Oumar Diolo est un acteur sénégalais renommé basé à Bruxelles (Belgique) depuis une quinzaine d'années. Il joue le rôle d'Ayafay, le frère qui protège sa soeur Siré, accusée de sorcellerie dans Deni Choubaga de Django Schrevens. Cet entretien a été réalisé dans le cadre de l'atelier Talents critiques du festival Dakar court de décembre 2023.

Pourquoi le thème de la sorcellerie pour ce film ?
Deni Choubaga signifie en bambara "la fille sorcière". Ce thème n'a pas été choisi par hasard. Il arrive que la télévision nous sensibilise à des sujets marquants. Ce fut le cas avec une émission diffusée sur France 24. Actuellement, on dénombre 350 femmes enfermées à ciel ouvert, accusées de sorcellerie dans divers pays africains.

Comment avez-vous développé le personnage de Siré pour déconstruire les préjugés associés ?
La personnalité de Siré a été construite progressivement. Au début, on la voyait comme un petit rôle, mais en développant le sujet, on a réalisé que Siré devait avoir une place forte avec ses deux frères. On a veillé à ne pas la présenter comme une grande sorcière, en évitant le maquillage et les yeux rouges. On voulait que les spectateurs voient Siré comme une fille ordinaire, déconstruisant ainsi les stéréotypes associés à la sorcellerie.



Comment les acteurs ont-ils été choisis ?

Les deux frères, Kissima et Ayafay, ont été choisis pour représenter une opposition d'idées et d'amour envers leur sœur. J'ai joué le rôle d'Ayafay, car en tant qu'auteur et scénariste du projet, c'était un plaisir de jouer au Sénégal. Nous avons cherché à renforcer l'impact émotionnel de l'opposition entre les frères.

Avez-vous intégré les éléments mystiques tels que les flambeaux dans la nuit pour renforcer la dimension spirituelle du récit ?
Le côté mystique du film est présent de manière équilibrée. Les flambeaux dans la nuit symbolisent la peur et la nécessité pour Siré de quitter le village. Ils représentent également le pouvoir mystique des sages et des chefs de village, montrant que leur autorité n'est pas seulement gouvernementale mais aussi culturelle. Nous avons veillé à ce que ces éléments mystiques soient intégrés de manière subtile pour ne pas prendre toute l'ampleur du récit.

Propos recueillis par
Dieynaba DIOP, Aba SAGNA et Ndéye Safiatou Ly SYLLA