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Les blessures inguérissables, d'Hélène Ebah
Laisser à la femme la possibilité de choisir
critique
rédigé par Jean-Marie Mollo Olinga
publié le 19/01/2009
J.-M. Mollo Olinga
J.-M. Mollo Olinga

Cette jeune réalisatrice est la première Camerounaise à avoir remporté un premier prix dans un festival majeur.

Le festival Écrans Noirs de Yaoundé est le plus important festival de cinéma en Afrique noire francophone, après le Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Lors de sa 12ème édition, la première compétitive, Hélène Patricia Ebah a remporté l'Ecran de l'Espoir, ex aequo avec le Congolais Jo Tunda pour son film Papy. Pourtant, le tournage a failli être compromis, pour défaut d'argent.

"Après avoir constitué le dossier de financement de l'Organisation internationale de la Francophonie (Oif), je me suis entendu répondre que mon scénario n'était pas à la hauteur de mes ambitions. Je crois qu'il ne répondait pas à ce qu'ils attendent du cinéma africain. Je ne voulais pas perdre mon temps, je me suis dit que j'ai un film à faire, je vais le faire. Il fallait donc que je trouve le moyen de le faire, c'est-à-dire l'argent, le matériel, etc.", révèle Ebah. Elle a finalement bénéficié du concours de sa famille, de Jean-Pierre Bekolo, dont elle a été la première assistante sur le tournage des Saignantes, qui lui a prêté son matériel de tournage, et a reçu un peu d'argent du ministère de la Culture. Dès lors, il fallait résoudre l'équation du casting. "J'étais un peu perdue, parce que après avoir fait le tour, je me suis rendue compte que la plupart des comédiens, au Cameroun, n'ont joué qu'au théâtre et dans des téléfilms. Avec eux, la mise en scène sur le plateau du cinéma devient quelque peu complexe. Le travail d'attente est long et ils sont impatients. À la fin, on tourne de manière artisanale, on est en retard sur plein de choses", se désole la jeune réalisatrice. Mais, à propos de retard, les comédiens n'en gardent pas l'exclusivité. "Moi-même je ne suis jamais à l'heure, et cela faisait pester pas mal de monde", confesse Hélène Ebah. Qu'à cela ne tienne, elle a tourné son film en dix-sept (17) jours.

Les blessures inguérissables, c'est sa réaction aux multiples plaintes de femmes, quand bien même celles-ci vivent de façon aisée. "Je trouvais que cela relevait de la déprime, et que les conditions psychologiques de leur vie n'étaient pas prises en compte en Afrique (…) C'est l'image qu'on a des femmes africaines à l'étranger qui me dérangeait. On ne leur prête pas de vie intellectuelle, comme si dans leur tête, elles se promènent avec le foyer, avec des problèmes de survie, alors qu'elles se posent les mêmes problèmes que toutes les autres femmes du monde. Exemple : la maternité ; est-ce que, à un moment, on s'est posé la question de savoir si des femmes africaines ne souhaitent pas être mères ? En Afrique, elles n'ont pas le droit de se poser cette question, mais en Europe, oui", explique-elle. Une fois Les blessures inguérissables terminé, c'est à sa sortie que le film sera véritablement confronté aux problèmes. Hélène Patricia Ebah raconte : "Après la belle promo, le jour de la sortie officielle, on a coupé l'électricité à 19h30, alors que le film était programmé pour 20h. Et Abbia n'a pas de groupe électrogène. De plus, les routes étaient barrées, parce que la première Dame du Burundi arrivait. Avec les embouteillages ainsi créés, je craignais pour l'affluence et me retrouvais dans une ambiance de nervosité et de tristesse extrêmes. Pour la première d'un film, c'est un très grand moment de solitude. Mais, j'ai eu plus de monde que lors des séances ordinaires du cinéma Abbia".

Arrivée au cinéma par un concours de circonstances favorables, la réalisatrice camerounaise a d'abord étudié les lettres anglaises à l'université de Lille, en France. En 1999, elle entre à l'Ecole internationale de création audiovisuelle et de réalisation (Eicar, France). Elle en sort en 2002, et réalise Les Blessures inguérissables en 2007, après trois courts métrages.

Jean-Marie MOLLO OLINGA
Cameroun.

Fiche technique
Réalisatrice : Hélène Ebah
Pays : Cameroun
Année : 2007
Durée : 80'
Genre : Fiction
Langue : Français
Scénario : Hélène Ebah
Acteurs : Blanche Bilongo, France Ngo Mbock, Edimo Dikobo, Valery Ndongo, Eshu, Venant Mboua, Catherine Minla'a, Audrey Ngosso.

Prochain article : Paris à tout prix de Joséphine Ndagnou

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