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Silence…, on ne tourne plus !
d'Amy Collé Diop
critique
rédigé par Olivier Barlet
publié le 04/09/2005

"Le cinéma sénégalais, c'est comme l'Arlésienne, on en parle, mais on ne le voit pas !" C'est le critique Baba Diop qui ouvre le jeu de cette excellente enquête sur l'état du cinéma au Sénégal. Les questions de financement prennent bien sûr une grande place, sur fond de politiques d'ajustement culturel et de fermetures des salles. 80 salles en 1972 ! En 1973, la création de la SIDEC avec 750 millions de Fcfa de capital devait assainir l'exploitation, mais en 1991, l'Etat vend les salles et se désengage. "Le bon pouvoir du prince", commente Ousmane Sembène. Un GIE est constitué pour sauver la SIDEC mais il vend les salles à des supermarchés, résultat d'une rentabilisation impossible alors que 49 % du chiffre d'affaire part dans la fiscalité. Le cinéma El Malick est pris comme exemple : il est déficitaire, à quoi s'ajoutent des problèmes de sécurité : il fera un excellent centre commercial ! En septembre 2000, la SIDEC est liquidée : il reste 16 salles au Sénégal. Les injonctions de la banque mondiale sont claires : l'Etat peut aider les salles mais pas gérer l'exploitation. Les ciné-clandos prennent la relève : pour 50 Fcfa l'entrée, ils se font 6000 F par jour. Avoir Canal Horizons suffit pour alimenter l'écran, tandis que le vcd et le dvd envahissent le marché, bloquant les cinéphiles chez eux, d'autant que les salles sont trop éloignées des lieux de vie. Les 26-28 mai 2004, le ministère de la Culture propose lors d'un séminaire à Saint-Louis comme slogan : "Une collectivité locale – une salle de cinéma"… et fait appel aux élus locaux. En février 2004 avaient été adoptés par la Chambre cinq décrets-loi portant sur la billetterie et un registre professionnel. Mais le réalisateur Moussa Sene Absa insiste sur l'importance d'un fonds d'aide à la production et d'un centre technique national…
C'est ce regard croisé entre autorités et cinéastes qui fait toute la valeur de l'enquête d'Amy Collé Diop, ce va-et-vient entre le discours politique et celui du terrain. Un documentaire qui peut influencer les politiques et devrait être diffusé à la télévision accompagné d'un débat, ont noté les spectateurs du festival du Film de quartier où il était projeté.

Olivier Barlet

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