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Paris à tout prix, de Joséphine Ndagnou
Le paradis c'est chez soi
critique
rédigé par Jean-Marie Mollo Olinga
publié le 12/02/2009
J.-M. Mollo Olinga
J.-M. Mollo Olinga
Joséphine Ndagnou
Joséphine Ndagnou
Olivier Barlet
Olivier Barlet
Pousse pousse, de Daniel Kamwa, 1975
Pousse pousse, de Daniel Kamwa, 1975
Daniel Kamwa
Daniel Kamwa
Meiji U TUM'Si
Meiji U TUM'Si
Alex Ogou
Alex Ogou

Sur 10 numéros du quotidien Le jour, nous proposions une série relative aux 10 films camerounais à succès. Il y est question d'anecdotes et de petites histoires ayant émaillé leur tournage. Vous allez certainement vous interroger sur les critères retenus pour sélectionner ces 10 films. De but en blanc, nous vous répondrons qu'ils sont subjectifs. Néanmoins, qu'il vous plaise de savoir que certains journalistes basent leur système d'évaluation sur le total des entrées, d'autres sur le nombre de prix remportés, et les derniers sur la qualité intrinsèque des oeuvres produites. Nous avons tenté le pari de prendre en compte tous ces critères.

Avec cet opus, celle qui s'est fait connaître au septième art comme comédienne bat le record des entrées au cinéma au Cameroun.

JMMO

Les cinéphiles camerounais la connaissent sous le pseudonyme de Ta'a Zibi, rôle qu'elle a longtemps incarné dans un téléfilm local à succès. Joséphine Ndagnou, réalisatrice à la Crtv, est passée derrière la caméra pour tourner Paris à tout prix, son tout premier film. Elle n'est d'ailleurs pas seulement derrière la caméra, on la retrouve aussi devant, dans le rôle principal de Suzy.

Paris à tout prix n'est pas une référence cinématographique sur le plan esthétique. Mais, son scénario, malgré sa longueur, est si bien maîtrisé par la réalisatrice qu'il a emporté l'adhésion du public. Conséquence, le film de Ndagnou, avec ses 48.000 entrées en deux mois, dont 26.000 en deux semaines, a, de très loin, battu le record des entrées au cinéma, au Cameroun, détenu par Pousse-Pousse de Daniel Kamwa.

Elle y déploie l'histoire de Suzy, incarnation s'il en était besoin de ces jeunes pour qui le ciel ne serait bleu qu'en Occident, et l'enfer chez eux. Œuvre de prévention contre ce fléau que représente l'immigration clandestine, le film de Ndagnou est né dans la douleur, avoue-t-elle à Olivier Barlet, président d'Africultures, dans une interview qu'elle lui a accordée au récent festival de Cannes, où son film a été présenté au marché. "Ce film est né d'une douleur, celle de voir la détresse de la jeunesse africaine. Cette détresse se matérialise à travers ces départs massifs vers l'Occident, toutes ces vies perdues dans le désert et sur les mers. Je me suis dit qu'on ne pouvait pas rester indifférent : il y a bien sûr de nombreuses interpellations, mais une énième interpellation reste utile. J'ai montré la galère de Suzy, personnage principal du film, mais cette galère reste très douce par rapport aux vraies histoires qu'on connaît ! Je souhaite prévenir les jeunes qui partent et les interpeller, mais j'interpelle également les gouvernants, qu'ils soient occidentaux ou africains. En effet, si ces jeunes s'en vont, c'est qu'ils n'ont pas trouvé de réponse à leurs attentes. Que ce soit en Europe ou en Afrique, je crois qu'il faut une gouvernance synchronisée des deux continents", dit-elle notamment.

Pour tourner son film, la cinéaste affirme, dans la même interview, avoir "tout fait toute seule, j'ai dû créer une société de production pour accompagner le projet et le produit. J'ai essayé de trouver des financements partout où je pouvais. J'ai commencé en faisant une quarantaine de dossiers marketing pour des entreprises camerounaises. J'ai fait le pied de grue dans ces sociétés et quatre ou cinq ont répondu favorablement. J'ai commencé comme ça : c'était insignifiant, presque rien, mais je me suis dit que ce n'était qu'un début". Comme il fallait s'y attendre, cela n'a pas suffi à l'exempter de dettes. Le film en a encore. Est-ce pour ne pas en rajouter qu'elle a pris sur elle d'interpréter le rôle principal ? "Non, non ! C'était mon choix. Je voulais incarner ce personnage. Dès le départ, j'ai dit que j'avais envie de faire mon premier long métrage et comme je suis réclamée nationalement comme comédienne, j'avais écrit pour moi. C'est comme cela que ça s'est passé", répond-elle à Olivier Barlet.

Joséphine Ndagnou a appris le cinéma à l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle de Paris (l'Esra). Par la suite, après l'université de Paris I Panthéon Sorbonne, elle est rentrée au Cameroun pour travailler à la télévision nationale comme réalisatrice. Paris à tout prix a été programmé dans quatorze villes camerounaises.

Jean-Marie Mollo Olinga
Journaliste, Critique de cinéma

Article paru dans le quotidien Le jour (www.lejourquotidien.net)

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