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Our Madness, de João Viana
Un pamphlet contre la folie des hommes
critique
rédigé par Hassouna Mansouri
publié le 03/04/2018
Hassouna Mansouri est Rédacteur à Africiné Magazine
Hassouna Mansouri est Rédacteur à Africiné Magazine
João Viana, réalisateur angolais
João Viana, réalisateur angolais
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
La modératrice Birgit Kohler et le réalisateur João Viana, à la projection débat du film le 17 février 2018
La modératrice Birgit Kohler et le réalisateur João Viana, à la projection débat du film le 17 février 2018
Le réalisateur João Viana, en discussion, Berlinale Forum
Le réalisateur João Viana, en discussion, Berlinale Forum

Mozambique / Guinée-Bissau / Qatar / Portugal / France (Xitswa, Swahili, 90 min), 2018.


Pour la deuxième fois consécutive, João Viana présente un long métrage au Forum de la Berlinale. En 2013, il était venu présenter La Bataille de Tabatô, sa première oeuvre qui n'est pas passée inaperçue. Né en Angola du temps de la colonisation portugaise, le cinéaste reste profondément attaché à sa terre natale. C'est là qu'il puise ses récits et où son inspiration trouve son terroir. Il y a chez lui une conscience aiguë de l'Histoire. Son premier long métrage revenait sur une bataille pendant l'époque coloniale en Guinée Bissau. Dans Notre folie (Our Madness, 2018) il y a un discours qui tend à décrocher de l'histoire dans sa dimension événementielle pour s'élever au niveau a-temporel et universel sans pour autant cesser profondément d'être personnelle. Le cinéaste y prend position et propose une certaine vision du monde qui est tout simplement sienne.




OUR MADNESS (a film by João Viana) from PAPAVERONOIR on Vimeo.




Drôle d'équation qui produit un style cinématographique qui mérite le détour. La Bataille de Tabatô était une allégorie sur les rapports du bien et du mal à travers la mise en perspective de l'injustice coloniale d'une part et des conditions de vie difficiles dans la Guinée Bissau post-coloniale d'une autre part. Notre folie se situe dans une autre ancienne colonie portugaise, en l‘occurrence le Mozambique. Cette fois João Viana nous transpose en dehors du temps et en dehors de l‘espace. Aucune indication ne renvoie explicitement à un temps ni époque précis. Même si des allusions ici et là suggèrent des moments de conflits advenus au Mozambique ou en Afrique, voire même ailleurs. Quant à l'espace, il est fait de décors usés et des murs fissurés par le temps. Les personnages pérégrinent dans des bâtiments délabrés comme s'ils étaient érigés en témoins (ou même juges) de la folie des hommes, en l'occurrence celle des colonisateurs qui a longtemps sévi dans ces lieux.

Ernania le nom du personnage principal sonne comme celui d'une héroïne sophocléenne. Zakaria, celui de son fils, est comme sorti directement d'un récit biblique. Quant à Lucie, elle invoque le début de tous les débuts; l'origine de l'humanité. Les personnages n'ont pas vraiment d'épaisseur psychique. Ils sont réduits à des fonctions mythique fondamentale: père, fils, mère, époux, épouse, gardien, etc. Même les objets sont plutôt transformés en symboles ou motifs. Ainsi un lit devient un instrument de musique ou un avion. De même, une chaise roulante devient un véhicule. Les accessoires, les costumes, les objets sont autant d'éléments de ponctuation transportant les personnages d'une époque à une autres en maintenant un fil conducteur, celui du mal dont l'Homme est responsable vis-à-vis des autres hommes. Un dépouillement formel qui ne fait qu'accroître la force du propos qui cadre parfaitement avec l'esprit du Forum berlinois.

par Hassouna Mansouri
Correspondance spéciale

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