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Le Cheval à deux pattes, de Samira Makhmalbaf
Handicap de l'amour
critique
rédigé par Amina Barakat
publié le 22/04/2009
Amina Barakat
Amina Barakat
Samira Makhmalbaf
Samira Makhmalbaf
La Pomme (Apple), 1998
La Pomme (Apple), 1998
La Pomme (Apple)
La Pomme (Apple)
Le Tableau Noir (Takhté Siah), 2000
Le Tableau Noir (Takhté Siah), 2000
Le Tableau Noir (Takhté Siah)
Le Tableau Noir (Takhté Siah)
À cinq heures de l'après midi (Panj é asr), 2003
À cinq heures de l'après midi (Panj é asr), 2003
À cinq heures de l'après midi (Panj é asr), 2003
À cinq heures de l'après midi (Panj é asr), 2003
Le Cheval à deux pattes (Asbe du-pa), 2008
Le Cheval à deux pattes (Asbe du-pa), 2008
Le Cheval à deux pattes (Asbe du-pa)
Le Cheval à deux pattes (Asbe du-pa)
En 2003 : Samira Makhmalbaf
En 2003 : Samira Makhmalbaf
Son père, Mohsen Makhmalbaf
Son père, Mohsen Makhmalbaf
Tournage du Cheval à deux pattes : Samira Makhmalbaf
Tournage du Cheval à deux pattes : Samira Makhmalbaf

Après La Pomme (1998), Le Tableau noir (2000) et À Cinq heures de l'après midi (2003) tous primés au festival international de cinéma de Cannes, la réalisatrice iranienne Samira Makhmalbaf de renommée internationale est de retour avec un film intitulé Le cheval à deux pattes. Un drame tourné en Afghanistan dans un décor désertique qui reflète une misère incomparable.

Le film raconte l'histoire d'un enfant handicapé qui s'est payé un jeune garçon pour lui servir de cheval ; vivant dans une région reculée, loin de toute trace de civilisation. Ce sont des enfants damnés, vivant côte à côte avec les animaux. Ils apprennent à lire et à écrire d'une manière archaïque dans un cadre irréel où la sueur de l'homme se mêle à celle de l'animal. L'histoire ne dégage aucun sentiment humain, une relation assez complexe entre le maitre sadique et l'esclave passif victime de toutes les couleurs possibles de l'humiliation et des châtiments.

La réalisatrice a mis en scène des moments très forts pour témoigner de cet aspect de violence et de haine terrible qui ronge le petit handicapé qui cherche toujours à se faire valoir par le gain d'une course ou d'un duel, mais en vain.
Par l'aspect miséreux d'une vie inhumaine, Samira Makhmalbaf a voulu mettre l'accent sur l'inégalité des chances et le non respect des droits de l'homme, la violence, la torture, toutes les formes possibles de la discrimination. Tirant sur la corde, elle filme un jeune homme qui rentre en compétition avec de vrais chevaux. Essoufflé et épuisé, il doit gagner pour faire plaisir à son maitre mais ne parvient pas à ses fins, ce qui rend la relation compliquée entre deux personnages lésés par la vie, l'un handicapé physique, l'autre handicapé mental.
Des scènes choquantes unissent ces deux amis/ennemis qui ne se supportent pas mais ne se séparent pas. Le cheval à deux pattes a besoin de son maitre pour se nourrir et le maître a besoin de sa "bête" pour le prendre en charge et lui servir de pieds. Pour se rendre à l'évidence et donner un peu de vie à cette relation, la réalisatrice a mis l'accent sur des moments où une certaine complicité et douceur échappent aux deux héros du film, juste quand ils se payent des glaces avec une sérénité rare.

Le film dans l'ensemble fait plutôt la part belle au genre masculin car la gente féminine y est réduite, représentée par deux bouts de femmes.
L'amante ou prostituée habillée en momie ne laisse rien apparaître de son corps. On voit seulement ses pieds, aux sandales usés, monter les escaliers de fortune pour rejoindre le vieux dans une chambre noire.
Quant à la petite mendiante livrée à elle-même, elle semble perdue au milieu d'une foule d'hommes agités.
Par là, la réalisatrice, engagée et militante pour les droits de la femme, a voulu expliquer que la situation de la femme dans certaines régions reste encore dérisoire. La femme y est prisonnière dans l'esprit patriarcal qui la laisse traîner au bas de l'échelle, traitée comme un objet sans valeur dans les sociétés qui vivent encore sous le régime du 11ème siècle.

Samira Makhmalbaf rejoint donc le rang des grands du cinéma international, elle est belle et bien la fille de son père, Mohsen Makhalbaf, l'un des piliers du 7ème art dans le monde.
Signalons que le film a été programmé dans la section "Festival des festivals" du Middle East International Film Festival à Abu Dhabi qui s'est tenu du 10 au 19 octobre 2008.

Amina Barakat

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