pour une spécialisation en énergie solaire,
afin de pouvoir convertir en énergie consommable les implacables langues de feu de notre dardant soleil (…)
Afin de se mettre au service de sa nation
".

Il est intéressant de noter que le Niger est un pays où le soleil est disponible plus de 300 jours dans l'année, avec une moyenne de plus de 35° C à l'ombre et que toutes les énergies renouvelables de consommation sont des denrées rares, même de nos jours. Le nom de l'Université de la capitale nigérienne, Niamey, porte le nom du brillant chercheur.

Dans les documentaires du réalisateur et producteur Malam Saguirou, l'histoire et la culture sont au rendez-vous. C'est le cas des films: Les Chasseurs du vent (2005) et La Robe du temps (2008). Deux films dans lesquels l'histoire des personnages portée à l'écran montre la richesse culturelle nigérienne que les concernées s'approprient avec fierté.
N'est- ce pas ce genre de films pour apprendre l'histoire des africains aux africains et au monde ? De montrer qu'en Afrique en général et au Niger en particulier on a des hommes de science et de culture dont Abdou Moumouni Dioffo, inventeur d'un moteur solaire et écrivain des années 60-70, Boubou Hama, écrivain, auteur d'une cinquantaine d'ouvrages, Moustapha Alassane, créateur et pionnier du cinéma d'animation en Afrique Noire dès 1962. Par le cinéma ne peut-on réhabiliter l'histoire, la vraie histoire africaine ?
Le film a fait sa Première Mondiale au 16ème Festival Cinémas d'Afrique, 16-21 mai 2017, à Angers (France) et sa première nationale, le vendredi 26 mai, à 16h30, au Palais des Congrès de Niamey sous le haut patronage du Premier Ministre du Niger.

Youssoufa HALIDOU HAROUNA, Critique de cinéma

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