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New Directions : une nouvelle génération de réalisateurs africains
analyse
rédigé par Wanjiru Kimani wa
publié le 01/10/2002
Camara, acteur principal dans The Aftermath.
Camara, acteur principal dans The Aftermath.
The Aftermath (Kenya)
The Aftermath (Kenya)
Judy Kibinge, réalisatrice de The Aftermath, Richard Green, responsable de New Directions chez M-Net, la productrice Dommie Yambo-Odotte, la coordinatrice du projet chez M-Net Bongiwe Ngcobo et la scénariste Andiah Kisia plaisantant durant une réunion de pré-production dans un hôtel de Nairobi.
Judy Kibinge, réalisatrice de The Aftermath, Richard Green, responsable de New Directions chez M-Net, la productrice Dommie Yambo-Odotte, la coordinatrice du projet chez M-Net Bongiwe Ngcobo et la scénariste Andiah Kisia plaisantant durant une réunion de pré-production dans un hôtel de Nairobi.

New Directions, la série de films produits par la télévision privée sud-africaine M-Net, permet à de jeunes réalisateurs d'émerger.

Détresse. Abus. Abandon. Choix difficiles. Voilà ce qui attend le jeune Camara au retour de la guerre. Il n'est pas accueilli en héros sur fond de chants et de danses… Il est un enfant soldat rejeté par sa famille et détesté par la communauté pour les atrocités qu'il a dû commettre et subir contre sa volonté. Lui-même perturbé par ses actes, dans cette guerre dont il ne comprend ni ne soutient la cause, Camara va essayer de mener une vie normale dans l'espoir que les choses s'améliorent. Quand il revient chez lui, pas encore adulte mais déjà plus enfant, il est déterminé à tirer un trait sur le passé. Poussé par sa volonté de changer le monde qui l'entoure, Camara commet cependant l'erreur fatale d'ignorer la réalité – ses amis d'enfance, dont la guerre a fait des ennemis, ravivent le terrible cauchemar de la guerre.
Cette histoire du retour des enfants soldats dans leur famille pourrait se dérouler n'importe où. Elle a été filmée par l'équipe kenyane lors de la dernière édition de New Directions. Le film, qui sortira cette année, raconte l'histoire de Camara, soigneusement tournée par Andiah Kisia. Il met un visage sur la question ignoble des enfants soldats, problème récurrent du continent, et la replace dans son contexte en montrant Camara qui essaye de réintégrer la société civile.
Depuis sa création en 1994, l'initiative New Directions a produit 26 courts métrages et 3 longs par des réalisateurs montants venus du Nigeria, du Kenya, d'Ethiopie, de Tanzanie et d'Afrique du Sud. L'initiative s'appuie sur le principe du développement des compétences par l'interaction avec des réalisateurs africains reconnus.
"Nos films ont retenu l'attention des organisateurs des principaux festivals, et nous recevons aujourd'hui des invitations des quatre coins de la planète", souligne Richard Green, expert associé au projet depuis ses débuts. "New Directions est aujourd'hui connu pour proposer une véritable sélection de la nouvelle vague du cinéma africain."
"Il y a trois ans, Chikin' Biznis a remporté le Grand Prix au festival Vues d'Afrique à Montréal, au Canada," rappelait Bongiwe Ngcobo, superviseur du projet, lors du dernier Festival International du Film de Zanzibar, où trois autres films ont été projetés en inauguration du festival (A Barber's Wisdom, du Nigeria, Surrender, de Tanzanie, The Father, d'Ethiopie).
Voilà pour une nouvelle génération de réalisateurs africains l'occasion de raconter des histoires proprement africaines. Scénaristes et réalisateurs voient leur travail financé et programmé au petit écran via les chaînes M-Net et DStv.
Prévu à l'origine pour identifier et promouvoir des scénaristes et des réalisateurs débutants, l'initiative a évolué structurellement pour répondre aux besoins d'une génération montante de cinéastes de toute l'Afrique. Les premiers films ont été faits en Afrique du Sud, puis au Kenya et au Nigeria. C'est ainsi que Ingolo wa Keya, réalisateur de la vidéo musicale Yes Say For Children qui a gagné le prix Emmy cette année, a écrit et réalisé son film The Baiskol.
En 1999, la deuxième phase de New Directions Afrique (NDA II) a débuté au Fespaco de Ouagadougou. NDA II a regroupé des participants de sept pays du continent pour culminer en un atelier sur l'île de Gorée au Sénégal en janvier 2000.
Trois films ont déjà été produits et bien accueillis. Le premier à être achevé fut l'histoire nigériane A barber's Wisdom, écrite par Paul Emema, produite par Tajudeen Adetokunboh et réalisée par la Nigériane Amaka Igwe. Puis vint le film éthiopien The Father, écrit par Manyezewel Endashaw, produit par Majida Abdi et dirigé par Ermias Woldemlak, filmé en amharique.
Le film, qui a reçu le Silver Dhow Award dans la catégorie courts métrages à Zanzibar, est considéré comme des meilleurs films issus de New Directions. Son action se situe durant une sombre période de l'histoire éthiopienne, celle du pouvoir du Derg. Il pose un regard critique sur les folies auxquelles de nombreuses personnes durent se résoudre pour éviter l'incarcération. Alazar, un artiste, abrite son ami et activiste politique Jonas contre les militaires. Il est emprisonné puis relâché, mais Jonas est tué et sa sœur revient plus tard de l'exil pour reconstituer l'enchaînement des horribles événements qui ont conduit à sa mort.
Le dernier film du trio, Surrender, basé à Zanzibar et écrit par Kiiza Kahama, a été produit par le Tanzanien Nasra Hillal et réalisé par la talentueuse cinéaste zimbabwéenne Céline Gilbert. Surrender prend à bras le corps le problème de l'homosexualité, question sensible à Zanzibar. "Il a été projeté dans quasi tout les festivals de films gay du monde," note Richard Green en poursuivant : "Pour l'édition de cette année, nous entendons produire un nombre record de films, et cela grâce aux nouvelles technologies".
L'aventure continue : outre le film kenyan The Aftermath, New Directions de tourner au Nigeria Prize Maze, de Femi Adesoye, et en Afrique du Sud Waiting for Valdez, de Teddy Materra, A Drink in the Passage, de David Max Brown's, et Living in Limbo, de Carmen Sangion.
La nouvelle saison voit l'arrivée de la vidéo numérique, moins coûteuse, et permettant une plus grande participation des jeunes talents du continent. "Embrasser les technologies numériques est à la fois un progrès et une étape logique pour la croissance de l'industrie du film locale comme internationale" souligne Green. "La vidéo numérique a prouvé qu'elle était plus qu'un fait de mode dans l'industrie. Elle est un nouveau média accessible, bon marché et créatif, et en tant que tel constitue un développement positif pour la continuité du succès de New Directions."

A Nairobi, Kimani Wa Wanjiru (traduit de l'anglais par Frédéric Lecloux)

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