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Les feux de Mansaré, de Sora Wade
Les ravages de l'amour et du pouvoir
critique
rédigé par Jacques Bessala Manga
publié le 29/07/2009
Jacques Bessala Manga
Jacques Bessala Manga
Mansour Sora Wade, Fespaco 2009
Mansour Sora Wade, Fespaco 2009
Mansour Sora Wade sur le tournage des Feux de Mansaré
Mansour Sora Wade sur le tournage des Feux de Mansaré
Khady NDIAYE Bijou, Hôtel Indépendance (Ouaga, 2009)
Khady NDIAYE Bijou, Hôtel Indépendance (Ouaga, 2009)
Ibrahima Mbaye dans Les Feux de Mansaré
Ibrahima Mbaye dans Les Feux de Mansaré
Mansour Sora WADE et son actrice principale, Khady NDIAYE Bijou, au FESPACO 2009
Mansour Sora WADE et son actrice principale, Khady NDIAYE Bijou, au FESPACO 2009
Mansour Sora Wade, en 2005 à Dakar
Mansour Sora Wade, en 2005 à Dakar
Ecrans Noirs 2009
Ecrans Noirs 2009
Fespaco 2009
Fespaco 2009
Khouribga, FCAK 2009
Khouribga, FCAK 2009

Le film du réalisateur sénégalais est une évocation de l'Afrique contemporaine en proie à ses démons.

Lorsque Mathias, le fils du chef, revient plein aux as à Mansaré, après avoir écumé tous les coins mal famés que fréquente la racaille du monde, il ne sait pas que Nathalie, sa promise depuis la naissance, en aime un autre. Lamine, son ami d'enfance devenu entre temps l'instituteur du village, et Nathalie sont déjà fiancés et envisagent de se marier dans un avenir proche. Mais Mathias ne l'entend pas de cette oreille. Usant de l'intimidation dont il est passé maître, abusant de sa position de fils du chef de Mansaré, il va forcer Nathalie à l'épouser. Celle-ci va néanmoins réussir à s'échapper lors de la célébration à l'église. Mathias, plus aveuglé par l'orgueil que par l'amour pour sa dulcinée, va, dès cet instant, recréer l'atmosphère de guerre qu'il a connue lors des guerres en Bosnie, en Sierra Leone, et ailleurs encore.

Bâti autour d'une juxtaposition dont usent abondamment les cinéastes nigérians, l'amour et le pouvoir, liés ou violemment opposés, le jeu des acteurs dans le film de Mansour Sora Wade, Les feux de Mansaré, fait indifféremment penser tantôt au film populaire américain, lorsque Mathias joue les caïds des quartiers difficiles de Noirs à Harlem ou Chicago, tantôt aux telenovelas sud-américaines, lorsque Nathalie s'échappe de l'église, parfois même à un film musical, avec les longues séquences du bar "Chez Franck". Usant alternativement, sans que le spectateur s'y attende, du Wolof et du français, les dialogues du film rappellent autant le western américain, cassant, brutal, vulgaire. Tous ces emprunts en font un film hybride, sans véritable ancrage idéologique. La tradition le dispute au moderne. Le burlesque bouscule la gravité.

Même si le désir de Mansour Sora Wade était de faire un film qui s'affranchit des limites territoriales et idéologiques, le spectateur ne saisit pas, jusqu'à la scène finale, l'intensité du message qui se dégage du crime de Lamine, assassiné par la milice de Mathias. Autant qu'il ne comprend pas la passivité des villageois face à ce crime impuni. L'exil de Mathias est trop caricatural, ce qui affaiblit l'intrigue et laisse le spectateur sur sa soif.

La principale satisfaction des Feux de Mansaré, c'est cette évocation de l'Afrique contemporaine en proie à ses démons, guerres civiles, misère, trafic d'influence, dictatures… Même si le réalisateur se refuse judicieusement d'être ostentatoirement voyeur, il se fait poète lorsqu'il nous abreuve de ces décors naturels idylliques.

Jacques Bessala Manga

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