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Nouvelles approches du genre
analyse
rédigé par Christine Eyene
publié le 30/08/2011
Justine GAGA Le siège de la pensée, installation 2010
Justine GAGA Le siège de la pensée, installation 2010

"L'Art au Féminin : approches contemporaines", rassemble une série d'essais et d'interviews consacrés aux plasticiennes d'Afrique et de la diaspora. Publié grâce aux généreux soutiens de la Fondation Blachère, l'Institut Français, l'Institut Français Léopold Sédar Senghor et la Fondation Total, ce numéro d'Africultures accompagne l'exposition "[Kaddu Jigeen] La Parole aux Femmes" inaugurée à la Galerie le Manège, à Dakar, le 8 mars 2011, à l'occasion du Centenaire de la Journée Internationale de la Femme.

"[Kaddu Jigeen]" répond à une invitation d'Alban Corbier-Labasse, directeur de L'Institut Français Léopold Sédar Senghor et de Delphine Calmettes, responsable de la Galerie le Manège, Dakar, à proposer une exposition faisant état des nouvelles tendances de l'art contemporain. Leur ambition de mettre l'accent sur une programmation de qualité, leur ouverture sur le dialogue interculturel, ainsi que leur connaissance des débats actuels animant la scène artistique africaine, ont largement contribué au succès de cette exposition.
Ce projet est le fruit d'une recherche entamée au lendemain de la publication du dossier Africultures intitulé "Féminisme(s) en Afrique et dans la Diaspora" en 2008. Le choix de cette revue comme catalogue d'exposition affirme notre volonté de maintenir une réflexion soutenue sur des questions de fond traitées au fil de ses diverses parutions.
Ainsi, ce dossier s'attache à souligner l'importance de l'écriture, critique ou autre, dans le champ de l'art. En effet, l'histoire de l'art est marquée de nombreuses occurrences affirmant la précédence de l'écrit sur la matérialisation de l'objet d'art. C'est le cas des manifestes. Citons par exemple le Manifeste Surréaliste rédigé par André Breton en 1924. Quelques années plus tard, à Paris toujours, naît un des mouvements les plus importants de la culture africaine, la Négritude. À leur tour, les écrits de Senghor ont, plus que de la décrire, tenté de prescrire une esthétique africaine.
Écriture, signe - au sens Barthien - de la pensée, du disegno ou dessein, auquel Vasari, l'ancêtre des historiens de l'art accordait toute primauté. Ce même dessein se retrouve chez le plasticien de l'Afrique des temps classiques. Schématisation des formes dont on a tardé à relever la conceptualisation jusqu'au jour où l'Afrique s'est définie en des termes qui lui sont propres. Et sa pensée artistique, portée par des revues pionnières, a mené leurs rédacteurs (ou intercesseurs), de l'écrit à la mise en espace de l'objet d'art.
De la même manière, l'exposition "[Kaddu Jigeen]" est née d'un projet de publication dédié aux plasticiennes africaines et destiné à boucler la trilogie débutée avec "Diaspora : Identité Plurielle", dossier d'Africultures n° 72 qui a précédé "Féminisme(s) en Afrique et dans la Diaspora" (Africultures n° 75). Tout comme dans les cas évoqués plus haut, Africultures s'est fait le support d'une pensée menant l'historienne de l'art du champ de l'écriture critique à celui du commissariat d'expositions.
"[Kaddu Jigeen] La Parole aux Femmes" est le premier volet d'un plus vaste projet auquel s'ajoutent "Reflections on the Self - Five African Women Photographers", exposition itinérante développée pour le programme Hayward Touring, inaugurée le 8 mars au Royal Festival Hall à Londres et "En Toute Innocence : subtilités du corps", qui ouvrira ses portes à la Galerie Imane Farès, à Paris, le 7 septembre 2011.
À la différence des précédents numéros d'Africultures, "L'Art au Féminin : approches contemporaines" se présente davantage comme un catalogue d'exposition que comme une revue. De ce fait, il est pour ainsi dire épuré et accorde une place majeure aux œuvres d'art à travers une série de portfolios.
Ce dossier s'ouvre sur un essai de l'auteur portant sur l'actualité d'un discours féministe au vingt et-unième siècle, son interprétation dans des contextes africain et diasporique ainsi que son influence sur les pratiques artistiques contemporaines. La commissaire Nadira Laggoune-Aklouche étend cette réflexion à travers le cas algérien. Sa contribution est suivie d'une réponse de l'auteur à la note d'intention de l'exposition "Africaines" organisée par Laggoune-Aklouche à l'occasion du 2nd Festival Panafricain d'Alger tenu en 2009.
Laure Tarot rapporte les propos de Fatou Kandé Senghor, la seule Sénégalaise de l'exposition, sur l'expérience des artistes femmes dans son pays et sur le continent africain.
Ce témoignage est suivi d'une reproduction de l'essai rédigé par l'auteur pour le catalogue de la fameuse exposition "Like a Virgin… Lucy Azubuike - Zanele Muholi" organisée par Bisi Silva au Centre for Contemporary Art, Lagos en 2009.
Enfin, il nous a paru essentiel de nous pencher sur le monde outre-atlantique duquel a émergé une pensée féministe noire. Julie Crenn retrace le parcours de Faith Ringgold, une des pionnières de l'art féministe africain-américain.
Suivent ensuite les portfolios des artistes de "[Kaddou Jiggen] La Parole aux Femmes" : Safaa Erruas, Justine Gaga, Ayana V. Jackson, Fatou Kandé Senghor, Ato Malinda, Pascale Obolo, Kara E. Walker et Billie Zangewa. Les textes accompagnant les portfolios sont tous signés de l'auteur, à l'exception de Justine Gaga, extrait d'un article d'Adeline Chapelle à paraître dans Africultures, Fatou Kandé Senghor écrit par Laure Tarot, et Pascale Obolo citant une interview conduite par Meriam Azizi.
À ceux-ci viennent s'ajouter les portfolios de l'exposition itinérante "Reflections on the Self" : Hélène Amouzou, Majida Khattari, Zanele Muholi, Senayt Samuel et Nontsikilelo Veleko. Chaque série d'images comprend une courte introduction par l'auteur.
Afin de rester sur un ton artistique, ce dossier s'achève sur un cahier critique allégé, rassemblant trois entrevues coordonnées par les trois corédactrices des rubriques Photographie et Arts Plastiques d'Africultures. Erika Nimis revient sur l'exposition "Insula : Réflexions" de Jérôme Havre ; Marian Nur Goni nous propose une interview en deux temps avec l'artiste Mouna Karray, avant et après la révolution tunisienne ; l'entretien de Virginie Andriamirado avec Rachida Triki s'étend sur la scène artistique tunisienne.
Avant de conclure, l'auteur souhaite exprimer ses plus sincères remerciements à toutes les personnes qui ont permis à ce dossier-catalogue de voir le jour : Jean-Paul Blachère, Claude Agnel, Stéphanie Hugues et Pierre Jaccaud de la Fondation Blachère ; Laurent Maillaud et Lucie Touya de L'Institut Français ; Alban Corbier-Labasse et Delphine Calmettes de l'Institut Français Léopold Sédar Senghor ; Catherine Ferrant et Sylvain Gauduchon de la Fondation Total.
La réalisation de cette publication n'aurait pu être possible sans l'indispensable accompagnement de l'équipe d'Africultures notamment Virginie Andriamirado, Olivier Barlet, Amandine Bigot et Elisa Tabet. Leurs encouragements et intarissable soutien pendant toute la conception de ce dossier ont été énormément appréciés.
Enfin, l'auteur tient à faire part de sa plus grande reconnaissance à toutes les plasticiennes qui ont accepté de partager cette aventure féminine en prenant part aux expositions de Dakar et Londres, et en accordant la reproduction de leurs images dans cet ouvrage. Cette gratitude s'étend aux contributrices de ce numéro qui ont répondu présentes à l'appel du genre.
Au nom de toute l'équipe d'Africultures, nous souhaitons à nos lecteurs des découvertes enrichissantes ainsi qu'une plaisante expérience esthétique.

Christine Eyene

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