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14 kilometros, de Gerardo Olivares
Chemins et destins dessinent leur propre voie
critique
rédigé par Bassirou Niang
publié le 29/06/2009
Bassirou Niang
Bassirou Niang
Gerardo Olivares
Gerardo Olivares
14 kms
14 kms
14 kms
14 kms
14 kms
14 kms
14 kms
14 kms
14 kms
14 kms
14 kms
14 kms

Aussi talentueux que l'on soit, l'on pense que l'Afrique abîme le rêve. La solution, c'est de partir par-delà la mer. Ce choix a un prix : affronter l'insolence du désert et ne pas jeter l'œil sur le rétroviseur quoiqu'il advienne. L'histoire est racontée par le long métrage 14 kilometros, un drame d'une durée d'une heure 35 minutes, réalisé en 2007 par l'Espagnol Gerardo Olivares. Il fut projeté lors du festival du cinéma européen à Dakar (11-22 novembre 2008).

Bouba, jeune mécanicien, et footballeur amateur, s'est laissé convaincre par son frère Mukela de tenter l'aventure qui ne garantit pas la survie. Lorsqu'à Agadez, au garage, le regard se surprend face à un tableau d'indication "Immigration clandestine", l'on mesure toute l'étendue de l'épreuve à subir. Du pays voisin, le Mali, un autre départ : celui de Violet, une adolescente que sa famille a vendue au prix de quelques vaches à un riche homme. Elle s'embarque sur un bateau fourre-tout dans lequel se retrouvent aussi bien les humains que les bêtes. Pour traquer ailleurs sa liberté.

Les chemins de l'immigration s'ouvrent comme des boulevards à risques. Dans le désert du Ténéré, un camion comme on n'en voit nulle part ailleurs, surmonté de bagages et de candidats clandestins enturbannés, emprunte sur le sable insensible aux traces, des chemins dont seul le chauffeur connaît les identités changeantes. Bouba, Mukela et Violet s'y retrouvent, trônant au-dessus. Mais le plus dur sera de venir à bout de ce désert bouffeur de vies humaines. Ses violents vents de sable en disent long sur son caractère austère. Une fois qu'ils mettront pied-à-terre, ils perdront le sens de l'orientation. Le Nord-Est vers lequel ils doivent se diriger leur est inconnu. Il fallut la science de Violet, à qui son père appris à se déplacer en suivant la position des étoiles, pour venir au secours des deux frères égarés.
Cela ne suffit pas pour garder intact le rêve ; le désert en sera jaloux. Bouba et Violet, désertés par leur conscience sous des acacias qu'ils prenaient pour des habitations dans le lointain horizon, seront ranimés par des nomades passant leur chemin avec leurs chameaux.

La circonstance douloureuse fera naître des affinités électives entre les deux jeunes gens que la vie a bien voulu garder. Les titres musicaux de Youssou Ndour, "Sama guent gui" ("Mon rêve", en wolof) chantant l'intensité du souvenir dans le regret, "Dibi dibi rek" d'Ismaël Lô, confondant les sentiments d'amour, s'élèveront tour à tour dans le film pour ratatiner les bons et mauvais moments de leurs tranches de vie.
Unis dans un même rêve, ils se décident à repousser les limites de leur ambition commune. En Afrique, tout a un prix, même les passeports. Bouba et Violet ne se gêneront pas d'en trouver pour franchir les frontières. Les choses prendront une tournure particulière pour la fille.

Bassirou NIANG

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