AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
25 011 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
La Rétrospective des Étalons
21ème FESPACO, Ouagadougou 28 février-07 mars 2009
critique
rédigé par Azzedine Mabrouki
publié le 19/03/2009
Où vas-tu Moshé ? (Finemachiyamoché), 2007, Hassan Benjelloun
Où vas-tu Moshé ? (Finemachiyamoché), 2007, Hassan Benjelloun
Hassan Benjelloun
Hassan Benjelloun
Mascarades, 2007, Lyes Salem
Mascarades, 2007, Lyes Salem
Lyes Salem
Lyes Salem
La Maison jaune, 2007, Amor Hakkar
La Maison jaune, 2007, Amor Hakkar
Amor Hakkar
Amor Hakkar
La Chine est encore loin, 2008, Malek Bensmaïl
La Chine est encore loin, 2008, Malek Bensmaïl
Malek Bensmaïl
Malek Bensmaïl
Oumarou Ganda
Oumarou Ganda
Finyé (Le vent), 1982, Souleymane Cissé
Finyé (Le vent), 1982, Souleymane Cissé
Souleymane Cissé
Souleymane Cissé
Histoire d'une rencontre (Hikaya liqa), 1983, Brahim Tsaki
Histoire d'une rencontre (Hikaya liqa), 1983, Brahim Tsaki
Brahim Tsaki
Brahim Tsaki

Les tam tams ont fait du bruit à Ouaga à l'occasion de la tenue du Fespaco. Mais il faut dire franchement les choses en face : le 7° art africain méritait une meilleure organisation.

On débarque à Ouaga comme l'Ingénu de Voltaire, plein d'espoir, la main tendue, serein et disposé à tout voir. Mais très vite on découvre que les organisateurs du Fespaco ont encore quelques efforts à faire question efficacité et accueil. Une certaine torpeur régnait chaque matin (sans doute à cause de la chaleur intense) au ciné Burkina où tous les matins on était autorisé à voir le programme quand par miracle les bobines étaient là.
L'autre matin, c'était au tour d'un film marocain particulièrement insupportable : Win Machi Ya Moshi (Où vas-tu Moshé ?), de Hassan Benjelloun. Sans la moindre subtilité, l'histoire essaye de nous faire pleurer sur le sort de juifs marocains qui quittent Essaouira. Pour aller où ? C'est ce que le cinéaste marocain oublie de dire, ou s'il est naïf à ce point ne cherche pas plus loin le motif de leur départ en Israel où certains d'entre-eux vont grossir le contingent raciste du parti fanatique Likoud. Mal filmé et très mal joué, à l'extrême de la nullité, ce film marocain déshonore le Fespaco car aucun festival respectable n'aurait l'aplomb de nous montrer ça après ce qui s'est passé à Ghaza ! Aucun faux pas heureusement avec les films algériens : Mascarades, La Maison jaune, La Chine est loin... Tunisiens non plus d'ailleurs. À ranger d'ailleurs dans le meilleur cinéma montré à Ouaga
Au milieu d'un grand tam-tam de superlatifs pour vanter les "grands mérites" du Burkina dans la "défense du cinéma africain" (pourvu que le Panaf d'Alger se déroule plus dignement et plus modestement, sans esbrouffe...), il y avait beaucoup de palabres et moins de films africains vraiment inédits. À Ouaga, on recherchait les talents,et on était heureux d'en dénicher un ou deux seulement.

Le Fespaco sans doute conscient du déficit est allé cette fois chercher des films en Espagne, au Brésil, en France. Pour la plupart d'ailleurs assez insipides, à peine dignes de figurer sur une chaîne TV commerciale médiocre, comme il y en a tant partout. De profundis d'un cinéma venu d'ailleurs.

L'idée de ressortir les anciens films qui ont gagné le grand prix (la rétrospective des Etalons) était seule très bonne.
Quelle joie de revoir Le Wazzou Polygame (Oumarou Ganda) ou Finyè (Souleymane Cissé). Et quelle émotion aussi devant Histoire d'une Rencontre qui, comme Les Enfants du Vent, constitue une oeuvre maîtresse du cinéma d'auteur algérien signé Brahim Tsaki. Le film n'accuse aucun pli. C'est une oeuvre originale, bourrée de trouvailles cinématographiques. Bref, Tsaki encore une fois a dominé l'ensemble des programmes du Fespaco avec ce film vieux de plusieurs années. Tsaki a fait un travail profond, qui interpelle la réflexion du spectateur et qu'on n'oublie pas en sortant de la salle. C'est quelqu'un de très réservé, très modeste, c'est aussi le cinéaste algérien qui procure le plus d'émotion et de joie.

Ce cinéaste formé dans la prestigieuse école bruxelloise Insas présente le paradoxe d'être le cinéaste algérien le plus imaginatif, le plus créatif et pourtant il n'a tourné que peu de films. Cette situation s'explique par sa haute exigence personnelle. Mais il n'est pas seul, lui qu'on peut vraiment qualifier de météore dans cette profession. C'est aussi l'ensemble de ses collègues cinéastes algériens qui ont vu l'effondrement de la production dans notre pays. Comme tout le monde, Tsaki s'était engouffré dans la brèche quand l'État algérien était derrière une production abondante et de qualité. Par la suite, le cinéma algérien a pris d'autres chemins. Le jeu financier a complètement changé. Où trouver la solution pour faire des films dans le système économique libéral où tous les organismes d'État ont été détruits ? Il y aujourd'hui beaucoup d'intermédiaires, de prestataires de service à compétence variable. Pas le genre à susciter l'intérêt d'un artiste comme Tsaki. Mais la flamme de la création l'habite toujours très fort, voir son dernier opus tourné au désert. En tout cas, ce digne hommage à Ouaga qui restera comme le meilleur moment du Fespaco 2009.

Azzedine Mabrouki

Films liés
Artistes liés
Structures liées
événements liés