Depuis que le football a quitté les stades - terre battue ou terrains gazonnés - pour se déployer dans la tête des gens, il est devenu problème. Il est phénomène de société. Ce phénomène est encore plus terrible quand il s'agit d'une finale de la Coupe de Tunisie. Pour Mustapha, Hassan et Hédi, l'événement commence dès le samedi soir. Le dîner qu'offre, ce soir là, Mustapha à ses amis est déjà un prélude au match du lendemain. Pour tous, femmes et enfants compris, le compte à rebours a déjà commencé... Qu'importe si, mettant à profit la passion qui anime le débat autour de la table, la femme de Mustapha s'abandonne aux caresses du cousin. Ce qui compte, c'est que demain l'équipe aimée, gagnera. Dimanche, la ville est en fête. Le stade est surchauffé. Nos trois amis ont retrouvé leur quatrième compagnon Rached, employé de banque, qui va au stade comme on va au théâtre: complet beige et cravate bordeaux et la peur d'une mère qui le terrorise. Sur les gradins, le public est en transe. Sur le terrain, le résultat ne va pas selon les désirs de nos quatre supporters. C'est la catastrophe. Coups et blessures. Violence et amertume. Et c'est la salle d'urgence à l'issue d'un malheureux penalty. La déception est énorme. Comment apaiser sa douleur? chacun des quatre supporters doit pourtant rentrer chez lui. Que va dire Rached à sa mère avec qui il doit se rendre au mariage de son cousin? Hédi aura-t-il le courage d'affronter son fils, supporter lui du club ennemi? Et Hassen dont la voiture a été littéralement démolie, dans quelle condition retrouvera-t-il son studio de célibataire venu de France? Pour Mustapha, la question ne se pose pas. Sa cause est entendue. Cocu, il en a la chance! Il a gagné au promosport. Que lui importe le reste...
