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INSHALLAH A BOY. Le récit d'une "mère-courage" arabe !
Film jordanien sélectionné à Cannes, aux Oscars 2024 et à RED SEA 2023.
critique
rédigé par Bassirou Niang
publié le 04/03/2024
Amjad AL RASHEED, scénariste et réalisateur jordanien
Amjad AL RASHEED, scénariste et réalisateur jordanien

Le premier long-métrage du réalisateur jordanien Amjad AL RASHEED sort en France ce 06 mars 2024, après plus de 30 sélections internationales (à Djeddah en 2023). C'est le tout premier film jordanien retenu par le festival de Cannes.

Ce drame a connu le 2 décembre 2023, sa première arabe à Djeddah. Il livre un pan de la vie sociale de la femme arabe, en particulier en Jordanie, dans ses défis, ses pertes, ses victoires et ses choix parfois difficiles. Le réalisateur n'a pas cherché à insister sur les conflits, mais plutôt à orienter la lumière vers l'image de la "mère-courage", à la psychologie de battante, nonobstant la fausseté de la gente masculine.

L'espace physique est un aspect important dans ce long-métrage jordanien, réalisé en 2023 par Amjad Al Rasheed (d'une durée de 113 mins). Il a représenté son pays aux Oscars, à la suite d'une première mondiale à Cannes (Semaine de la Critique 2023) et une sortie au grand nord-américain, la même année. Un espace à cheval entre l'incertitude et l'espoir, dans le temps du deuil. 



Nawall vit la perte brutale de son mari, parti dans son sommeil. Un drame qui livre la veuve à la mesquinerie d'un beau-frère déterminé à lui prendre son appartement. Le disparu avait contracté des dettes qu'il fallait honorer. 
Ce qui a le don d'accélérer le rythme du film pour exposer crûment les moments répétitifs de tension entre la veuve enceinte et le beau-frère sans cœur. Le réalisateur insiste, dans l'option de mouvements de tableaux gros plans, au sein d'un espace réduit, sur ce conflit. 

Mais Nawall ne plie pas. Au contraire, le scénario a voulu lui donner une force psychologique pour traverser la tempête. Enceinte, elle cherche à joindre les deux bouts en travaillant dans une riche famille, comme employée de maison. Et même au sein de celle-ci, d'autres histoires intimes aux confins du désespoir croise la sienne, créant une spirale de doutes et de craintes partagées. 

Des destins de femmes tremblent sur le fil des angoisses. Elles constituent d'ailleurs le gros de la troupe scénique, après le casting réalisé par l'actrice palestino-israëlienne. Des prêcheuses, venues apaiser religieusement le cœur de la veuve, aux personnages principaux, tout montre que la majorité des scènes portent la robe. Celle de la femme d'un coup résignée, mais déterminée à se défendre contre l'arbitraire, sans l'aide de l'homme que la situation expose à la traîtrise, au refus honteux de la responsabilité. 

Inshallah A Boy (Inchallah un fils) dévoile aussi un amour longtemps caché par l'un des membres de cette famille de nantis. L'homme s'éprend de Nawall, mais le destin et le désintérêt de celle-ci, ne lui offriront pas la chance de le vivre. Cette grossesse qu'elle porte reste le lieu de toute son attention et nourrit son espoir d'avoir ce garçon qui apporte la délivrance, en la sauvant, elle et sa fille aînée, de l'humiliation.

Les visites médicales chez le médecin sont la métaphore de ce chemin vers la thérapie. L'échographie qui libère ! Le sexe de l'enfant devient l'arme qui repousse toute la crainte d'une mère éprouvée, et par-delà elle, symbolise, paradoxalement, le caractère à la fois fragile et résilient des destins féminins et peut-être...familiaux.

Bassirou NIANG
@BassirouNI38612

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