Nous sommes en 1981 dans une France en pleine campagne présidentielle de François Mitterrand, qui promet le droit de vote aux émigrés. Parmi eux, Malick, un Malien vivant avec sa femme Sira et sa fille Abi. Il s'intègre vite et a de l'espoir pour l'avenir de son enfant.
Sira prend soin de leur appartement bien français mais conserve aussi les éléments de son village : pagnes, ustensiles de cuisine, musique et chansons. Sira essaye de transmettre à sa fille un enracinement dans sa langue maternelle, le soninké, tout en refusant d'utiliser le français.
Abi se retrouve tiraillée entre l'ancrage du soninké et l'ouverture à la France pour un avenir radieux, comme le souhaite son père. La cuisine est le centre de cette tension qui dérive vers un conflit ouvert. Le mortier de Sira réapparaît de façon récurrente dans le film, d'abord comme manifestation d'appartenance culturelle, puis comme la charge de son entêtement.
C'est cette évolution qui fait la beauté de ce récit qui ne fait de cadeau à personne, le père jouant les machos et l'institutrice ne comprenant pas la complexité familiale. Car en insistant sur les contradictions de chacun sans les juger, Langue maternelle trouve une impressionnante humanité.
Anta Gaye Ndoye (Dakar)