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Entretien avec Henry Welsh (Trophées Francophones du cinéma)
"Le cinéma francophone est un enjeu économique"
critique
rédigé par Fatou Kiné Sène
publié le 03/11/2014
Henry Welsh, Trophées Francophones du cinéma
Henry Welsh, Trophées Francophones du cinéma
Fatou Kiné Sène (Africiné)
Fatou Kiné Sène (Africiné)
Marième Demba Ly, Trophée francophone Interprétation Féminine 2014
Marième Demba Ly, Trophée francophone Interprétation Féminine 2014
Guillaume Gallienne, Trophée francophone Interprétation Masculine
Guillaume Gallienne, Trophée francophone Interprétation Masculine
Adila Bendimerad, Trophée Francophone Second Rôle Féminin 2014
Adila Bendimerad, Trophée Francophone Second Rôle Féminin 2014
Souleymane Sèye Ndiaye, Trophée Francophone Second Rôle Masculin 2014
Souleymane Sèye Ndiaye, Trophée Francophone Second Rôle Masculin 2014
Aïssa Maïga, Michel Drucker et Estelle Martin, entourés des lauréats de la 2e édition des Trophées francophones du cinéma.
Aïssa Maïga, Michel Drucker et Estelle Martin, entourés des lauréats de la 2e édition des Trophées francophones du cinéma.
Michel Drucker, présentateur de la Cérémonie des Trophées francophones du cinéma 2014, avec Aïssa Maïga et Estelle Martin.
Michel Drucker, présentateur de la Cérémonie des Trophées francophones du cinéma 2014, avec Aïssa Maïga et Estelle Martin.

Pour la deuxième année consécutive, les Trophées Francophones du cinéma reviennent à Dakar pour la série de projection des 22 films longs métrages et 5 courts métrages nominés. L'idée de revenir dans la capitale sénégalaise est liée au XVe Sommet de Dakar pour faire comprendre aux chefs d'Etats de l'espace francophone que le cinéma est un enjeu culturel, mais surtout un enjeu économique de nos jours. Rencontre avec M. Henry Welsh, Président de l'Association des Trophées Francophones du cinéma (ATFCiné). L'entretien a été réalisé le 07 octobre 2014, à l'Institut français de Dakar.

Chose promise, chose faite, c'est ce qu'il faut dire pour cette deuxième édition à Dakar des Trophées Francophones du cinéma ?

Oui. C'est la deuxième année et nous avons le plaisir d'être ici comme nous l'avons fait l'année dernière pour présenter gratuitement les films finalistes issus de l'espace francophone au public de Dakar à partir de ce soir 07 octobre jusqu'au 15 octobre. C'est une manière de dire qu'on est fidèle au Sénégal. Le retour à Dakar est un peu statutaire. Notre souhait est de bâtir, année après année, une espèce de tissu et des liens avec les villes qui ont accueilli les cérémonies. C'était la première à Dakar, on s'est dit pourquoi ne pas revenir à Dakar, présenter les films et continuer la tradition de proposer aux cinéphiles de Dakar et d'ailleurs les films qu'ils ne pourraient pas voir autrement. Ce n'est pas parce que c'est le Sénégal ; il n'y a pas assez de circulation des films francophones à travers le pays.



Il y a là ici de nombreux films qui viennent d'un peu partout : Le Liban, Cambodge, la RDC, la Grèce, le Cameroun, la Roumanie. Tous ces pays ne diffusent pas nécessairement leurs films à travers tous les pays du monde. Un des buts de notre Association est de faire un coup de projecteur sur le cinéma francophone avec sa vitalité, sa diversité et son dynamisme avec les films. L'Académie francophone du cinéma a sélectionné après avoir visionné tous les films et choisi les nommés.

Du Théâtre National Daniel Sorano lors de la première édition, les projections se font cette année à l'Institut français de Dakar. Pourquoi ce changement de lieu ?

En fait, l'idée de revenir à Dakar est en rapport avec le 15e Sommet de la Francophonie prévu à Dakar les 29 et 30 novembre prochain. Nous voulons avoir une présence à Dakar pour qu'au cours du Sommet de Dakar, les chefs d'Etats qui ont beaucoup de choses à discuter n'oublient pas la culture et le cinéma francophone. En faisant la manifestation ici à l'Institut français, on donne une couleur internationale qui n'est liée à aucun pays francophone, mais qui est une activité culturelle pour faire comprendre à ceux qui vont venir ou nous regarder que le cinéma est un enjeu. Ce n'est pas seulement un enjeu culturel, c'est aussi un enjeu économique, car on sait bien que l'investissement dans la culture est quelque chose d'extrêmement dynamisant et qui rapporte de l'argent.



Un tournage qui se fait en Belgique, en Suisse, au Québec ou au Sénégal, cela rapporte, il y a non seulement une présence d'artistes, mais on paie des impôts, des taxes, c'est vraiment lucratif pour un pays. Et nous voulons casser l'image que les artistes vivent comme cela, de n'importe quoi. Non, il y a un enjeu économique du cinéma et surtout du 7e art francophone en Afrique qui devrait occuper la place qu'il n'occupe pas vraiment parce qu'il n'y a pas de salles, il y a la domination des grands films américains. C'est un peu cette mission qu'on s'est donné.
Et nous sommes contents de revenir à Dakar. L'Institut français nous a offert sa collaboration et ça donne une espèce de valeur multilatérale. C'est un endroit formidable et nous avons pu bénéficier de la collaboration de tout le monde.

Donc le but est de convaincre ces chefs d'Etats qui viendront à Dakar de l'importance du cinéma francophone ?

Nous voulons faire un signal. On ne pense pas qu'on est assez important pour qu'ils nous suivent. Mais, quand même, à la suite de la réussite de ce que nous avons fait ici à Dakar avec l'aide des pouvoirs publics et de tous ceux qui ont travaillé pour la réussite de première cérémonie, je sais que cela a fait beaucoup de bruits dans les chancelleries et à travers le monde Francophone. Parce que vous savez quand on commence quelque chose, on est un peu inconscient, on ne se rend pas compte des difficultés. C'est comme pour un jeune réalisateur qui fait son premier film, c'est toujours plus facile de faire le premier que le second. Car pour le premier, l'on ne se rend pas compte qu'on est en face des difficultés, on est ambitieux, mais le deuxième oui surtout quand on rate le premier.

Nous, on a de la chance parce qu'on a réussi notre pari à Dakar, avec la cérémonie de juin 2013 et donc, les gens qui ont vu cela se sont dits : "ce n'est pas juste une idée comme ça en l'air, cela s'est concrétisé, il y a une belle réussite". Tv5Monde a été ravi et nous soutient encore plus, l'OIF aussi, donc il y a quelque chose que l'on bâtit. C'est dans ce sens là que je dis qu'en revenant ici à Dakar, on peut donner le signal, avec cette initiative qui est privée (au départ j'ai commencé et j'ai rallié des gens qui me semblaient des alliés naturels). Nous avons sensibilisé un certain nombre d'institutions à travers la Francophonie et on s'est dit - en continuant le travail et en revenant à Dakar en particulier - que ce n'est pas si toujours compliqué d'organiser quelque chose dans les pays du Nord. Par contre, dans les pays du Sud, il faut le faire avec une certaine constance pour que les choses soient intéressantes. Et en même temps pour nous, c'est très crucial de donner à un pays comme le Sénégal, la possibilité de l'accès aux films et la présence de cinémas internationaux.

Vous avez parlé de l'Oif et de Tv5. Quel est l'apport de ces partenaires dans l'organisation ?

L'Oif soutient l'opération depuis le début, c'est-à-dire l'an dernier. C'est parce qu'au début, quand j'ai commencé, c'était évident je ne pouvais pas démarrer ces trophées sans avoir une position claire de l'Oif. C'était la première question qu'on nous aurait posée en me disant "mais comment vous situez-vous par rapport à l'Oif ?" Ils ont vraiment été conquis par ce qu'on a fait ici et plus après la première cérémonie. Ils sont très conscients de l'importance de faire cela. Tv5Monde, c'est notre diffuseur, et là aussi, il a fallu les convaincre. Et comme ils ont été tout à fait heureux du résultat qu'on a fait l'an dernier, alors cette année, ils nous aident énormément. Ils sont solidement derrière le projet et c'est leur mandat aussi.

Sorano est une salle plus grande que celle de l'Institut français. Est-ce que c'est par rapport au fait que l'année dernière il y a eu moins de fréquentation que vous avez décidé de changer de lieu de projection ?

C'est sûr que lors des projections on avait une moyenne qui n'était pas ce qu'on avait espéré. On s'attendait toujours à remplir la salle de Sorano évidemment. C'était aussi la première fois. On est conscient que c'est compliqué au Théâtre National Sorano, pour les questions de localisation. C'est au centre ville, alors qu'il est plus désert le soir. On était aussi au mois de juin. Il y avait d'autres tas de raisons qui font qu'on s'est déplacé à l'Institut français de Dakar. On est venu ici, parce qu'on s'est dit qu'il vaut mieux refuser du monde que de se retrouver avec une centaine de personnes dans Sorano.



Pour être honnête avec vous, Sorano n'est pas équipé pour les projections en cinéma. Nous avions amené l'an dernier tout le matériel. On a tout équipé. C'était une énorme logistique. On n'avait pas le temps matériel de le refaire cette année. Quand on a eu la proposition de l'Institut français de Dakar, nous nous sommes dits pourquoi pas. Et puis si c'est vraiment un énorme succès, on va réajuster. Si on revient l'année prochaine, on va trouver une autre façon. Je crois avoir entendu que le ministère sénégalais de la Culture a débloqué des fonds pour rénover quatre salles dans la périphérie de Dakar et ça c'est une très bonne nouvelle. Parce que si on avait la possibilité, rien ne nous ferait plus plaisir que de faire des projections au centre de Dakar et à la périphérie. C'est peut être là qu'il y a des gens à proximité des salles. Parce que j'entends ici des gens avec qui je parle dire qu'ils viennent travailler au centre ville, mais une fois qu'ils s'en vont chez eux le soir, ils ne reviennent pas au centre ville, sauf pour des évènements exceptionnels.

Les films nominés sont 22 longs métrages et 5 courts métrages. Il y a une cinquantaine au début provenant d'une vingtaine de pays. Comment le choix est fait ?

Dans un premier temps, les films qui sont soumis à l'Académie sont des films de chaque pays qui soumette trois longs métrages (dont un documentaire) et un court métrage. Cela concerne tous les pays. Parce qu'il faut qu'on mette une barrière, car la production française n'est pas celle malienne par exemple. La production suisse n'est pas celle sénégalaise. Tous les pays sont égaux. C'est cette collection de cinéma qui, ensuite, est remise aux membres de l'Académie francophone du cinéma, sous la forme d'un coffret avec tous les Dvd. Et ces gens votent. Ils ont voté dans une proportion de 80% cette année et ce qui est très bien. Ils décident des finalistes pour chaque catégorie.

Cette année la différence, c'est qu'on a mis une nouvelle catégorie qui est celle du long métrage documentaire. Parce que l'an dernier, après avoir fait le tour de la question, on s'est aperçu que le long métrage documentaire est très important avec une présence significative dans la cinématographie francophone particulièrement au Sud. Nous nous sommes dits, nous allons faire un trophée du documentaire francophone de l'année. Il nous semble que le genre mérite une reconnaissance. Et ça donne une possibilité que les documentaristes ne soient pas noyés dans les autres films de fiction. Parce bien souvent, d'une façon spontanée, les gens qui votent le font prioritairement pour les films de fiction et les documentaires restent toujours un peu à la marge. Alors que là, avec un trophée on est sûr que le documentaire va se distinguer. Et ça c'est très bien.

Une fois que les finalistes sont connus, les mêmes votent sur la liste des finalistes, plus cette année on a fait appel à un collège électoral de cinéphiles, à travers le réseau de TV5 monde. Avec une répartition et une pondération géographique. Ce qui fait qu'on a le collège électoral de cinéphiles qui voit sur une plateforme sécurisée les films et qui va voter. Les cinéphiles de partout dans le monde, plus l'Académie francophone, vont désigner les lauréats cette année.

Est-ce qu'il y a un comité électoral local, comme l'année dernière ?

Non. Cette année, il n'y a pas de comité local parce que la cérémonie de remise des trophées ne se déroule pas à Dakar. Elle n'est pas enregistrée ici. Mais Il y a des Sénégalais qui participent au vote à travers le réseau de TV5Monde.

Pourquoi ce changement ?

Parce qu'on avait un principe d'itinérance qui était débattu au sein de notre Conseil d'administration. Cela voulait dire qu'en principe qu'on devrait chaque année être dans un pays diffèrent. En même temps, on a été très sensible au souhait du ministère sénégalais de la Culture et d'autres personnes qui disent qu'il faut que les trophées reviennent à Dakar.
Donc on a fait une sorte de compromis en revenant ici, mais avec des films et en présentant des films. Parce que de toute façon la cérémonie, qui va être diffusée sur TV5Monde et j'espère sur RTS (Radio Télévision Sénégalais, ndlr), va rendre hommage au cinéma francophone. On a quand même maintenu, puisque Dakar va être une capitale de la Francophonie dans un mois. On a maintenu ce lien particulier avec Dakar, le Sénégal, en portant les films au cœur de la ville.

Où est prévue la cérémonie de remise des trophées ?

Ce sera le 31 octobre (diffusée le 03 novembre). On va l'enregistrer à Paris avec TV5Monde qui nous donne les moyens techniques. On a déjà annoncé que c'est avec l'animateur français Michel Drucker. Il y a beaucoup de facteurs qui feront qu'on va faire une belle cérémonie qui va être dans le Nord. Mais, dans le fond, cela pourrait être enregistré n'importe où, c'est juste pour les questions de déplacement des cinéastes et des artistes Le fond de la question, c'est de dévoiler les lauréats, les grands gagnants.



Encore une fois, cette année le Sénégal est pas mal présent parmi les finalistes avec 7 nominations. Vous vous rappelez que l'an dernier on avait rendu hommage à Djibril Diop Mambety, avec la présence de son frère Wasis Diop. J'avais demandé à Wasis de venir faire une prestation. Il avait interprété pour la première fois, la chanson de son film en public.

Cette année c'est la nièce, Mati Diop, qui figure parmi les représentantes du Sénégal ?

Je n'y suis pour rien. Parce que moi-même je ne vote pas. Les gens qui ont vu tout les courts métrages ont décidé qu'elle avait une place de finaliste. Ce que je comprends tout à fait parce que j'ai vu le film et je crois qu'il est remarquable.

Quelle est la couleur des films finalistes cette année ?

Il y a beaucoup de documentaires, l'état du monde étant ce qu'il est, cela donne une coloration assez particulière sur la situation des gens. Je dirais qu'il y a plus de comédies. L'année dernière, on avait des films assez sombres. Cette année, nous avons des films plus éclatés mais plus éclairés. Nous avons ensuite des films sérieux qui traitent des problèmes liés aux situations rurales.

Pourquoi y a-t-il une nette régression des films nominés par rapport à l'année dernière ?

C'est une simple raison mathématique. L'an dernier, comme on était à la première année, on avait dit aux pays qui devaient soumettre des films, vous pouvez soumettre des films comme on est dans une cérémonie annuelle de remise de prix. Le corpus de films qu'on regarde, ce sont des films qui sont sortis l'année précédente. Donc, en réalité tous les films qui sont dans la collection de cette année sont des films de 2013.

La première année, on avait dit aux pays concernés, qui avaient une production réduite, si vous voulez pour la première année, on vous autorise à remonter jusqu'à 2011. Donc, on avait plus d'entrées possibles. C'est tout simplement pour cela qu'on avait plus de films l'an dernier. Techniquement, on était sur deux ans alors que cette année on est sur la production d'une année. Les cycles de production sont particuliers. Je ne parle pas des pays du nord.

Est-ce qu'il y a des pays qui participent pour la première fois cette année ?

Cette année, on a le Cambodge, la Roumanie, parmi les finalistes. Pour l'ensemble des pays, il y a d'autres qui sont arrivés et qui n'étaient pas là. On fait un effort pour avoir des films originaires de l'Asie. C'est plus compliqué, c'est un travail qu'il va falloir faire dans l'avenir. La francophonie est en train de prendre du recul en Asie. Peut être qu'il faudrait qu'on aille faire une cérémonie là-bas, pour les donner le courage de produire des films en français ou sous-titré en français.

Vous savez cette idée de produire des trophées francophones, je l'ai eu simplement parce que si on ne veut pas faire partie du problème, on peut faire partie de la solution pour la Francophonie. Et la solution elle est concrète, c'est de proposer des évènements ou des actions concrètes qui permettent aux gens de dire ha bien oui c'est vrai ! Regardez ! En regardant la liste des films qui sont finalistes, on se dit qu'il y a beaucoup de bons films dans la francophonie, on ne doit pas rougir, on n'a pas à avoir un complexe d'infériorité par rapport au cinéma d'Hollywood.

Quand vous dites que les nominations représentent un palmarès éloquent et très diversifié cette année vous faites référence à quoi ?

Je fais référence à la force créative des pays francophones. Il y a des artisans, des jeunes cinéastes dans les pays qui commencent à sortir des difficultés économiques. Les nouvelles technologies permettent à des cinéastes de pouvoir s'exprimer de manière professionnelle, de dire leurs histoires de façon incroyable… Et C'est pour cela que je reviens sur le documentaire qui a beaucoup à nous apprendre sur l'état des pays francophones, le moment où ils en sont dans leur développement, leur poids économique, culturel, etc.

Quelles ont été les retombées pour les films primés l'année dernière ?

Je n'ai pas eu d'échos. Moussa Touré a certes été l'un des gagnants sous le titre de son film La Pirogue. Et nous, on vient donc à la fin de certaines carrières. Mais il y a des choses nouvelles. Un trophée n'est pas toujours payant dans l'immédiat. Mais il signifie qu'il y a des gens qui ont reconnu le travail et l'excellence de l'artiste ou de l'artisan. Cela leur permet d'aller plus loin et leur donne une carte de visite. Il n'y a pas toujours des signatures de contrats pour tous. On reçoit les films qui ont déjà fait une petite carrière. En effet, il y a des années avec ou sans Fespaco. Mais il y a entre temps un cycle de cinémas africains qui existe autour de la manifestation. Souvent, les gens produisent sur les deux ans et essayent d'arriver à temps pour pouvoir participer ou être sélectionnés au Fespaco. On va donc enrichir notre palette de films grâce à ceux qui préparent par ailleurs l'évènement. Ce que j'espère, c'est qu'en gagnant en notoriété, les Trophées Francophones soient comme un point de repère pour les producteurs et les cinéastes. Que cela devienne comme tous les trophées qui donnent envie d'en recevoir à coté de gens de notoriété.

Quel est le résultat attendu, pour cette année ?

Passer à l'étape supérieure, en ayant une cérémonie plus dense. De manière plus imagée, voir l'arbre pousser cette année. Coté organisation, on ne fait pas cela pour gagner de l'argent, on y croit juste. Ce qui nous motive c'est d'éviter le déclin du cinéma francophone. Ce qu'on attend cette année c'est de monter une marche de plus. Et ainsi de suite. Il arrive que des gens se demandent comment le trophée existe. Nous sommes partis d'une cérémonie, une deuxième cette année et nous travaillons déjà sur la troisième. On espère pouvoir faire cette dernière en Côte d'ivoire, l'an prochain.

Vous allez donc vous déplacez en Côte d'Ivoire ?

On va probablement revenir à Dakar pour présenter les films et faire l'enregistrement de la cérémonie des remises des trophées en Côte d'Ivoire et peut être revenir à Dakar une prochaine fois si tout va bien.

Pourquoi cet engagement à rendre visible le cinéma en général et le 7e art francophone en particulier ?

C'est parce que je crois que le cinéma c'est une fête. Une expérience collective qui a de belles années devant elle. Celui francophone, parce que la question de la survie du septième art en langue française se pose. Historiquement, on a vécu l'expérience de gens qui ont perdu la langue française au Canada. Pour nous, le dialecte n'a rien à avoir avec les références folkloriques. Le français est une langue vivante qui doit continuer à exercer son pouvoir d'attraction auprès des élites et du monde francophone. Et on observe que le risque est grand. Contrairement à la langue anglaise qui, à la faveur du commerce, monte en puissance, la langue de Molière est celle de la culture. J'ai fait la comparaison déjà, la langue anglaise est une langue minérale qui est fait pour bâtir alors que la langue française est une langue florale qui fait des bouquets qui sentent bon avec de très belles couleurs.

Propos recueillis par Fatou Kiné SENE

Mise à jour du 04 novembre (Palmarès 2014).
La deuxième édition des Trophées francophones (Dakar) a récompensé :
- Lionel Baier : réalisation pour Les Grandes ondes, (à l'Ouest) (Suisse)
- Marème Demba Ly : rôle féminin pour Des étoiles, réalisé par Dyana Gaye (Sénégal)
- Guillaume Gallienne : rôle masculin pour Les Garçons et Guillaume, à table !, réalisé par Guillaume Galliene (France)
- Adila Bendimerad : second rôle féminin pour Le Repenti, réalisé par Merzak Allouache (Algérie)
- Anne Paulicevich et Philippe Blasband : scénario pour Tango libre, réalisé par Frédéric Fonteyne (Belgique)
- Souleymane Sèye Ndiaye : second rôle masculin pour Des Étoiles, réalisé par Dyana Gaye (Sénégal)
- Sochea Chun, Chanry Crauch, Sarith Mang et Savoeun Norg : contribution technique pour les décors de L'Image manquante, réalisé par Rithy Panh (Cambodge)
- Sur le chemin de l'école, réalisé par Pascal Plisson (France) et Hercule contre Hermès, réalisé par Mohamed Ulad (Maroc) : ex-aequo pour le documentaire
- Tshoper Kabambi : court-métrage pour Mboté ! (République démocratique du Congo)
- Sébastien Pilote : long-métrage de fiction pour Le démantèlement (Québec/Canada).

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