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Zindeeq, de Michel Khleifi
Digne Palestine
critique
rédigé par Azzedine Mabrouki
publié le 06/02/2010
Michel Khleifi
Michel Khleifi
Mohammad Bakri dans Zindeeq, de Michel Khleifi
Mohammad Bakri dans Zindeeq, de Michel Khleifi
Michel Khleifi, en conférence de presse à Dubaï (DIFF 2009)
Michel Khleifi, en conférence de presse à Dubaï (DIFF 2009)

Le cinéma palestinien est bien vivant. Le mot juste serait : digne. Une nouvelle génération a repris le flambeau et crée un renouveau,une nouvelle vitalité, comme Nasri Hajjaj, Bissam Ali Jarbawi, Bilal Youssef, Muayad Alayam... Mais le cinéma palestinien s'enorgueillit toujours de pouvoir compter sur les anciens réalisateurs, les valeurs sûres comme Rachid Masharawi et Michel Khleifi.

Michel Khleifi est sans doute le plus célèbre. Il y a quelques années, le public enthousiaste de la Cinémathèque d'Alger découvrait Noces de Galilée, Mémoire Fertile, Le Cantique des pierres.
Route 181, long documentaire de Michel Khleifi, reste cependant inédit en Algérie. Tout comme Zindeeq, son dernier long métrage fiction, grand prix du festival de Dubai 2009.

Zindeeq est une très belle surprise. C'est un regard juste et fort sur la terrifiante situation actuelle de la Palestine. Un récit singulier où l'on voit le grand acteur Mohamed Bakri dans le rôle d'un cinéaste palestinien vivant en Europe et de retour en Palestine, à Ramallah et Nazareth, dans le but de filmer les témoins de la Nakba de 1948, le grand exode des Palestiniens chassés de leur pays.
Mais le récit, dont le style frôle le documentaire, témoigne en fait de la situation actuelle. M (le cinéaste) croise des gens, regarde autour de lui mais ne reconnaît plus rien. C'est la nuit, une longue aventure l'emporte dans ce qui était son pays et où il se sent maintenant perdu.
Michel Khleifi parle de l'exil, du déracinement, de ceux qui sont partis et de ceux qui sont restés. De l'affrontement des clans, des rivalités entre le Fatah et le Hamas. Se sentant étranger dans la terre qui l'a vu naître, M est doublement malheureux. Malheureux d'être parti en Europe, d'avoir quitté la Palestine. Et malheureux d'être revenu sans pouvoir retrouver ses souvenirs de la Palestine qu'il a laissée. Il retrouve sa maison dans un état de délabrement lamentable. Sa soeur le conjure de repartir parce qu'il y a une vendetta dans la famille.
L'insoutenable question de ce film magnifique : pourquoi on est parti de Palestine ? Et il y a quelque chose de très beau, d'impressionnant dans la manière dont Michel Khleifi tente d'éclaircir un sujet bien sombre. Il filme toute une nuit Nazareth, une ville déserte, fantôme, au milieu d'un monde en guerre.
Zindeeq impose un climat de peur, d'insécurité. L'insoutenable, l'intolérable occupation sioniste est tout autour, omniprésente. À l'image du comportement grossier des veilleurs de nuit dans le hôtels israéliens de Nazareth qui refusent d'accueillir M épuisé et de plus en plus étranger dans le monde qui l'entoure.

Mohamed Bakri exprime bien cet effet de malaise, de rejet dont il est constamment l'objet. Et la rigoureuse sobriété du travail de mise en scène de Michel Khleifi fait de Zindeeq, ce film désespéré, une oeuvre difficilement oubliable.

Azzedine Mabrouki

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