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La Déchirure 2, d'Alphonse Beni
Espoirs déçus
critique
rédigé par Jean-Marie Mollo Olinga
publié le 31/12/2008
J.-M. Mollo Olinga
J.-M. Mollo Olinga

Déchirure 2, le dernier-né de la filmographie d'Alphonse Beni, est sorti en avant-première nationale les 12 et 13 janvier derniers au cinéma Abbia de Yaoundé.

Programmée longtemps à l'avance, cette sortie était impatiemment attendue des cinéphiles camerounais. La raison ? La Déchirure avait laissé plus d'un spectateur sur sa faim. La suite de cette saga cinématographique bénéficiait donc d'un a priori de rédemption pour un cinéaste qui comptait ainsi relancer sa carrière. Malheureusement, comme la première, cette Déchirure-ci est tout simplement déconcertante de lacunes qui amènent avec elles un certain nombre d'interrogations quant à la maîtrise de la technique et même du langage cinématographiques par le réalisateur.

Déjà, après La Déchirure qu'il termine par "A suivre", au lieu du traditionnel "Fin", Beni déroute le spectateur. Celui-ci est confronté à un dilemme à la fin de ce premier film, embrouillé qu'il est quant à la question de savoir si c'est un film ou une série. Qu'à cela ne tienne, le réalisateur y conte les tribulations d'un chef de famille ayant perdu son emploi. Par la suite, Alphonse Beni a voulu tourner un film - Déchirure 2, parfait amour - sur la toute puissance de Dieu ("aucune puissance ne peut dépasser celle de Dieu", peut-on lire sur l'affiche), confiné finalement à une interminable séance d'exorcisme. Au lieu de cela, il s'est laissé aller à une constellation d'intrigues présentées sous forme de séquences isolées et libres, desquelles on attend qu'il se passe quelque chose, en vain.

Un film, c'est une histoire. Et dans cette histoire, il n'y a ni image, ni scène isolées. Dans "Déchirure 2", à quoi se rapporte la séquence jouée par Daniel Ndo, Joseph Mouetcho et les deux filles de M. Atangana Wamba Kotto Muller (Alphonse Beni) ? Quel est l'impact des discours de la présidente de l'Association des femmes de l'Ouest-Cameroun (Dati), ou du cours sur le leadership sur le reste du film ? Pourquoi cette scène de la fille qui bouscule violemment son copain, parce que celui-ci est incapable de lui payer le transport retour pour Bafoussam ? Entre autres incohérences.

Par ailleurs, Atangana Wamba Kotto raconte, dès la séquence d'ouverture du film, que sa femme l'a quitté quand il a perdu son emploi. Or, par la suite, le spectateur lui découvre une femme, et qui l'aime beaucoup. Mais, à aucun moment, le réalisateur n'utilise de révélateur pour suggérer qu'il s'agit d'une autre femme (ce qui serait d'ailleurs invraisemblable), ou d'un subterfuge pour trouver un emploi. Manifestement, le scénario semble lui avoir complètement échappé. Atangana (interprété par Alphonse Beni lui-même) construit patiemment une intrigue amoureuse ("parfait amour") avec une jeune fille. Rendu au climax, le moment de la tension suprême de cette relation amoureuse, le réalisateur n'a pas su comment la faire retomber, ce par quoi se distinguent les grands cinéastes. Il la coupe au couteau, laissant un goût d'inachevé au spectateur.

D'autre part, dans le premier film de la série, Beni avait commis des erreurs de débutant. Qu'il répète dans ce deuxième film, à savoir : filmer une chorale en plongée, alors même qu'il est question de la croyance en Dieu. Ajouté à cela, les éclairages sont si approximatifs que l'on s'interroge sur le réglage de sa caméra numérique et sur le métier de sa direction photo. On attendait beaucoup de ce come-back d'Alphonse Beni au cinéma, après une très longue absence, mais ce retour est un tantinet décevant.

Jean-Marie Mollo Olinga

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