Au-delà de la résignation dont fait preuve Iceberg, le réalisateur Pape Théodore Sèye traite une question complexe et sensible au Sénégal : l'acceptation des différences. Le jeune homme Ice, encore accroché à son enfance, a du mal à se faire accepter dans la société par son style.
Sa façon de s'habiller, perçue comme "bizarre", est en réalité une voie par laquelle il communique et s'exprime. Pour aller à un entretien d'embauche, l'apparence n'est pas à négliger. Ice l'a compris, comme l'explique son monologue. A l'entendre, on croirait qu'il se révolterait et s'assumerait, s'imposerait pour se faire accepter tel qu'il est… "Come as you are" ("Viens comme tu es", en anglais). Il hésite. Doit-il opter pour "ce que les gens attendent de lui" ? Sa seule façon de s'exprimer est étouffée puisqu'il n'est pas doué avec les mots. D'ailleurs, s'exprimer dans la société n'est pas chose aisée, surtout lorsqu'on a son propre style…
Il est comme un iceberg : la partie blanche émerge mais le plus gros se trouve sous l'eau bleue. Il se regarde dans la glace, narcissisme ou affirmation de soi ? Et si, comme pour les selfies, notre époque mettait la présence à soi en avant, pour rompre la dépendance d'avec l'Autre ? Cela ne va pas sans le doute, la solitude, le conflit intérieur. Et comment imposer son authenticité au bureau quand l'économie est encore aux mains du système occidental ? La résignation est furieuse : elle ne sera que provisoire.
Mame Sack Mariama DIALLO
Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2021 / FACC.
Atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 4è édition du Festival de Dakar Court par le Festival et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar).