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Atelier de formation des réalisateurs au Goethe (Abidjan)
Dix jours pour mettre au monde Mathys
critique
rédigé par Fortuné Bationo
publié le 02/05/2010
Fortuné Bationo
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Tournage
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Matthias Luthardt
Matthias Luthardt

Une dizaine de réalisateurs et deux journalistes ont pris part, pendant 10 jours (12 au 21 avril), à un atelier de formation à la production de film initiée par le Goethe-Institut Côte d'ivoire. Un court métrage de 8 minutes réalisé en un temps record est sorti de cette expérience inédite.

Il a fallu un vote et deux jours d'échanges pour lui donner une âme. Le scénario, une idée originale de Mohamed Dazelor, a été finalement mis sur les rails après avoir vécu la riche épreuve des regards croisés. Pour camper les différents personnages, un casting s'est avéré nécessaire. Nouveau round de discussions pour dénicher les élus dans la kyrielle de candidats ayant défilé sous les yeux des réalisateurs. La bonne qualité de l'improvisation et la force du jeu des protagonistes ont été des critères décisifs pour opérer les différents choix. La sélection de la mère de Mathys a, quant à elle, donné lieu à un second vote, tant les positions avaient du mal à se mettre d'accord.
Venu d'Allemagne comme superviseur formateur, le réalisateur Matthias Luthardt a profité de cette aubaine pour rappeler l'importance du casting dans la réception du film, car celle-ci peut varier d'un personnage à l'autre. Il a cité le cas de sa fiction Ping Pong dans laquelle il a fait jouer une actrice autrichienne, dont l'accent a dû susciter, très logiquement, quelques interrogations chez les cinéphiles allemands.
L'autre superviseur formateur de cet atelier, Joseph Muganga, a lui aussi mis en avant son expérience en la matière en s'attardant sur certains détails par lesquels une œuvre est lancée vers de nouvelles pistes d'appropriation. Abordant un autre aspect de ses explications, M. Muganga a cité son film Les frères Kadogo où des enfants évoluent dans les rôles principaux.
Des exemples pour aider à construire le personnage de Mathys, l'acteur principal qui donne son nom au titre du court métrage de 8 minutes retenu dans l'atelier de formation à la production de film. Cette fiction dévoile un petit garçon coupé de ses amis et livré à lui même dans la somptueuse villa de ses parents. Ses seuls compagnons sont des jeux sophistiqués pour lesquels il n'a qu'une attraction limitée. En effet, son désir est avant tout de rejoindre ses copains de jeu du quartier précaire où habite sa grand-mère. Un crime pour son père, qui a justement grandi dans cet enchevêtrement de maisons improbables, et qui fait tout pour gommer ce chapitre de sa vie qu'il juge incompatible avec son nouveau statut de riche. Son fils Mathys fera donc les frais de cette barrière à cultiver, qui dégénère en mises en garde sévères, pendant un match de football auquel participe l'enfant.

Le régisseur de service hausse la voix pour calmer les rumeurs de gaité qui parcourent une bande de petits curieux

"Coupez !", tonne la voix du réalisateur du jour au tournage de cette séquence. Et voila le trépied et la caméra qui déménagent vers un autre axe, pendant que le soleil harcèle le plateau de tournage de ses rayons impitoyables, au cours de cette troisième sortie. On se relaie à la perche, le régisseur de service hausse la voix pour calmer les rumeurs de gaité qui parcourent une bande de petits curieux. Le jeu de leur petit ami semble visiblement les impressionner et il faut dire qu'ils n'ont pas tort. Même fatigué, le petit Mathys multiplie les improvisations comme si cet univers était son vrai terrain de jeu. Mais chacun tient fermement son rôle et la moindre défaillance peut coûter chère.
" Le soleil change de coté, le réflecteur doit en tenir compte", lance Matthias Luthardt à celui qui tient l'objet. À en croire le superviseur, le scénario n'est pas une bible qu'il faut respecter à la lettre. On peut aussi s'en éloigner d'autant plus sereinement que faire un film signifie avant tout "prendre des décisions, faire des choix".
Autre enseignement de ce tournage, l'accumulation des casquettes de chaque réalisateur qui devient tour à tour assistant réalisateur, accessoiriste, éclairagiste. Un vrai travail d'équipe que la divergence des points de vue dans l'accouchement des séquences n'a pas vraiment affecté.

Le film a été projeté à l'Institut-Goethe le 23 avril 2010 dernier. Un making of de 15 minutes est aussi né de cette initiative. Cette belle expérience théorique et pratique est l'œuvre de l'Institut Goethe Cote d'ivoire. Sa directrice, Verena Passig Oulaï, a apprécié le résultat accompli : "Je suis satisfaite du travail que je vois (…) Cette initiative est la suite logique du travail entamé depuis quelques années par notre institution au niveau du cinéma. Il y a des talents mais la formation fait défaut. Les gens ont vraiment soif de se former. J'espère que cette occasion constituera une bonne expérience pour les dix réalisateurs et les deux journalistes qui les ont suivis dans cette aventure".

Fortuné Bationo

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