L'équipe de Henri-Joseph Koumba Bididi, le directeur de l'Institut Gabonais de l'Image et du Son (IGIS), l'institution qui promeut le festival, aux côtés desquels on retrouve la réalisatrice Pauline Mvélé comme coordonnatrice artistique depuis deux ans, propose une programmation de 22 films sous trois thématiques majeures : La femme africaine, la musique et d'autres questions sociales.
Edition après édition, le festival veut allumer les écrans qui mettent un point d'honneur sur la création documentaire dans un esprit d'ouverture et de découverte. Cette année, un hommage sera rendu à Philippe Mory (parfois orthographié Philippe Maury), le père du cinéma Gabonais décédé au mois de juin dernier à l'âge de à 81 ans, après 62 ans de carrière. Le film Philippe Maury, ombres et lumière d'une légende du réalisateur gabonais Maggic Youngou revient sur la vie de ce personnage atypique du cinéma Gabonais et de sa vie politique. C'est le premier Africain à jouer un rôle majeur dans un film français. Sa carrière au Gabon commence en 1962 dans le film La Cage sélectionné au festival de Cannes en 1963. Il se retrouve accusé d'être un acteur historique du coup d'Etat contre Léon Mba, le premier Président gabonais en 1964. Il a d'ailleurs fait trois ans de prison à ce titre. En ouverture ce lundi, ce film portrait bouscule les regards et révèle le vaste menu des productions sans complexes de cette édition. La compilation des Escales documentaires donne véritablement à suivre plusieurs cinématographies. Pendant cinq jours, le festival se déploiera à travers l'Université Omar Bongo, dans les établissements scolaires avec des séances pour enfant. L'objectif pour le festival demeure celle d'éduquer le jeune public à l'image. Cependant le festival garde son caractère itinérant. Plusieurs villes du Gabon accueilleront les projections notamment Port-Gentil et Moanda.
Paradoxes féminins
Les destins des femmes sont aussi une thématique capitale dans cette programmation des Escales documentaires. Des destins particuliers aux abîmes, le film conducteur de ces films parle de ces paradoxes vus par les femmes elles-mêmes ou par les hommes. D'abord, deux réalisateurs Laura Kutika et Ne Kunda Nlaba de la République Démocratique du Congo (RDC) se proposent de replonger dans la vie et l'œuvre de la célèbre chanteuse congolaise Abeti Masikini. Abeti Masikini, Le Combat d'une Femme est un film, ode marquante à la femme, cette artiste des années 70 qui écuma plusieurs scènes artistiques du monde jusqu'à son décès en 1994. Dans la thématique des femmes, la Nigérienne Aïcha Macky lance un autre regard avec son film L'Arbre sans fruit. Primée aux African Movie Academy Awards (AMAA) de juin 2016, elle questionne le destin de la femme de l'enfantement dans une société aux clivages divers. La Sénégalaise Angèle Diabang a décidé plutôt dans Congo, un médecin pour sauver les femmes de rendre hommage au médecin Congolais le Docteur Denis Mukwege opère des dizaines de milliers de femmes mutilées, violées, depuis plus de quinze dans son hôpital moderne de Panzi dans le Sud Kivu, près de Bukavu, en RD Congo.
Politique
Sujet sensible mais important, le réalisateur camerounais Pierre Loti Simo repart dans la perception du concept de la démocratie en confrontation avec les approches sociétales. Il présente la monarchie au Royaume Bamoun dans l'Ouest-Cameroun dans Une démocratie Africaine. C'est une belle introspection dans la gouvernance séculaire dans la culture politique de ce peuple dont le Roi Njoya, fut l'un des grands bâtisseurs de sa civilisation et chantre d'une politique communautaire et participative. Bons baisers de la Colonie de la Belge Nathalie Nathalie Borgers, touche le propos des relations impossibles entre les indigènes et les colons à l'époque coloniale au Rwanda. C'est à travers l'histoire de Suzanne née de en 1926, de l'union entre un administrateur à l'époque où ces unions sont sanctionnées par le pouvoir colonial.
Cette belle sélection offre une part gracieuse à des fils émérites du continent africain. On aura un malin plaisir à découvrir en grande première à Libreville. A l'affiche, Kemtiyu, un documentaire sur Cheikh Anta Diop, l'auteur du célèbre essai Nations nègres et culture (1954, éditions Présence Africaine), réalisé par le cinéaste sénégalais Ousmane William Mbaye. Après Président Dia (2012), il continue son hommage aux figures marquantes de l'histoire de son pays. Le Français Laurent Chevallier par contre, revient sur l'œuvre du l'histoire des Kouyaté, particulièrement celles de Kandia, "la voix d'or du Manding" et de son fils Kaabi. La Trace de Kandia met en exergue de belles voix du continent. Cette belle récolte se solde avec Sembene!, l'histoire du cinéaste et écrivain sénégalais Sembène Ousmane, vue par son compatriote Samba Gadjigo et l'Américain Jason Silverman. D'autres films encore alléchants achalandent la programmation du Festival Escales documentaires de Libreville 2016.
Charles Mensah
Comme à l'édition précédente, la ville de Libreville participe au festival à travers son concours dénommé "Citoyen filmeur, Citoyen acteur" destiné aux jeunes familiariser aux appareils technologiques de pointe. Ils doivent produire des films sur la vie urbaine dans leur ville. Pour le reste, les films en compétition seront distingués en trois catégories : Prix Charles Mensah au meilleur film de l'édition, prix spécial du jury et le prix de la jeunesse (choix du jeune public) qui est une innovation de cette édition.
Cette édition accueille des films de 16 pays à travers les quatre coins du globe. Elle cherche à confronter les cinémas en exposant simplement les regards pour plus de découvertes des humanités à partir du Gabon.
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