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Un événement : le Festival des Arts de la Rue de Ouagadougou
entretien de Dominique Lanni avec Ousmane Ouedraogo
entretien
rédigé par Dominique Lanni
publié le 08/03/2004

Echo burkinabè au Festival des arts de la rue de Grand Bassam en Côte d'Ivoire (sur lequel nous avons avons publié article et interview sur notre site), le FAR de Ouagadougou s'est peu à peu imposé depuis 2000 comme un rendez-vous essentiel pour le théâtre de rue. Entretien avec son directeur, Ousmane Ouedraogo.

Quand, dans quelles circonstances et sous l'impulsion de qui est né le Festival des Arts de la Rue de Ouagadougou ?
L'idée de créer un Festival des Arts de la Rue à Ouagadougou m'a été inspirée par les festivals de rue auxquels j'ai assisté aux Etats-Unis et en Europe. Ceci dit, le déclic s'est véritablement produit en 1999 à la suite d'une rencontre avec Soro Solo et Valérie Bony deux journalistes et acteurs culturels Ivoiriens passionnés d'arts de la rue.
Combien de compagnies réunit-il ? D'où viennent-elles ? Pour quelles raisons souhaitent-elles participer à ce festival ?
Chaque édition du Festival des Arts de la Rue de Ouaga réunit en moyenne six compagnies de théâtre à côté d'une quarantaine de groupes et de troupes de percussions, de danse, de fanfare, de cirque de rue… Les raisons qui poussent les artistes à vouloir participer au Festival des Arts de la Rue de Ouaga sont : le cadre d'expression, la communion avec le public, les rencontres, la convivialité. Les troupes et les compagnies viennent essentiellement d'Afrique de l'Ouest mais depuis peu d'Afrique centrale et d'Europe notamment de France et de Belgique.
Quels types de spectacles proposent-elles ?
Essentiellement du théâtre de rue, du cirque, de la danse, de la fanfare, des percussions, des spectacles humoristiques, des spectacles de marionnettes, des numéros de clowns et des contes.
Quand le Festival des Arts de la Rue de Ouaga a-t-il vraiment pris son essor ? Quels en ont été les grands moments ? Quelles compagnies ont marqué son histoire ?
Le Festival a connu un énorme succès dès sa première édition en 2000, mais pour nous la troisième édition a été la plus forte en émotion et en qualité. Les compagnies qui ont véritablement marqué l'histoire du festival sont surtout des compagnies théâtrales : Les Tréteaux du Niger ont fait une grosse impression. Mais il y a eu aussi des groupes de conteurs, des musiciens, des humoristes. Je pense à Marbayassa, à Kouokam Narciste, à Taxi conteur, à Abakar Abaye, à Youss Banda et Zao…
Comment le public a-t-il réagi la première fois que les compagnies se sont produites ?
Le public a réagi la première fois avec beaucoup de surprise et de curiosité, mais il a tout de suite adhéré à l'esprit du Festival des Arts de la Rue de Ouaga et a énormément contribué au succès des différents spectacles en y participant, non pas simplement en tant que spectateur mais aussi en tant qu'acteur.
A quelles types de difficultés vous êtes-vous trouvé confronté en organisant cette manifestation ?
Les difficultés sont de trois ordres : les moyens financiers pour supporter les charges de l'organisation, le casting des artistes internationaux, les autorisations pour l'occupation de l'espace public. Il est bon de savoir que nous ne bénéficions pas du soutien du gouvernement ni de celui des collectivités locales. Mieux : la mairie nous facture toutes ses prestations (sécurité, logistique…).
Qu'est-ce qui fait la spécificité de ce Festival des Arts de la Rue ?
L'accès gratuit du public à des spectacles de bonne qualité, la diversité des représentations, les échanges entre les artistes et les spectateurs, la participation du public aux spectacles, les animations de rues…
Comment les metteurs en scène s'approprient-ils l'espace ? Comment la rue est-elle investie par les comédiens ? le public ?
Les décors sont très sommaires et simples, généralement réalisés avec des étoffes, du matériel recyclé etc. On peut dire que les metteurs en scène font preuve de beaucoup d'imagination. Certains comédiens se mêlent à la foule et les représentations sont un mélange d'imaginaire, de réel, où l'improvisation est quasi permanente, bref, c'est tout une esthétique propre à la rue. Quant au public, il ne lui vient pas tout de suite à l'idée qu'il fait partie du décor, qu'il peut servir de prétexte. Cela dit, il prend assez rapidement conscience de son rôle et se prête au jeu.
En quoi un Festival des Arts de la Rue tel que celui de Ouagadougou est-il proche des Festivals des Arts de la Rue européens ? En quoi diffère-t-il d'eux ?
Il est proche en ce sens qu'il investit la rue et que dans l'idée il s'agit de la même approche. Mais dans la réalité le Festival des Arts de la Rue de Ouaga est un " fourre tout " composé de divers arts de la scène qui parfois laissent très peu de place à la déambulation parce que justement les autorisations pour l'occupation des espaces sont difficiles à obtenir ; du coup les spectacles sont généralement figés. Par ailleurs, compte tenu de nos moyens limités la taille des spectacle est relativement réduite, par exemple en théâtre la part belle est faite à des spectacles regroupant très peu de comédiens (mono théâtre, duo théâtre). Autre différence : l'introduction de la fanfare et des groupes de percussion est une innovation qui apporte beaucoup de couleur au Festival des Arts de la Rue de Ouaga.
Quels seront les grands temps du prochain festival ?
Les temps forts du Festival des Arts de la Rue 2004 seront la participation annoncée de compagnies européennes de théâtre et de cirque de rue. Mais aussi la participation en musique acoustique du crooner camerounais André Marie Talla qui ne s'est pas produit en Afrique de l'Ouest depuis plus de quinze ans…

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