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Entretien avec Yanis Gaye, coordinateur éditorial de Gorée Cinéma
Rétrospective Ababacar SAMB Makharam, Gorée Cinéma, le samedi 7 Octobre 2017, simultanément à l'île de Gorée et à St-Louis.
critique
rédigé par Thierno Ibrahima Dia
publié le 03/10/2017
Thierno I. Dia
Thierno I. Dia
Le cinéaste sénégalais Ababacar SAMB Makharam (21 octobre 1934 - 7 octobre 1987)
Le cinéaste sénégalais Ababacar SAMB Makharam (21 octobre 1934 - 7 octobre 1987)
Scène du film Et la neige n'était plus, 1965, court métrage de A. Samb Makharam
Scène du film Et la neige n'était plus, 1965, court métrage de A. Samb Makharam
Scène du film Kodou, 1971, long métrage de A. Samb Makharam
Scène du film Kodou, 1971, long métrage de A. Samb Makharam
Scène du film Jom, 1981, long métrage de A. Samb Makharam
Scène du film Jom, 1981, long métrage de A. Samb Makharam

Le samedi 7 octobre, Gorée cinéma, l'évènement cinématographie mensuel créé par le cinéaste Joseph Gaï Ramaka (Karmen, Et si Latif avait raison ?), prend à nouveau ses quartiers sur l'île mythique. Il s'installe simultanément dans l'ancienne capitale sénégalaise, Saint-Louis. À la fois sur la plage de l'île de Gorée et le quai Bou El Mogdad de la ville de Saint-Louis, la rétrospective consacrée au cinéaste Ababacar SAMB Makharam (mort il y a 30 ans) montre ses trois films majeurs. Les festivaliers auront un plus à Gorée : un atelier de discussion et à 19h30 un concert gratuit de la star El Hadj Ndiaye (Guelwaar, Karmen). En juillet dernier, Gorée cinéma nous avait gratifiés d'une magistrale rétrospective Sembène Ousmane où les œuvres du cinéaste-écrivain étaient en résonnance avec les films de Ciné Banlieue, creuset de la nouvelle génération de réalisateurs sénégalais animé par le Professeur Abdel Aziz Boye.
Programmateur et entrepreneur culturel, Yanis Gaye est le Directeur éditorial du Festival Gorée Cinéma. Il a accepté de répondre à nos questions, où il rend hommage à "un cinéma qui n'est pas un simple divertissement".



- La nouvelle ligne éditoriale de Gorée Cinéma est-elle de faire des Rétrospectives (Sembène, en juillet, puis Samb) ?

Nous cherchons à trouver un équilibre dans notre programmation entre cette richesse du patrimoine cinématographique africain qu'il nous importe de mettre en valeur, et notre envie de faire rencontrer aux spectateurs du festival les voix et les artistes de la nouvelle génération.

De ce point de vue, la rétrospective est un dispositif à la fois ludique et performant, mais il ne suffit pas. C'est la raison pour laquelle nous l'avons combinée cette année, à travers notre collaboration avec Ciné-Banlieue, avec une carte blanche donnée à de jeunes cinéastes pour que leur cinéma soit vu et partagé.

Ces éléments sont le socle de notre ligne éditoriale, et s'articulent, dans un esprit de proximité avec le spectateur, autour des autres modules de notre manifestation que sont les rencontres-débats et les live musicaux.

Cela fait trois ans que le festival existe, les possibles à explorer sont encore nombreux. Mais c'est à travers cet axe que nous allons nous développer tout en cherchant à gagner de l'ampleur en agrandissant l'espace où nos évènements prennent vie - ce que nous avons amorcé cette été en proposant notre programmation à Gorée et à Ziguinchor. Pour ce cycle spécial consacré à Samb, nous nous déploierons de nouveau dans ces deux villes, en plus de Saint-Louis.

- Pourquoi le choix de Ababacar Samb ?

Au delà de la date anniversaire (les 30 ans de sa disparition), le cinéma de d'Ababacar Samb-Makharam illustre parfaitement ce qui fait la singularité des cinéastes sénégalais et est encore à ce jour d'une actualité frappante.
Dans notre note de présentation de ce cycle spécial nous expliquons qu'il est difficile de différencier l'homme de son oeuvre, qu'il y a un lien de substance entre son geste cinématographique et son devenir individuel. Et les questions, les thèmes qu'il aborde se retrouvent encore dans la production contemporaine.

Son travail est une véritable mise à nu. Par le prisme et le drame de sa caméra, il dévoile la psychologie de tout son peuple. Pas son esprit ou sa mémoire collective, mais les affects qui construisent les identités qui le composent.



Cet hommage, c'est l'occasion pour le spectateur, face à nos toiles blanches d'aller à la rencontre de lui-même, de se confronter à un cinéma qui n'est pas un simple divertissement.

- Quel regard portez-vous sur ce qu'a accompli jusqu'ici Gorée Cinéma ?

Il est difficile de faire un bilan tant le chemin parcouru n'est, en fin de compte, que la preuve de nos ambitions pour l'avenir. Disons qu'avec le festival, nous tenons un vecteur de partage et de communication précieux. Après trois années d'existence, nous sommes parvenus à nous inscrire dans le paysage culturel dakarois.

S'il nous reste encore beaucoup à faire pour assurer son développement dans la durée, nous avons également eu à coeur de déployer d'autres initiatives pour le développement de l'industrie cinématographique dans le pays et au-delà.

Cette année, nous avons lancé le projet "Casamance Cinéma" qui donnera naissance à un complexe cinématographique dans la ville de Ziguinchor - comprenant une école de formation aux métiers du cinéma ainsi qu'une salle de projection. C'est une action importante car il ne faut pas négliger la question de la distribution et de l'exploitation, qui est capitale pour la structuration et la solidité du terrain cinématographique africain.

Enfin, nous nous préparons à développer des projets de productions, fictions et documentaires, pour l'année prochaine.

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