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Un combat pour la culture de l'image
Le Festival International du Film de Zanzibar - Tanzanie (1er au 10 juillet 2005)
critique
rédigé par Hassouna Mansouri
publié le 17/07/2005

Quand on arrive dans une manifestation cinématographique comme celle du festival International du Film de Zanzibar (Tanzanie) on se pose une question principale : quel type de film va-t-on voir ? Sur cette île mythique, au croisement de plusieurs cultures, il n'y a pas une seule salle de cinéma qui fonctionne encore. Les deux anciennes salles sont fermées et délabrées. Il n'en reste que deux anciens appareils de projection exposés sur le toit d'un Monoprix au cœur de Stone Town, la capitale de l'île. Sinon le public est gavé comme partout dans le monde de DVD et VCD de films pirates et qui circulent librement dans un soi-disant marché de l'image.

Le ZIFF, appelé aussi Festival des Pays Dhow, apparaît donc comme la seule possibilité pour le public Zanzibari de voir des films sur grand écran. Le festival, avec sa huitième édition, est un portail sur les pays de la région. Il propose un programme de films venus des pays de l'Afrique de l'Est et de tous les pays où le Dhow peut aller ; le "Dhow" est un Bateau fabrique d'une manière traditionnelle à partir des arbres de noix de coco. Il est très connu dans l'Océan indien comme le moyen le plus célèbre de la région utilisé par les commerçants qui arpentaient (et continuent encore d'arpenter) la région allant jusqu'au Golf arabe au nord et en Australie au Sud-Est. A ces pays viennent s'ajouter des participants des continents africain et asiatique. C'est le cas cette année pour Tayeb Louhichi de chez nous avec son récent long métrage La danse du vent et l'Afghan Atiq Rahimi avec son film Terre et cendre. C'est ce dernier qui a emporté le grand prix du festival cette année : le Dhow d'or. Il avait déjà eu le prix de la critique internationale (FIPRESCI) au dernier festival International d'Oslo.

Le palmarès du ZIFF comprend quatre prix officiels : long métrage de fiction, documentaire, court métrage et animation et le meilleur film d'Afrique de l'Est. Le Comité Directeur se réserve le droit d'octroyer deux prix supplémentaires.

Le prix du président du festival est allé cette année au documentaire Tout sur Darfur de l'anglo-soudanaise Taghred Elsanhouri. Quant au prix spécial, il est allé au cinéaste malien Souleymane Cissé pour toute sa carrière. Hommage a été rendu à ce dernier en projetant son chef d'œuvre Yeleen.
Des prix parallèles ont été attribués par des organisations internationales partenaires du festival. Le SIGNIS, un organisme catholique opérant dans la région a primé Christine Bala du Kenya pour sa comédie sociale Babu's Babies.

Le jury UNICEF, lui, a fait honneur à la Tanzanie en primant Tumaini, une tragi-comédie sociale sur le sida. Du côté de la critique, la Fédération Internationale de la Presse Cinématographique FIPRESCI a donne cette année son premier prix dans l'Afrique subsaharienne à Drum, le film du Sud-africain Zola Maseko, déjà Étalon de Yennenga au dernier FESPACO 2005.

Avec ses huit éditions seulement, le festival a une grande renommée. Avec plus de cent films et autant d'invités venant des quatre coins du monde, il rayonne sur tout le pourtour de l'Océan indien. Ceci malgré le niveau des films qui laisse à désirer du point de vue de la qualité cinématographique. D'une manière générale les films projetés ont une portée didactique au premier degré. Souvent il est question de leçons morales très naïves qui laissent peu de place à l'imagination artistique. De ce point de vue le festival a du pain sur la planche. C'est pourquoi l'une des idées constructives pour l'édition prochaine est de créer un atelier de scénario destiné aux jeunes réalisateurs de la région.

Cette année le festival acquiert une visibilité encore plus grande. En fait cela est dû à sa conception spécifique. Festival cinématographique à la base, la manifestation fait place aux autres arts : musique, danse, peinture, photographie…. Place est faite aussi aux ateliers de plusieurs types à toutes les catégories. Celui des enfants pour la photo et celui des journalistes de la région sont les plus attrayants.

Le festival prend de l'ampleur, il devient, dix jours durant, une sorte de carnaval de la région en organisant également des expositions de productions artisanales de la région : textile, épices et culture de bois de cocotier. Mais s'il prend une réelle ampleur c'est grâce à ses concerts qui animent les soirées de l'île jusqu'aux heures tardives des nuits. De célèbres troupes de la région se produisent au vieux fort chaque année : Suzzana Owiyo, T.I.D, Leah Nelson (Zimbabwe), Black Roots Cultural Group, Letzte Kleinod, Tiana Razafy of ZART, New Generation Dance (aka Brooklyn), Wazenji Kijiwe, Straight from Kenya, Afro Arabic Grooves, Circus Ethiopia, Ahmad Jafaar Al-Ahamadi Group (Yemen), Iftekhar Ahmed & Qawaal (Inde), "Queen of Mbira" (Zimbabwe)… Cette année honneur a été fait à Osibisa, le célèbre groupe de Jazz Africain.

Hassouna Mansouri

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