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21ème Festival Théâtres au cinéma du 31 mars au 11 avril 2010
Bobigny (France) et l'Égypte : une histoire d'amour…
critique
rédigé par Meriam Azizi
publié le 18/04/2010
Meriam Azizi
Meriam Azizi

Chaque année on attend avec impatience l'heureux élu de la programmation du festival Théâtres au cinéma. Cette manifestation phare de la ville de Bobigny marque sans conteste son année culturelle. Son originalité et sa devise font qu'il est à la croisée du théâtre et de la littérature. C'est ainsi que le public cinéphile a eu l'occasion de voir défiler des figures de proue de la dramaturgie et du cinéma international. Faut-il préciser que de nos jours une volonté d'ouverture aussi affermie est une qualité qui se perd progressivement et pour des raisons multiples. Cette année, le travail de l'équipe de l'organisation est doublement louable. Et pour cause. Pour sa 21ème session, le festival a misé haut et grand en jetant le grappin sur les deux géants du cinéma et de la littérature égyptienne: celui qui nous a quitté il y a presque deux ans, le cinéaste Youssef Chahine, "Jo" pour les amis et celui qui a su peindre la complexité des rapports humains dans les quartiers du Caire tel que "Khan el Khalil", un des piliers du romanesque arabe, Naguib Mahfouz.

En guise d'hommage éternel à Chahine, ce cinéaste fidèle au Festival de Cannes, une rue a été baptisée à son nom. L'inauguration s'est déroulée en présence des producteurs Marianne et Gabriel Khoury ainsi que de Khaled Abdel Guelil, directeur du centre du cinéma égyptien du Caire. L'acte ne fait finalement que couronner une coopération de longue durée entre la France et l'Égypte, dont les films de Chahine symbolisent la dimension artistique.
La surprise qu'il a fallu ne pas manquer est à l'évidence la rétrospective intégrale qui fait la fierté de la programmation. On ne peut que féliciter cette initiative qui a permis aux admirateurs de Chahine de compléter sa filmographie et aux curieux de la découvrir dans sa totalité. Une aubaine qu'on aurait aimé voir se prolonger ou se fixer comme un rendez-vous annuel.

L'événement s'est encore illuminé par la présence d'une poignée de célébrités égyptiennes du petit et grand écran, stars du monde arabe et de son patrimoine audiovisuel. Il faut rappeler que ce phénomène de star est né de la dominance du cinéma égyptien comme industrie rayonnante sur tous les pays arabophones grâce aux feuilletons égyptiens qui ont cette capacité de pouvoir s'exporter partout où la langue arabe est parlée. De grandes actrices comme Libliba, Yousra et des acteurs comme Mohamed Mounir connu pour ses chansons au ton humaniste ou encore la légende d'envergure international Omar Sharif (de son vrai nom Michel Dimitri Chalhoub) comptent parmi les invités qui ont collaboré avec Chahine sur plus d‘un film.

Omar Sharif, voilà donc une autre prestigieuse surprise que s'est réservée le festival cette année et qui s'est déclinée en plusieurs projections inédites de films où l'acteur polyglotte (Omar Sharif parle l'arabe, l'anglais, l'italien, le grec, l'espagnol et le français) apparaît avec son joli minois.
Le public a eu l'exclusivité de voir Ciel d'enfer de Youssef Chahine (1954), Les Eaux noirs du même réalisateur (1956), Goha de Jacques Baratier (1957), Nous les étudiants de Atef Salem (1959), Funny Girl de William Wyler (1968), Le Marionnettiste de Hani Lachine (1989), Monsieur Ibrahim ou les fleurs du Coran (2003) et plus récemment J'ai oublié de te dire de Laurant Vinas-Raymond (2009) aux côtés de l'actrice Emilie Dequenne.

L'intégration de Naguib Mahfouz dans la programmation déjà très alléchante ne peut que compléter le tableau d'une Égypte forte de ses artistes et écrivains. Son écriture réaliste a fait de ses romans une source d'inspiration filmique. Et le festival n'a pas manqué de consacrer toute une rubrique à la projection de tous les films adaptés du monde mahfouzien parmi lesquels on cite La Faim de Ali Badrakhan (1986), L'impasse des Deux-palais de Hassan el-Imam (1964) dont on enregistre un très beau remake en feuilletons, Miramar de Kamal Al-Cheikh (1969)…etc,

À partir de ce moment les liens entre Bobigny et le Caire se tissent. Merci pour cette programmation qui a permis de rendre à l'identité arabe ses lettres de noblesse : un foisonnement culturel, un patriotisme prouvé à travers une palette d'artistes égyptiens de confessions diverses ; à cette époque où seule prévalait le devoir de construire le pays et participer à sa prospérité.

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