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De sable et de feu
Perpétuer la fresque épique au Maroc
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 18/09/2019
Michel Amarger est rédacteur à Africiné Magazine
Michel Amarger est rédacteur à Africiné Magazine
Souheil Ben Barka, réalisateur marocain
Souheil Ben Barka, réalisateur marocain
Scène du film
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Scène du film, avec Kamal Moummad, l'acteur franco-américano-marocain
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Scène du film, avec Rodolfo Sancho (Domingo Badia et Ali Bey)
Scène du film, avec Rodolfo Sancho (Domingo Badia et Ali Bey)
Le réalisateur et scénariste Souheil Ben Barka sur le tournage de son film, De sable et de feu
Le réalisateur et scénariste Souheil Ben Barka sur le tournage de son film, De sable et de feu
Flat Parioli
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Africiné Magazine, the World Leader (Africa & Diaspora Films)
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LM Fiction de Souheil Benbarka, Maroc / Italie, 2019
Sortie France : 18 septembre 2019


Les grandes épopées tournées vers le passé de l'Orient, deviennent rares au Maroc. Mais Souheil Benbarka assure la pérennité du genre avec De sable et de feu (Le rêve impossible !), 2019. Ce film connaît une distribution discrète en France après avoir été projeté en grande première au Mali, devant les dirigeants politiques et culturels. Le réalisateur marocain, né à Tombouctou, a choisi son pays de naissance pour dévoiler sa dernière production ambitieuse. Car Souheil Benbarka a fait ses études au lycée de Bamako puis il est parti pour l'Italie, étudier au Centre Sperimentale di Cinématografia, ce qui influence durablement son style.
"Après des études de cinéma à Rome, je n'ai pas arrêté de faire des films", rappelle le cinéaste de 76 ans. "C'est ainsi que le Roi du Maroc m'a demandé si je pouvais venir m'occuper du centre du cinéma." Il dirige, en effet, le Centre Cinématographique Marocain de 1986 à 2003 mais se fait surtout reconnaître en dopant le cinéma au Maroc. On lui doit huit films dont certains sont des classiques : Les Mille et Une Mains, 1974, La guerre du pétrole n'aura pas lieu, 1975, Noces de sang, 1976, Amok, 1982. Il évolue vers des reconstitutions hiératiques avec Les Cavaliers de la gloire, 1990, L'Ombre du pharaon, 1996, ou Les Amants de Mogador, 2002.

De sable et de feu évoque, à partir de 1802, la figure de Ali Bey, espion espagnol sous le nom de Domingo Badia, qui a pour mission de renverser le Sultan Moulay Slimane. Mais ce dernier fait de Ali Bey un héros populaire dans le but de redorer son prestige aux yeux du peuple marocain. Entre les deux hommes, s'exerce une étrange lutte de séductions et de pouvoirs. Ali Bey envisage de devenir Sultan sans respecter les ordres venus d'Espagne. Le drame se noue tandis que Ali Bey a succombé aux charmes de Lady Hester, une aristocrate anglaise amoureuse de l'Orient, attirée par l'Islam, qui rêve de restaurer le royaume de la cité antique de Palmyre pour en devenir reine.
Ces personnages se jettent les uns contre les autres dans le brassage de cultures et l'esprit de conquêtes qui marquent le XIXème siècle. L'histoire de Ali Bey est basée sur un livre qui raconte ses péripéties alors qu'il est en mission au Maroc, touché par l'accueil bienveillant du Sultan Moulay Slimane. Et ce sont ces événements, transmis par un coproducteur espagnol, qui ont sensibilisé Souheil Benbarka au sujet en le poussant à écrire un scénario avec le Français Bernard Stora.







"J'ai toujours choisi librement mes sujets et les protagonistes de mes films", explique le cinéaste marocain. "Cette fois, j'ai le sentiment d'avoir été choisi par son héros." La figure pleine de charisme et de malice, mais aussi le goût de la conquête et du bluff de Ali Bey, en font un personnage romanesque idéal pour Souheil Benbarka. Il coordonne une production entre le Maroc et l'Italie pour développer une fresque romancée avec des chevauchées, des batailles de somptueux décors, où les intrigues s'échafaudent et se répondent dans plusieurs pays.
La distribution réunit l'acteur espagnol Rodolfo Sancho dans le rôle de Ali Bey, aux côtés de Imanol Arias, le Sultan, et Carolina Crescentini en Lady Hester, "une aristocrate anglaise presque illuminée et en opposition avec une Angleterre qui ne correspondait pas à ses rêves", selon Souheil Benbarka. Il n'hésite pas à employer un comédien italien, Enrico Salimbeni, pour figurer Napoléon au milieu des jeux politiques et des actions décuplées sur l'échiquier international.

Le film est plébiscité par le Mali où Souheil Benbarka est Commandeur de l'Ordre National, mais tranche avec la production marocaine actuelle, plutôt centrée sur la vie urbaine contemporaine comme l'illustrent les films de Nabil Ayouch (Razzia, 2017), Nourredine Lakhmari (BurnOut, 2017), Meryem Benm'Barek (Sofia, 2018) ou Maryam Touzani (Adam, 2019). Car De sable et de feu cherche à prolonger la tradition des épopées populaires, teintées d'exotisme, en lorgnant vers le lyrisme déployé par Le Docteur Jivago de David Lean, 1965. De sable et de feu est une chevauchée vers l'idéal et la tragédie qui brasse les sentiments, les combats, en abordant le fondement des guerres, l'esclavage, le fanatisme religieux et la remise en question des valeurs occidentales qui pèsent sur le Maroc.
Souheil Benbarka défend toujours l'idée d'un Panafricanisme politique et culturel en affirmant : "A part l'Afrique du Sud, tous les pays africains ont les mêmes problèmes qui sont la fermeture des salles de cinéma et les difficultés de produire un film." Cela ne l'empêche pas d'envisager une autre fresque, Le Chrétien de la Mecque, basée sur la vie du géographe "Léon L'Africain", au XVIème siècle. Le temps passé et l'histoire orientale continuent de fasciner Souheil Benbarka. Son cinéma, composé et spectaculaire, vecteur d'un académisme hérité du XXème siècle, semble défier les vents du désert, et du changement.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / Médias France)
pour Africiné Magazine

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