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Rafiki, premier film Kenyan à Cannes
Festival de Cannes (8-19 mai 2018)
critique
rédigé par Hassouna Mansouri
publié le 10/05/2018
Hassouna Mansouri est Rédacteur à Africiné Magazine
Hassouna Mansouri est Rédacteur à Africiné Magazine
Cannes 2018
Cannes 2018
Wanuri Kahiu, réalisatrice kényane
Wanuri Kahiu, réalisatrice kényane
Scène du film
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Projeté dans le cadre de la section Un Certain Regard du 71ème Festival de Cannes, Rafiki de Wanuri Kahiu fait sensation. D' abord historiquement c'est le premier film Kenyan jamais programmé en sélection officielle. Ensuite parce qu'il fait déjà parler de lui à cause de son interdiction dans son propre pays à cause du sujet dont il traite, à savoir une relation d'amour entre deux jeunes femmes. Est-ce le seul intérêt que ce film puisse susciter ? Puisqu'en termes de cinéma, il y en a tant à redire.






Le film a un schéma narratif à la Romeo et Juliette doublé de la problématique lesbienne dans le Nairobi de nos jours. Ceci semble d'emblée assez prometteur. Nous ne sommes plus face aux thématiques galvaudées des cinématographies africaines souvent renvoyant dos à dos les traditions ancestrales et la modernité. Nous ne sommes pas non plus dans les thèmes misérabilistes ayant trait aux questions sociales et économiques. Keni et Ziki sont deux lycéennes modernes issues de la petite bourgeoisie kenyane. Le film essaye de décrocher des chemins battus au moins de par des intentions louables à priori. Hélas, tout pousse à croire qu'il est loin d'y avoir parvenu.

Les deux jeunes filles sont pleines de vie. Deux lycéennes dans un quartier de Nairobi. Leurs pères respectifs se livrent une guerre électorale sans merci. Keni, plutôt garçonnet, passe son temps avec les gars du coin. Elle passe son temps à flâner dans les rues du quartier quand elle ne fait pas un tour à moto avec son copain Blaksta ou sinon, elle joue au foot. Ziki, très féminine quant à elle, passe son temps à danser avec deux copines. Tout sépare les deux jeunes filles au départ. Petit à petit, elles se rapprochent l'une de l'autre à coup d'échanges de regards subtilisés en cachette des hostilités de l'entourage intolérant. Mais, hélas, ces hostilités se veulent un peu trop explicites à travers les propos des copains affichant leur misogynie ou ceux de la mère trop versée dans des croyances populaires dénuées de tout bon sens.
Lorsque les deux amoureuses se mettent ensemble et commencent à rêver de construire un futur commun, la société intervient et les sépare. Elles sont d'abord punies par les voisins. Puis la police se mêle de l'affaire. Le film donne à voir cela d'une manière trop expéditive. Les deux jeunes femmes sont rapidement séparées et après une ellipse qui nous jette à la fin du film où elles semblent se retrouver en une sorte de happy end à la va vite.
Aucune place n'est laissée à une vraie tension ou à un déchirement intérieur. Du coup, les personnages sont privés de profondeur psychique et le film est appauvri en matière de cinéma. Il tourne en un mélodrame trop facile et plutôt digne d'un téléfilm. C'est à se demander si cela a un intérêt quelconque de représenter le cinéma d'Afrique à Cannes. Mais une sélection est une sélection et ses voies peuvent parfois sembler impénétrables. Le fait est que l'entrée dans l'histoire du festival de Cannes et du cinéma Africain n'est peut-être pas aussi heureuse que d'aucuns auraient souhaité.

par Hassouna Mansouri
Correspondance spéciale

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